vendredi 19 avril 2024

Où en est l’opéra aujoud’hui?

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Opéra d’aujourd’hui

L’opéra, genre moribond? Rien de plus faux! En 2007, qui marque ses 400 ans, depuis la création de l’Orfeo de Claudio Monteverdi (en février 1607, qui est le premier opéra « moderne » de l’histoire), le théâtre lyrique ne s’est jamais mieux porté. Les critiques conservateurs qui conspuent le décalage des mises en scènes modernes devraient interroger l’évolution des audiences fidélisées. Partout en Europe, les théâtres d’opéras ont vu leurs spectateurs augmenter, les mécènes renouveler leur engagement, les plus jeunes se multiplier dans les salles. La machine lyrique fait rêver: elle n’a jamais autant attiré les foules et les publics.

Ecrire un nouvel opéra pour qui, pourquoi?

En dehors des contestations du genre, des positions anti classiques que beaucoup de compositeurs adoptent, parfois au mépris du public, (combien d’oeuvres inaudibles!), l’idée d’écrire un nouvel opéra confronte inévitablement l’auteur à la tradition du genre comme à la question de la modernité. Opéra parlé, opéra chanté? Voix en accord ou en désaccord avec les instruments? Dramaturgie éclatée ou respectueuse du cadre?
Faut-il encore composer des opéras quand les oeuvres du répertoire continuent d’exercer une indiscutable attraction? D’autant que les ouvrages baroques, les plus anciens, interrogent toujours notre propre actualité. Les sujets essentiels de l’homme et de son destin, de ses passions et des fantasmes enfouis ou conscients, ont dès l’origine du genre été porté sur la scène.

Classiques d’aujourd’hui

Evolution naturelle, le peloton des oeuvres les plus populaires s’est décalé dans la chronologie de l’histoire lyrique. Il y a 40 ans, dans les années 60, les opéras les plus joués et les plus applaudis étaient Carmen, La Traviata, Don Giovanni… aujourd’hui, les opéras du début du XXème siècle, de Pelléas de Debussy, au Château de Barbe-Bleue de Bartok, sans omettre Wozzek de Berg, composent désormais, un tryptique « moderne » que tout théâtre se doit de respecter. Et même pour Mozart, indétrônable, Cosi tend à supplanter Don Giovanni: son ironie et son cynisme étant plus en vibration avec la violence et les barbaries de notre monde.

L’opéra, scène vivante et militante?

La voie d’un opéra contemporain ne s’inscrirait-elle pas justement avec succès dans cette faculté à accompagner les grands faits de la société moderne? Un opéra engagé, sachant rebondir, être la fenêtre ouverte sur notre civilisation, afin d’y dénoncer ses aberrations ou de souligner ses sources d’enchantement?
La leçon des nouvelles mises en scène, de ces relectures si décriées, met en lumière la nécessité de l’opéra à retrouver son souffle, un souffle en accord avec son temps. L’art moderne est un art critique, vivant. L’opéra doit éviter de s’étouffer sous le poids de lectures décoratives et pompeuses, des redites inutiles car simplement divertissantes. Après tout, depuis les trente dernières années, jamais l’opéra n’aura autant concentré de visions neuves, insolentes ou décalées, toujours affûtées et vivantes. Performances, dispositifs, apparitions des effets visuels de plus en plus sophistiqués grâce aux avancées de la technologie scénique… Ces « déballages » adossés à l’essence des oeuvres, ainsi relues, n’attaquent que leur propre limite à servir un texte. Et souvent, plus une mise en scène ou des décors sont excessifs et inadaptés, plus l’oeuvre en ressort, à l’inverse, comme grandie. Sa vérité profonde n’en est que plus éclatante, comme révélée à mesure qu’on voulait la tuer ou tout au moins la dénaturer.
« Malscène »? La vision est partisane donc contestable car réductrice. Elle est portée par les phalanges les plus conservatrices pour lesquelles l’opéra doit divertir avant de faire réfléchir, enchanter avant d’exprimer. Pourtant les deux aspects ne sont pas incompatibles. Et les meilleurs scénographes satisfont aux deux aspects.
Il nous faut un spectacle qui palpite, qui questionne, perturbe tout en fascinant. La gageure n’étant que rarement atteinte, voilà un défi excitant pour de nouveaux compositeurs. Alors l’opéra, genre avorté, essoufflé, mort? Il n’a, a contrario, jamais autant suscité d’intérêt.

L’agenda de la saison lyrique 2006/2007 des opéras du XXème et du XXI ème siècle: tous les opéras du XXème et du XXI ème siècle jusqu’à juillet 2007

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