vendredi 19 avril 2024

Paris. Cirque d’hiver, le 1er avril 2009. Offenbach en fête. Clémentine Margaine, mezzo soprano. Franck Cassard, ténor. Choeur et musiciens de l’Académie de Musique. Jean-Philippe Sarcos, direction.

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Offenbach sur la piste

A la tête de l’Académie de musique et avec la complicité du metteur en scène Pierre Catala, Jean-Philippe Sarcos poursuit son voyage musical parisien à l’adresse du plus grand nombre, en s’appuyant sur l’enthousiasme des jeunes volontés de son Académie.
Dans l’enceinte impressionnante du Cirque d’Hiver, cadre idéal pour sertir la facétie délirante d’Offenbach, la démarche suscite les éloges. Maître en pédagogie vivante, le chef sait galvaniser ses forces au service du pétillement et de la poésie, tout en exploitant le relief particulier de la salle circulaire.
L’engagement des instrumentistes souligne cabrures, oeillades, références et traits parodiques d’une musique d’une subtilité active souvent, ailleurs, atténuée et réduite à sa seule activité de surface.
La disciplines des cordes, la joie bon enfant des choristes dont on excuse parfois le mouvement gauche de certains tableaux, savent ici éviter la caricature. L’approche reste franche, juvénile: elle met en avant un Offenbach drôle, mordant, fin, d’une activité Rossinienne, un bout en train irrésistible dont le sens du théâtre et de la scène se lit en particulier dans les airs de La grande Duchesse de Gerolstein et de La Périchole (Ah quel dîner je viens de faire…).
Voix pleine, ronde, cuivrée, d’aguicheuse effrontée et de louve séductrice, Clémentine Margaine déploie un splendide mezzo d’autant plus délectable que la cantatrice sait troubler et provoquer, tout en articulant. Posture d’actrice, maintien assuré, projection facile, la jeune femme a déjà un grand métier. Elle est la révélation de la soirée. Hélas son partenaire soliste, en dépit d’une aisance scénique véritable n’a plus la voix de sa jeunesse: l’usure de la voix est bien décelable, surtout dans les aigus, mise à rude épreuve dans l’air du Brésilien (La vie parisienne)… même si l’air du rêve (Le pont des soupirs), sur un tempo plus confortable, lui permet d’installer une ligne vocale mieux gérée.
Saluons l’initiative de Jean-Philippe Sarcos qui au sein de son Académie de musique cultive l’art de la transmission. Il ne s’agit plus de dire l’urgence d’une culture accessible et démocratisée. Le chef a franchi la ligne de la pratique communicative en sensibilisant et entraînant dans son sillage les jeunes volontés -choristes et instrumentistes- que le rythme estudiantin et universitaire pourrait détourner d’une passion aussi bénéfique que structurante. La réussite de sa démarche, son geste charismatique ont trouvé le cadre de leur accomplissement. Cette nouvelle production musicale au Cirque d’Hiver, après « Viva l’opéra », « Pomp and circumstance », la 9è Symphonie de Beethoven, Carmina Burana de Carl Orff, en dévoile les avancements et les fruits. Pédagogie fructueuse qui nous avait déjà valu un remarquable Stabat Mater de Dvorak (Paris, Trinité, décembre 2008).
A voir le nombre des spectateurs sous la voûte parisienne, puis leur enthousiasme en fin de représentation, l’on se dit que le chef a trouvé son public et réussi son pari.

Paris. Cirque d’hiver, le 1er avril 2009. Offenbach en fête. Extraits de La Fille du tambour major, Orphée aux Enfers, La Belle Hélène, La grande Duchesse de Gerolstein, Le pont des soupirs, Robinson Crusoé, Les Contes d’Hoffmann, Les brigands, … Clémentine Margaine, mezzo soprano. Franck Cassard, ténor. Choeur et musiciens de l’Académie de Musique. Jean-Philippe Sarcos, direction.
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