vendredi 19 avril 2024

CRITIQUE, livre. BELLINI par Gérard Denizeau [Bleu Nuit Éditeur, collection Horizons]

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CRITIQUE, livre. BELLINI par Gérard Denizeau [Bleu Nuit Éditeur, collection Horizons] –   Voici un texte synthétique qui pose les questions essentielles s’agissant de Vincenzo Bellini, génie lyrique des années 1820 / 1830. L’éditeur Bleu Nuit nous offre ainsi une biographie au verbe aiguisé, à la pertinence affûtée qui a le mérite de dépoussiérer la figure autant que l’écriture d’un Bellini « mystérieux et méchant », d’une puissance enfin dévoilée, dont le tempérament méditerranéen [sicilien né à Catane] revendique une autre voie, celle élégiaque en rien spectaculaire dont la pureté subtile s’imposerait face à la transparence française comme aux brumes pâlissantes et septentrionales germaniques.

Le propos est suffisamment original et juste pour accréditer le texte qui outre la présentation idéale des opéras du génie romantique italien mort trop tôt (comme Mozart ou Schubert), en 1835, souligne combien aux côtés des voix et du chant bellinien, il faut aujourd’hui s’intéresser aux couleurs, au relief particulier de son orchestre lequel ne se réduit pas à l’accompagnement d’une guitare réduite, comme on l’a écrit et l’écrit encore.

L’itinéraire musical de Vincenzo Bellini passe par les grandes cités italiennes, aux conservatoires et institutions formateurs, aux salles lyriques prestigieuses… dont Naples évidemment où il suit les leçons de Zingarelli dès 1821 (et assimile le théâtre de Cimarosa) : le San Carlo lui ouvre les portes de la Scala à Milan, laquelle le mène à La Fenice de Venise… 

Les années d’apprentissage souffrent dans le cas de Bellini de sources et documents trop rares et peu fiables, y compris ceux compilés par son confrère à Naples et ami, Francesco Florimo, premier biographe et proche qui aima ensuite dénaturer les informations sur Bellini, voire les inventer purement et simplement ! Le chapitre qui lui est succintement consacré permet d’éclairer les contradictions d’un jeune homme compositeur lui aussi (d’où sa Sinfonia funebre pour la mort de Bellini, 1836), aux choix politiques bien trempés…o

Les champs belliniens s’annoncent ainsi passionnants dans les sillons des interprètes du XXe qui l’auront révélé tel qu’en lui-même : mélodie incandescente, directe, aiguisée comme un diamant, et qui suppose une technique virtuose mais pas artificielle. Certes Callas qui aura chanté 100 fois « Casta diva », aussi Caballé, Sutherland et Pavarotti, et nous ajouterons Anderson et Gruberova, sans omettre la diseuse agile Bartoli, heureuse inspirée dans le sillon de la Malibran… Ultimes dépositaires de l’âme et de la voix belliniennnes qui associées à la finesse expressive et l’élégance du style fondent ce bel Canto bellinien, sommet de l’art lyrique avec Mozart et Rossini, avant Verdi et Puccini. 

L’auteur dans un style d’une grande finesse évoque genèse et enjeux des quelques 10 ouvrages lyriques majeurs laissés par le génie de Catane : des premiers  drames déjà impressionnants [Adelson e Salvini, 1825 à 24 ans ; Bianca e Fernando, 1826 ; Il Pirata, 1827 ; La straniera et Zaira de 1829- quand Rossini fixe le modèle du grand opéra français avec Guillaume Tell], aux ouvrages de la maturité, celle du trentenaire désormais adulé [I Capuleti e I Montechi, 1830 ; surtout les deux sommets de surcroît simultanés de 1831 : La Sonnambula et Norma, chef d’œuvre absolu], enfin les dernières partitions avant la mort précoce : Béatrice di Tenda de 1833, enfin I Puritani de 1835, commande de Rossini, directeur à Paris, du Théâtre Italien. Captivant. 

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CRITIQUE, livre. BELLINI par Gérard Denizeau [Bleu Nuit Éditeur, collection Horizons] 176 pages, parution : sept 2022 – CLIC de CLASSIQUENEWS AUTOMNE 2022. Plus d’informations sur le site de l’éditeur Bleu Nuit : https://nouveautes-editeurs.bnf.fr/annonces.html?id_declaration=10000000803802&titre_livre=BELLINI,_Vincenzo

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