vendredi 29 mars 2024

Opéra de Paris saison 2014 – 2015 : le Baroque et Rameau, interdits de saison

A lire aussi

RAMEAU_AVED_448_Joseph_Aved,_Portrait_de_Jean-Philippe_Rameau_vers_1728Rameau, interdit de saison … Opéra de Paris, nouvelle saison 2014-2015. 16 productions annoncées (dont 5 nouvelles productions) font le nouveau cycle lyrique de l’Opéra de Paris 2014-2015. Une saison décevante et même déséquilibrée : aucun opéra baroque à l’affiche de l’institution la plus subventionnée de France et qui recevant les subsides des Français se devrait quand même de refléter la richesse et la diversité du goût des contribuables. On avait pourtant compris que les institutions officielles devaient refléter tous les goûts en une offre équilibrée, ouverte, créative…

 

 

Le BAROQUE et RAMEAU, interdits de saison…

 

Rameau_Joseph_Aved-Portrait_de_Jean-Philippe_Rameau_vers_1728La musique baroque est qu’on le veuille ou non, l’un des actes majeurs survenus dans l’agenda des concerts, théâtres et festivals depuis 50 ans de vie culturelle hexagonale. Le fait de ne programmer aucun opéra baroque est une erreur ; c’est même, au moment de l’anniversaire Rameau, le plus grand créateur lyrique du XVIIIè pour la France, … une faute. Ne pas programmer d’opéras baroques à l’Opéra de Paris, c’est tout simplement ne pas prendre en compte le goût des mélomanes ni reconnaître ce que les oeuvres des XVIIè et XVIIIè ont apporté à la création lyrique. Regrettable omission. A tous ceux, parmi les nouveaux publics non initiés à l’opéra, qui découvriraient les oeuvres de Rameau à l’énoncé des programmations en cours et à venir, le Dijonais serait alors un faiseur de … comédies délirantes, style Platée (heureusement à l’affiche à Paris sous la direction de l’immense William Christie). Mais Rameau peut-il être réduit à cette simple équation ?  Quid de ses tragédies héroïques et pathétiques, Hippolyte et Aricie (même pas reprise à Garnier…), Castor et Pollux, Dardanus, Zoroastre, Les Boréades. Pour son 250ème  anniversaire, aucune tragédie lyrique ne sera présentée en version scénique : quelle indigence … pathétique. Seules ses oeuvres chorégraphiques sont plutôt bien mises en avant en 2014. Où les jeunes mélomanes ou les non connaisseurs pourront-ils découvrir la magie visuelle et théâtrale autant que vocale et orchestrale de Rameau en 2014 ? Nul part en vérité… sinon lire des témoignages de productions passées, ou écouter les versions disponibles au disque. Le plus grand faiseur de rêves, où la machinerie et le faste des décors (Zoroastre), le chant des éléments surgissant de la fosse la plus inventive à son époque, pèsent de tous leurs poids,  attendra encore son heure. Et que l’on ne nous dise pas qu’il s’agit d’un problème de budget : à voir les sommes consacrées à d’autres productions, l’affaire est bien politique. Pour nos décideurs, Rameau est has been. Il y a quelques années encore, John Eliot Gardiner et William Christie osaient programmer les opéras de Rameau en France et déclarer aux spectateurs français :  » voilà votre patrimoine, pourquoi reste-t-il oublié ? « .  Quarante années ont passé, la situation n’a pas changé : ni Lully ni Rameau, génies du Baroque français n’ont toujours leur place naturelle à l’Opéra.

Dans cette vision plutôt terne mais peu surprenante, les conservateurs auront plaisir à retrouver les piliers du répertoire : Traviata, Tosca, Bohème… L’opéra italien encore et toujours … avec un joyau vériste cependant : Adriana Lecouvreur de Cilea (nouvelle production en provenance de Londres – déjà éditée au dvd, et point d’orgue final de la saison : 23 juin > 15 juillet 2015. Angela Gheorghiu est annoncée mais sans l’irremplaçable Jonas Kaufmann, remplacé par Marcelo Alvarez).
Mozart tire son épingle du jeu avec trois ouvrages honnêtement défendus (L’Enlèvement au sérail, Don Giovanni, Le Flûte enchantée)… L’Enlèvement est une nouvelle production (mise en scène : Zabou Breitman : 16 octobre 2014 > 15 février 2015). Plus méritant, le choix (enfin un engagement audacieux!) de deux ouvrages français méconnus oubliés mais si captivants – donc deux nouvelles productions de fait incontournables : Le Cid de Massenet (27 mars > 21 avril 2015, avec une distribution prometteuse réunissant Anna Caterina Antonacci, Annick Massis, Roberto Alagna… sous la direction de Michel Plasson), et surtout, Le Roi Arthus de Chausson, le plus original des wagnériens français (16 mai > 14 juin 2015 avec Thomas Hampson dans le rôle titre sous la baguette de Philippe Jordan). L’opéra français est du reste le second gagnant de la nouvelle saison parisienne : reprise du Faust de Gounod, et de l’Alceste de Gluck (dans la mise en scène assez répétitive d’Olivier Py : 16 juin > 15 juillet 2015, avec Véronique Gens dans le rôle-titre), sans omettre le féerique et inusable Pelléas et Mélisande de Debussy version Bob Wilson (avec l’excellent Stéphane Degout dans le rôle de Pelléas). Et pour honorer le 150ème anniversaire de Richard Strauss en 2014, la maison reprend Ariane à Naxos : la distribution prometteuse comprenant Karita Mattila (Ariane), Sophie Koch (le compositeur), Klaus Florian Vogt (Bacchus) devrait compenser les faiblesses plus laides de la mise en scène signée Pelly (22 janvier > 17 février 2015). + d’infos sur le site de l’Opéra national de Paris saison 2014 – 2015

 

 

Layout 1Illustration : Jean-Philippe Rameau, dont 2014 marque le 250ème anniversaire de la disparition est le grand oublié ignoré de l’Opéra national de Paris … Heureusement d’autres mieux inspirés réparent l’oubli impardonnable : William Christie et Les Arts Florissants annoncent pour le printemps 2014, leur nouveau disque qui mettant en avant le tempérament des jeunes chanteurs du Jardin des Voix 2013, s’intitule avec pertinence Le Jardin de Monsieur Rameau : parcours musical et lyrique dans le domaine enchanté de l’amour et du désir à l’époque de Jean-Philippe Rameau ; programme musical composé d’extraits des opéras de Montéclair, Campra, Dauvergne, Gluck et Rameau, sans omettre la superbe cantate  » Rien du tout « de Grandval  (prochaine grande critique dans le mag cd de classiquenews)

 

 

- Sponsorisé -
- Sponsorisé -
Derniers articles

CRITIQUE, opéra. PARIS, Théâtre des Champs-Elysées, le 26 mars 2024. LULLY : Atys (version de concert). Les Ambassadeurs-La Grande Ecurie / Alexis Kossenko (direction).

Fruit de nombreuses années de recherches musicologiques, la nouvelle version d’Atys (1676) de Jean-Baptiste Lully proposée par le Centre...
- Espace publicitaire -spot_img

Découvrez d'autres articles similaires

- Espace publicitaire -spot_img