POITIERS, TAP. Sam 5 mai 2018 : LES JEUNES jouent ORPHEE. A nouveau, l’OCE (Orchestre des Champs Elysées) et le TAP impliquent les plus jeunes (lycéens, élèves des conservatoires de Poitiers, Niort, Angoulême, …) dans l’interprétation d’un opéra (Gluck), d’une création… Transmission, sensibilisation, médiation culturelle. Le TAP sait ainsi tout au long de sa saison et grâce à des actions ciblées à l’adresse des jeunes spectateurs et acteurs culturelles, susciter chez les adolescents, futurs mélomanes, le goût voire la passion de la musique et du chant. C’est surtout pour chacun d’entre eux, une formidable expérience à l’école de l’écoute, du travail collectif, de l’enrichissement culturel… un exemple d’actions artistiques et transgénérationnelles réussies.
Pour sa 5è édition au TAP de Poitiers (Théâtre Auditorium de Poitiers), le Choeur et l’Orchestre des jeunes, à l’initiative de l’Orchestre des Champs Elysées dont les membres pilotent les jeunes musiciens, choristes et instrumentistes, interprètent des extraits de l’opéra classique, – tragique et sublime de Gluck : Orphée et Eurydice, dans la version du romantique Hector Berlioz. Il s’agit de la version française, celle que le grand Hector, admirateur du Chevalier Gluck, célébrant son génie héroïque et moral, conçoit en français avec dans le rôle d’Orphée (le poète et chantre de Thrace) non plus un ténor mais un contralto (en réalité Pauline Viardot, cantatrice, muse et égérie du tout Paris branché de l’époque). Berlioz aimait chez Gluck, sa capacité à exprimer les sentiments les plus admirables de la passion humaine : l’amour, le deuil, le sacrifice, la loyauté et le courage… De fait, le poète et chanteur Orphée, en réussissant à infléchir Pluton aux Enfers, réussit à ressusciter sa bien aimée, pourtant décédée, Eurydice. Même s’il échoue dans sa remontée vers la terre, le poète par sa voix capable d’émouvoir et de convaincre, a montré la puissance du chant et de la musique.
Sous la direction de Mathias Von Brenndorff, à Poitiers, les Jeunes interprètes jouent aussi une partition contemporaine (signée Emmanuelle Da Costa), et la sublime mélodie pour chœur (qui existe dans une version pour soliste et piano), La mort d’Ophélie du même Berlioz ….
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POITIERS, TAP
Auditorium, samedi 5 mai 2018, 17h
Placement libre
CHOEUR ET ORCHESTRE DES JEUNES
avec l’Orchestre des Champs-Elysées et le TAP
Mathias Von Brenndorff, direction
> Christoph Willibald Gluck
Orphée et Eurydice (version révisée par Hector Berlioz en 1859) – Extraits
> Hector Berlioz
La Mort d’Ophélie, Méditation Religieuse
> Emmanuelle Da Costa
création
INFOS & RESERVATIONS :
http://www.tap-poitiers.com/chœur-et-orchestre-des-jeunes-2215
Illustration : © Arthur Pequin pour le TAP Poitiers 2018
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Présentation des œuvres complémentaires (Berlioz, Emmanuelle da Costa)
« RIEN QU’UN SOUFFLE ». Dans sa pièce contemporaine, la compositrice Emmanuelle Da Costa met en musique plusieurs poèmes que l’écrivain Rainer Maria Rilke a écrit sur le thème d’Orphée (55 poèmes ou Sonnets à Orphée). La pièce jouée à Poitiers en création mondiale, « Rien qu’un souffle », reprend la conception tripartite qu’a développée RIlke sur la musique : le son, le bruit (qui convoque l’inattendu) et le silence (articulation et ponctuation).
« J’ai donc essayé de caractériser cette conception de la musique en jouant d’une part sur les contrastes d’effectifs, de dynamiques et de nuances et d’autre part, en utilisant différents modes de jeu, ce qui m’a non seulement permis d’élargir la palette sonore d’un orchestre « classique », mais a également fait du bruit et du silence des éléments essentiels de la composition musicale », précise la compositrice.
OPHELIE, immortelle suicidaire… Hector Berlioz (1803-1869) admire chez Gluck, la fusion drame, passion, réalisme. Sans artifices ni ornement, c’est ici l’intensité dramatique qui pilote et conduit la musique.
Ses premières partitions portent la marque de cette efficacité expressive : la Méditation religieuse (1831), d’une pudeur funèbre et mesurée, est composée à Rome, d’après le poème de l’écrivain irlandais Thomas Moore (1779-1852), alors que Berlioz a enfin (après 5 tentatives) remporté le Prix de Rome. La Mort d’Ophélie (1842) célèbre sa passion pour Shakespeare : la fiancée d’Hamlet, suicidaire, est évoquée avec une sensibilité rare, d’une grande force poétique qui fait de l’héroïne Shakespearienne, une sirène aux ondulations liquides évanescentes.
Deux ans plus tard, en 1844, Berlioz ajoute une nouvelle grave et onirique, Marche funèbre pour la dernière scène d’Hamlet ; ainsi les trois pièces formeront triptyque dans un même recueil sous le titre « Tristia » (chose tristes). Dans l’art du recyclage, porté par une pensée musicale unificatrice, Berlioz est capable de réunir en cohérence des pièces séparées : c’est là l’un des traits de son génie.
APPROFONDIR
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Illustration : © Arthur Pequin pour le TAP Poitiers 2018