Sondheim : Sweeney Todd. Reims, les 20,21. Calais, le 29 mars 2015. Efficacité dramatique comme celle d’un long métrage, intelligence de l’architecture, vitalité rythmique des enchaînements, surtout livret sans temps morts et mélodies entraînantes… la réussite de Sweeney Todd icnarne ce standard imaginé par Stephen Sondheim, d’un indiscutable mérite. A Broadway, l’ouvrage est créé dès 1979 (Uris Theater) : toute l’expérience de celui qui conçut en son temps les lyrics de West Side Story de Bernstein (1957) construit ici un drame d’une exceptionnelle vivacité dramatique. Comme souvent dans ses comédies opéras (Musicals), Sondheim ne manque pas de profondeur : il manie l’humour et l’amertume (en cela proche de Kurt Weill) ; d’ailleurs, dans la mise en scène d’Olivier Bénézech, il s’agit de préserver le côté noir grinçant tout à fait britannique, cet humour noir qui renouvelle aussi le cynisme hérité de Brecht. Au départ, les auteurs reprennent le conte parisien du coiffeur meurtrier , avatar des feuilletons du boulevard du Crime : un barbier rue de la Harpe en 1825 égorgeait ses clients indésirables ou suspects avec sa lame acérée… L’intrigue traverse l’Atlantique et gagne les rues de Londres grâce Thomas Peckett Prest qui dès 1846 en produit plusieurs feuilletons à son tour où le barbier assassin sévit dans le quartier de Fleet Street… Sondheim assiste à la pièce de théâtre de Christopher Bond en 1973 : il se passionne pour les ressources dramatiques et le potentiel musical de l’intrigue. Ainsi, selon la conception de Stephen Sondheim, l’histoire met en scène la fuite de Benjamin Barker, évadé de sa geôle australienne : le fugitif regagne Londres avec la ferme intention de se venger du juge Turpin qui l’a condamné, et qui lui a pris sa femme Lucy et leur bébé, Johanna.
Le mythe du barbier criminel
Devenu Sweeney Todd, Benjamin reprend son office de barbier, et apprend aussi que Lucy s’est suicidée après que Turpin l’a violée. Avec l’aide d’Anthony, le marin qui lui sauva la vie pendant son voyage jusqu’à Londres, Sweeney compte récupérer sa fille de venue adolescente Johanna. Véritable thriller lyrique, Sweeney Todd collectionne les tempéraments acides dont Mrs Nellie Lovett qui tient une épicerie et recycle dans ses tartes, les cadavres que Benjamin / Sweeney doit supprimer… pour accomplir sa vengeance.
Stephen Sondheim : Sweeney Todd (1979)
The Demon barber of Fleet street, a musical thriller…
Opéra de Reims, les 20 et 21 mars 2015, 20h30
Grand Théâtre de Calais, le 29 mars 2015, 15h30
Production La Clef des chants
Olivier Bénézech, mise en scène
Daniel Glet, direction