samedi 26 avril 2025

Paris. Cathédrale Saint-Louis des Invalides, le 10 novembre 2012. Jeune Orchestre Atlantique, Jeune Chœur de Paris. Christophe Coin, violoncelle et direction

A lire aussi
concert du JOA à Paris, Invalides

Compte rendu

« Crée en 1996, entre autres, à l’initiative de l’Orchestre des Champs-Élysées, le Jeune Orchestre Atlantique permet à des jeunes musiciens en fin d’études supérieures, ou en début de carrière, d’aborder l’interprétation du répertoire classique et romantique sur instruments d’époque, dans le cadre d’une formation professionnelle unique en Europe. Le collectif permet d’explorer et d’approfondir un vaste répertoire dans différentes configurations : musique de chambre, orchestre de chambre, orchestre symphonique, répertoire lyrique. »

Cohésion mozartienne

Pour nous en convaincre, la Cathédrale Saint-Louis des Invalides à Paris accueille l’Orchestre formateur pour un concert présentation sous la direction de Christophe Coin avec le Jeune Chœur de Paris. Le programme entièrement du XVIIIe siècle comprend plusieurs extrait d’œuvres rares et méconnues des compositeurs de formation classique, dont Mozart et Salieri, mais aussi Joseph Wölfl, Peter Ritter et Jan Ladislav Dussek.

Le concert commence avec la Symphonie n°1 en sol mineur de Joseph Wölfl (1773-1812), compositeur Salzbourgeois ancien élève du père de Mozart ainsi que du frère de Haydn, Michael Haydn. Les trois mouvements sont dramatiques, finement caractérisés avec un certain chromatisme qui rappelle Mozart mais qui contient aussi le romantisme à venir. La fluidité des cordes du JOA est remarquable ainsi que les vents, éblouissants.

Ensuite deux mouvements du Grand Concert militaire pour piano en Si bémol majeur op. 40 du compositeur tchèque Jan Ladislav Dussek (1760-1812), retiennent tout autant l’attention. Dans sa correspondance, les sentiments de Mozart à son égard, sont clairs: que du mépris. Question d’antagonisme musical ou de simple concurrence… Quoiqu’il en soit, Luca Montebugnoli au pianoforte est la vedette : il démontre sa dextérité en faisant chanter les mélodies agréables mais sans grande profondeur. L’orchestre l’accompagne avec une édifiante vivacité.

La Cantate pour chœurs et orchestre « Le Jugement dernier » d’Antonio Salieri (1750-1825) date de 1788. Très théâtrale, elle rappelle immédiatement l’opéra « Les Danaïdes » par la force du chœur et les effets orchestraux. Le JOA est agité, ses cordes pleines de brio et le Jeune Chœur de Paris chante avec ferveur. Une pièce à découvrir.

Après l’entracte, autre révélation: les deux derniers mouvements du Concerto pour violoncelle du violoncelliste et compositeur allemand Peter Ritter (1763-1846). C’est le tour de Christophe Coin au violoncelle de montrer les capacités expressives de son instrument ainsi que la beauté de son jeu. L’œuvre rappelle Boccherini dans son dernier mouvement avec une grande force rythmique et une flûte, prodigieuse. Le violoncelliste est à la fois passionné et plein de grâce, et sa personnalité légèrement romantique présente avec justesse ce concert, conçu tel une pause transitoire vers le romantisme musical.

Le concert s’achève avec deux extraits de la seule musique que Mozart ait écrit pour la pièce de théâtre « Thamos, König in Ägypten » K 345 (1773). Le premier morceau, Maestoso – Allegro (n°2) est un véritable précurseur de la Flûte Enchantée: il commence avec les trois accords solennels de l’ouverture de cette dernière et l’orchestre est particulièrement imaginatif et éclatant. Pour pour chœur et orchestre, il requiert un appareil orchestral gigantesque; c’est un magistral hymne au matin, chanté et joué avec sentiment et à l’effet saisissant.

Voici une conclusion aux parfums maçonniques dont la réussite donne envie d’en écouter davantage: réécouter ces jeunes talents, dont la cohésion est une heureuse évidence, s’avère nécessaire même, d’autant plus profitable dans un vrai concert composé de pièces entières.

Paris. Cathédrale Saint-Louis des Invalides, le 10 novembre 2012.
Jeune Orchestre Atlantique, le Jeune Chœur de Paris. Christophe Coin, violoncelle et direction. Par notre envoyé spécial Sabino Pena Arcia.

Derniers articles

ENTRETIEN avec Carolyn Rose Ramsay, directrice artistique du Ballet D’Jèrri, Ballet national de Jersey, à propos de la création française du ballet « Deliberate Mistake »,...

ENTRETIEN avec Carolyn Rose Ramsay, directrice artistique du Ballet D’Jèrri, Ballet national de Jersey. Originaire de Vancouver, ayant de...

Découvrez d'autres articles similaires

- Espace publicitaire -spot_img