vendredi 29 mars 2024

Poitiers. Cinéma « Le Castille », le 19 Janvier 2011. En direct du Royal Opera House de Londres. Adolphe Adam (1803 1856): Giselle. Royal Ballet, Orchestre du Royal Opera House

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Etincelles de Giselle

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C’est au cinéma « le Castille » de Poitiers que nous avons assisté hier soir à la retransmission en direct du Royal Opéra House de Londres du ballet Giselle dont la musique a été composée par Adolphe Adam (1803 1856). Ce ballet, composé et créé en 1841 est rapidement devenu l’un des plus importants de l’histoire du ballet, a d’abord été chorégraphié par Jean Coralli et Jules Perrot avant d’être repris par nombre de chorégraphes bien connus. En l’occurrence c’est la chorégraphie du grand Marius Petipa qui est reprise à l’occasion de cette production du Royal Opera House; nous apprécions d’ailleurs grandement le travail exceptionnel du Royal Ballet qui fait de Giselle un très grand moment de danse, de théâtre et de musique. Le public londonien ne s’y est d’ailleurs pas trompé en réservant un accueil très enthousiaste à l’ensemble des danseurs et au chef belge Koen Kessels qui dirigeait l’orchestre du Royal Opera House hier soir.

un corps de ballet qui atteint des sommets…

L’immense succès de Giselle, tient avant tout au travail excellent réalisé par le corps de ballet et les danseurs étoiles du Royal Ballet. Vus de la salle de cinéma ou nous nous trouvions, on pourrait penser que les soli, pas de deux, pas de six, portés et autres entrechats sont des «exercices» faciles à éxécuter pour les jeunes gens qui évoluent sur scène, mais ne nous y fions pas sans un travail rigoureux et une vigilance de chaque instant le résultat ne serait pas aussi remarquable. Ajoutons à cela un travail théâtral de grande qualité qui permet au spectateur de voir passer les émotions passer aussi sur les visages des personnages : ainsi lorsque Giselle, à la fin du premier acte, découvrant la véritable identité d’Albrecht, devient folle et danse jusqu’à la mort, la jeune fille ne se contente pas de danser, elle compose également un personnage émouvant qui montre sa douleur sans fard et sans se soucier de qui est présent. Les courts soli et pas de six qui animent la fête de village, précédant de peu les évènements tragiques qui terminent le premier acte, permettent aux danseurs du corps de ballet de se mettre en avant avec bonheur. Seul Hilarion, le garde chasse amoureux sans espoir de Giselle, se désintéresse de la fête omnubilé qu’il est par l’inconnu qui lui « vole » sa douce amie, cherchant par tous les moyens à les séparer; quant aux scènes de chasse elles permettent de respirer un peu entre deux soli ou ensembles dont la beauté et la redoutable précision font de ce premier acte un grand moment de danse et de théâtre. Rien n’est laissé au hasard, ni dans la mise en scène, ni dans la chorégraphie, ni dans les costumes qui sont à la fois parfaitement adaptés à la position sociale de chacun et idéaux pour permettre aux danseurs de s’exprimer librement.

Si le premier acte est brillant et animé jusqu’à son tragique dénouement, le second acte est plus recueilli et plus intime même si les redoutables wilis, toutes de blanc vêtues, et leur implacable reine Myrtha font chaque nuit de nouvelles victimes en les obligeant à danser jusqu’à ce que mort s’en suive. Et le pauvre Hilarion, l’amoureux éconduit de Giselle, n’échappe pas à son terrible destin ce qui nous permet d’apprécier pleinement le talent du danseur étoile qui incarne le malheureux garde chasse dont la détresse et l’isolement apparaissent plus clairement que jamais dans les pas qu’il esquisse pour tenter d’échapper aux wilis entrainées par la terrible Myrtha qui prend un malin plaisir à faire toujours plus de victimes, et sa détermination n’a égale que celle de la malheureuse Giselle qui fait tout pour sauver l’homme qu’elle aime toujours par delà la mort et l’opposition entre le couple et les wilis est parfaitement mise en valeur. Si les premières lueurs du jour sauvent Albrecht c’est aussi parce que Giselle a reculé tant qu’elle le pouvait le moment fatal.

… accompagné par un orchestre parfaitement préparé

Si le corps de ballet interprète Giselle avec un talent incontestable, dans la fosse, l’excellent chef belge Koen Kessels dirige l’orchestre du Royal Opera House d’une main ferme et sure; du coup il fait des étincelles et donne à entendre de très belles choses pendant toute la soirée sans jamais se désunir ni marquer le moindre temps mort. Kessels mène sa barque avec une maîtrise parfaite et une sûreté de métier étonnante ce qui contribue pour une grande partie au triomphe de la soirée et l’ovation qu’il reçoit au moment des saluts est grandement méritée au même titre que les danseurs dont le talent et le niveau exceptionnellement élevé nous a permis de voir une Giselle qui restera sans aucun doute dans les mémoires et si le Royal Opera House poursuit sa politique de diffusion , nul doute que cette production sortira très prochainement en DVD ce qui permettra à ceux qui ont manqué cette retransmission en direct de se rattraper et de passer une très belle soirée.

Poitiers. Cinéma « Le Castille », le 19 Janvier 2011. En direct du Royal Opera House de Londres. Adolphe Adam (1803 1856): Giselle. Royal Ballet, Orchestre du Royal Opera House. Compte rendu de notre envoyée spéciale Hélène Biard.

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