lundi 5 mai 2025

Rudolf Noureev, Herbert von Karajan, Luciano Pavarotti Collection « Les Images d’une vie ». Editions Verlhac

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Les images d’une vie

Noureev, Karajan, Pavarotti

Au registre beaux-livres et documents d’archives, l’éditeur Verlhac opère plusieurs « arrêts sur images » sur trois montres sacrés du classique et de la danse. Rien de plus éloquent et de saisissant qu’une photographie révélant par d’infimes détails la vérité et la magie d’un interprète. Fidèle à sa ligne éditoriale qui met en avant l’image en grand format, de surcroît de superbes images souvent inédites, et présentées de façon chronologique, trois ouvrages satisfont l’attente et s’imposent pour vos achats de Noël 2008, s’agissant de trois icônes, chacune dans trois registres différents: la danse, la direction d’orchestre, l’opéra. Chaque discipline tend à la magie et au surcroît de poésie. Elle trouve une manifestation éloquente au travers de ces trois sélections iconographiques particulièrement marquantes.
Ainsi en pleine image, voici respectivement les images d’une vie (pour reprendre le titre de la collection), celle de Rudolf Noureev, Herbert von Karajan, Luciano Pavarotti.

1. Rudolf Noureev
Il fut le plus grand danseur du XXème, mais pas seulement. Rudolf Noureev (1938-1993) a aussi révolutionné l’art chorégraphique comme chorégraphe et maître de ballet (entre autres à l’Opéra de Paris). D’emblée, son destin s’inscrit dans l’exceptionnel: « Né dans un train en Sibérie dans les pires moments des années staliniennes, la vie de Noureev ne fut rien d’autre qu’extraordinaire ». Du Kirov à son pasage à l’Ouest en 1961, de Londres à Paris, le mythe Noureev a fait rêver des millions de spectateurs mais aussi tous les amoureux de danse qui n’ont pas systématiquement eu la chance de le voir sur scène… Heureusement pour comprendre l’évolution de son style, déceler les étapes d’une vie et d’une carrière placées sous le sceau de la perfection à tout prix, nous reste ce superbe album où chacun retrouvera « son » Noureev: un être multiple, riche, superbe dans sa quête d’idéal et de dépassement. Aux côtés de l’homme des soirées parisiennes qui aimait aussi la solitude, le livre met surtout l’accent sur le danseur au travail, en particulier avec Margot Fonteyn, danseuse vedette à Londres avec laquelle il incarna le prototype du duo classique, d’une élégance fusionnelle, rare et mémorable (visuel de couverture).
En noir et blanc et en couleurs, les photographies brossent les portraits du danseur et du chorégraphe, en un regard « moderne sur la légende » de la danse. Entre les photographies, des citations de l’artiste sur la vie, la danse, l’art. complètent l’enseignement des images. Incontournable. 184 pages. Préface de Vladimir Malakhov.

2. Herbert von Karajan
Evidemment les rééditions et hommages divers ont fleuri en cette année du centenaire de la naissance du plus célèbre chef au XXème siècle. Mais le livre édité par les éditions Verlhac reste le seul vraiment convaicant. Cet album de clichés méconnus révèle mieux que tout texte et essai, la passion musicale du maestro né à Salzbourg, comme Mozart… Aux côtés de Noureev, Herbert von Karajan (1908-1989) demeure un mythe. Contre les critiques qui voit en lui, un opportuniste tyrannique doué d’une rare intelligence manipulatrice, ce livre d’images, qui remonte aux plus jeunes années, celle de l’enfance, dès 1915, ou le jeune « Haribert » pose avec son frère ainé Wolfgang, restitue l’évolution de l’artiste, année par année: la maturation d’un musicien ivre de musique, qui ne vit que dans et par la musique. Pour la violoniste Anne-Sophie Mutter, qui lui doit d’avoir été découverte et promue très tôt, « Herbert von Karajan incarne, aujourd’hui encore, la quintessence universelle de la musique classique ». La violoniste signe en outre une préface lyrique qui rend hommage aux qualités humaines et musicales du chef. Le lecteur sera saisi par la diversité des documents photographiques, près de 200, souvent inédits: le chef évidemment, le conducteur de belles voitures, surtout le metteur en scène à Salzbourg, le passionné de vidéo et de réalisations filmiques, l’artiste méticuleux soucieux d’exactitude pour les enregistrements qu’il a piloté toute sa vie, la vie de famille avec sa seconde épouse Eliette, quelques clichés réellement inédits dont l’une avec le jeune Christoph Eschenbach… Pose d’acteur hollywoodien, coupe en brosse, au désordre savant (cheveux peignés en hauteur pour le grandir…), mains et mimiques expressives: tout l’art et la pensée de Karajan se lisent dans ce très bel album imagé. Supplément profitable: la liste chronologique de ses enregistrements pour le disque, de 1943 à 1989, l’année de son décès. Voilà qui éclaire combien Karajan fut un symphoniste et un chef lyrique suractif. Et pour nombre d’oeuvres, un interprète inégalé. 192 pages.



3. Luciano Pavarotti
Autres images d’une vie, celle non moins exceptionnelle, du ténor solaire, Luciano Pavarotti (1935-2007), « roi du contre-ut », de son enfance à sa tragique disparition, en 2007. « L’homme aux 165 rappels », qui en plus d’un timbre éclatant et triomphant, fut aussi l’artisan d’une rencontre visionnaire et salvatrice pour le classique, entre opéra et pop, permit que le genre opéra trouve un public de plus en plus large. Outre l’artiste au travail, le livre met en avant sa générosité humaine, son charisme irrésistible, tout l’aura magnétique d’un immense interprète qui chantait avec le corps. Tous ses rôles sont le sujet de superbes photographies en noir et blanc et en couleurs: Rodolfo de La Bohème de Puccini, Des Grieux dans Manon, Mario de Tosca, sans compter tous ses nombreux rôles verdiens (Radamès, le Duc de Mantoue, Alfredo….). En duo avec ses partenaires, dont surtout Mirella Freni (mais aussi Renata Scotto, Kiri Te Kanawa ou Joan Sutherland…), mais aussi en famille avec ses épouses, Adua puis Nicoletta (en 2001)… L’artiste fut un être humaniste et engagé, ne comptant que sur lui-même pour servir les autres: les nombreux clichés avec des personnalités politiques en témoignent: Pavarotti avec le Dalaï Lama, Mikhaïl Gorbatchev, Lady Diana… Le plus bel hommage imagé au ténor inoubliable qui s’est éteint en 2007. 144 pages.

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