lundi 28 avril 2025

Paris. Salle Pleyel, le jeudi 30 novembre 2006. Concert Sibelius, Bartok, Berlioz. Orchestre de Paris, direction : Ilan Volkov

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Durant deux soirs consécutifs, l’Orchestre de Paris devait accueillir Esa-Pekka Salonen. Pour des raisons de santé, celui-ci a dû annuler. Ilan Volkov, jeune Israélien de trente ans, actuel chef permanent de l’Orchestre symphonique écossais de la BBC, l’a remplacé.

Les curieux ont été, à bien des égards, satisfaits. Volkov a gardé le même programme que celui prévu par Salonen : Finlandia de Sibelius, Le Mandarin merveilleux (suite) de Bartók et les extraits symphoniques de Roméo et Juliette de Berlioz. Programme plutôt rare à Paris, et passionnant. Ensuite, nous avons découvert un chef qui ne l’est pas moins. Dès Finlandia, l’auditeur est frappé par la rigueur, la concentration du geste. Cet hymne à la Finlande ne sonnera jamais vulgaire ou grandiloquent, plutôt puissant, intériorisé. La pièce de Sibelius met en exergue une qualité que l’on retrouve tout au long du concert : Volkov est aussi un architecte ; les progressions qu’il ménage sont souvent profondément abouties, d’une logique imparable, comme en témoigne toute la dernière partie du Mandarin merveilleux. Un Bartók qui parallèlement reste peut-être trop symphonique. Il y manque du drame, de l’effroi. Rien ici n’atteint vraiment l’insupportable.

La deuxième partie nous a convaincus davantage encore. La cruauté des programmations (pour le plus grand bonheur des mélomanes !) veut que les Parisiens aient entendu Roméo et Juliette de Berlioz avec l’Orchestre National de France sous la direction de Colin Davis, au mois d’octobre. A la vision quelque peu insipide du chef anglais répond la conception fine, légère (inoubliable féerie de la Reine Mab !) et poétique du jeune Israélien. Les premières mesures nous le font rapidement sentir : articulations beaucoup plus nettes, sens des couleurs et des plans sonores plus prononcés chez le jeune chef. La Scène d’Amour, admirable par ses atmosphères, suggère la nuit et nous touche…À d’autres moments, Volkov préfère peut-être trop nettement la mesure à la démesure. Son Roméo ne nécessitait-il pas un peu plus d’audace ? L’audace de faire craquer les murs, l’audace de la révolution ?
Cela n’a guère entaché cependant cette belle soirée. Ilan Volkov nous semble un bon cru qui ne demande qu’à s’affiner… 

Paris. Salle Pleyel, le 30 novembre 2006. Jean Sibelius (1865-1957) :Finlandia, Op. 26. Béla Bartók (1881-1945) :  Le Mandarin merveilleux (suite). Hector Berlioz (1803-1869) : Roméo et Juliette (extraits symphoniques). Orchestre de Paris.Ilan Volkov, direction.

Crédit photographique
Ilan Volkov (DR)

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