samedi 20 avril 2024

Mahler: Symphonie n°9 (Dudamel, 2012)1 cd Deutsche Grammophon

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Mahler : Symphonie n°9 (Dudamel, 2012). Voici un nouveau jalon de l’intégrale Mahlérienne de Gustavo Dudamel qui ne dirige pas ici sa chère phalange orchestrale, l’Orquestra sinfonica Simon Bolivar de Venezuela mais le collectif américain de la Côte Ouest, le Philharmonique de Los Angeles, succédant pour se faire au prestigieux Esa Pekka Salonen.
Globalement si les instrumentistes font valoir leur rayonnante sensibilité, le chef vénézuélien peine souvent à transmettre la transe voire les vertiges intimes du massif malhérien. La baguette est encore trop timorée, en rien aussi fulgurante que celle d’un Malhérien toujours vivant, Claudio Abbado prédécesseur inégalé chez Mahler pour Deutsche Grammophon comme peut l’être aussi dans une autre mesure, Bernstein (et Kubelik).


Mahlérien en devenir, Dudamel réussit vraiment les I et IV…


D’emblée, dans le I
, le sentiment d’asthénie paralysante lié aux visions sépulcrales comme si au terme d’ une vie éprouvante , Mahler osait fixer sa propre mort, s’impose puis se justifie. Le balancement quasi hypnotique entre anéantissement et désir d’apaisement structure toute la démarche, à juste titre: grimaces aigres et accents sardoniques des cuivres comme enchantements nocturnes et crépusculaires des cordes et des bois, Dudamel étire la matière sonore conme un ruban élastique jusqu’au bout de souffle (dernièr chant au hautbois puis à la flute) … Le geste sait être profond, captivant par le sentiment d’angoisse et de profond mystère ; il sait aussi être habile dans cette fragilité nerveuse, hypersensibilité active et inquiète qui innerve toute la séquence.

Le seconde mouvement hélas se dilue dans… l’anecdotique : il perd toute unité fédératrice à force de soigner le détail et les microépisodes. S’effacent toute structure, tout élan; voici le mouvement le moins réussi de cette prise live au Walt Disney Concert Hall de Los Angeles. Les tempo trop lents, spasmes et derniers sursauts éclatent le flux formel ; ils finissent par perdre leur élan ; le délire des contrastes (nerf des cordes, claques des cuivres,…), comme la syncope et les nombreuses interruptions de climats… tout retombe étrangement. L’urgence fait défaut et l’énoncé des danses, landler et valses manque de nervosité, à tel point que la baguette semble lourde, de toute évidence en manque d’inspiration et de contrôle.

Pas facile de réussir les défis du III:  » rondo burlesque  » dont la suractivité marque un point de conscience panique, de malaise comme d’instabilité maladive… Dudamel évite pourtant la déroute du II grâce au flux, au mordant qui électrisent la succession des climats très agités, d’une instabilité dépressive. La vision plus franche et claire efface la lourdeur trop manifeste dans le mouvement précédent.

Les choses vont en se bonifiant... Apothéose de l’intime et chant crépusculaire au bord de la mort, le IV aspire toute réserve par sa cohérence et sa sincérité. C’est comme un dernier souffle qui saisit, d’autant plus irrépressible qu’il précède plusieurs épisodes aux contrastes et instabilités persistants. Le renoncement et l’apaisement qui font de la mort non plus une source d’angoisse mais bien l’accomplissement d’une sérénité supérieure, se réalisent sans maladresse ni défaillance … La hauteur requise, les sommets définis dessinent le plus beau chant d’adieu. Une réverence finale que n’aurait pas désavoué Mahler lui-même. Grâce à la vision nettement plus aboutie des I et III, à la force active du III, pourtant d’une versatilité suicidaire, Dudamel confirme ses affinités mahlériennes. A suivre.

Mahler: Symphonie n°9. Los Angeles Philharmonic. Gustavo Dudamel, direction. Enregistrement réalisé à Los Angeles en février 2012. 1 cd Deutsche Grammophon 028947 90924.

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