vendredi 29 mars 2024

Richard Wagner: La Walkyrie, 1870. Jordan, Krämer Paris, Opéra Bastille. Du 31 mai au 29 juin 2010

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Richard Wagner

La Walkyrie


(Munich, 1870)

Paris, Opéra Bastille

Du 31 mai au 29 juin 2010

Nouvelle production

Philippe Jordan, direction
Günter Krämer, mise en scène

Visiblement Günter Krämer demeure fidèle à sa vision scénographique observée dans le Prologue, L’or du Rhin, préalable à la première Tétralogie wagnérienne à Bastille: le metteur allemand cisèle et approfondit sa conception des contrastes dans une lecture claire, qui sait être âpre et esthétique. Opposant entre l’ombre et la lumière, la barbarie active du clan de Hunding et l’amour des amants incestueux, Sieglinde et Siegmunde, … pourtant voués à la destruction. Il y a chez les Wälsungen, une prémonition de Tristan und Isolde: même ivresse extatique, même impossibilité terrestre de vire pleinement leur passion…

C’est pourtant confrontée à l’amour pur de Siegmund pour Sieglinde que la Walkyrie, Brünnhilde (qui donne le titre de cette première journée du Ring) ose rompre le pacte avec son père Wotan: l’immortelle sacrifie son statut divin pour honorer et servir l’amour humain.

Quand à Wotan, le dieu des dieux qui vient de se faire construire au prix d’une honteuse négociation avec les géants, son palais monumental, le Walhala, il ne peut se dépêtrer des sermons moraux et puritains de sa femme, Fricka: le démiurge est réduit à servir quant à lui, la loi conjugale d’une épouse bourgeoise. La fin des dieux est proche: Wotan, mauvais pion d’une intrigue domestique, prisonnier des lois qu’il a édictée, en a la certitude.

Mais l’opéra est plus cynique encore: outre la guerre et l’esprit du mal qui combattent ici la pureté de l’amour, le héros qui doit délivrer Wotan de ses engagements et de ses dettes, Siegmund, est tout bonnement sacrifié. Seul se distingue alors, la loyauté de Brünnhilde, proche des hommes aimants, qui bien que traîtresse à son clan, suscite la tendresse démunie de son père, Wotan, dans un duo parmi les plus miraculeux de la scène wagnérienne… (acte III: la Walkyrie déchue est déposée dormante dans un cercle de feu par son père détruit).

Dans la fosse, Philippe Jordan, wagnérien avéré, fait entendre de façon magistrale, la courbe ondoyante mais dramatique d’un orchestre somptueusement chambriste. Comme pour L’or du Rhin, même souci de la ligne, même opulence irrésistible de tous les pupitres, entre transparence et clarté sonore… Un Wagner d’autant plus idéal à Paris que la distribution rayonne par ses tempéraments individualisés, avec au sommet de ses possibilités le Wotan de Falk Struckmann (qui chanta aussi un Hollandais volant sur la même scène à couper le souffle…). Production majeure qui confirme la justesse de la Tétralogie wagnérienne à l’Opéra Bastille.

Philippe Jordan, direction
Günter Krämer, mise en scène

Robert Dean Smith, Siegmund
Günther Groissböck, Hunding
Falk Struckmann (31 mai, 5, 9, 16, 20, 29 juin)
en alternance Thomas Johannes Mayer (13, 23, 26 juin), Wotan
Ricarda Merbeth, Sieglinde
Katarina Dalayman, Brünnhilde
Yvonne Naef, Fricka
Marjorie Owens, Gerhilde
Gertrud Wittinger, Ortlinde
Silvia Hablowetz, Waltraute
Wiebke Lehmkuhl, Schwertleite
Barbara Morihien, Helmwige
Helene Ranada, Siegrune
Nicole Piccolomini, Grimgerde
Atala Schöck, Rossweisse
Gertrud Wittinger, Ortlinde

Orchestre de l’Opéra national de Paris

Diffusion sur France Musique le samedi 26 juin 2010 à 19h

Illustrations: Wagner, Philippe Jordan (DR)

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