vendredi 19 avril 2024

Mahler: intégrale Daniele Gatti Du 29 octobre 2009 au 1er décembre 2011

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12 concerts Mahler par Gatti
Cycle Mahler 2010-2011
Daniele Gatti et l’Orchestre National de France

Du 29 octobre 2009 au 1er décembre 2011

Nouveau directeur musical (depuis septembre 2008) du National de France (premier orchestre symphonique permanent créé en France en 1934), Daniele Gatti célèbre d’un grand coup de baguette, et sur la durée, les célébrations Gustav Mahler (1860-1911) en 2010 et 2011, du 29 octobre 2009 au 1er décembre 2011. Le cycle des 12 concerts a lieu à 20h au Châtelet. Le programme couvre une double célébration mahlérienne celle du 150ème anniversaire de la naissance (en 2010) et celle du 100ème anniversaire de la mort du compositeur né en Bohème (en 2011).

Hommage en 3 actes
Ce cycle est conçu comme un hommage à Mahler en trois saisons soit en trois actes, d’octobre 2009 à décembre 2011:
Acte I – Les années Wunderhorn, saison 2009/2010
Acte II – Vienne, saison 2010/2011
Acte III – Adieu, saison 2011/2012

Le premier acte couvre la première période de création du compositeur qui va jusqu’à sa 4ème symphonie avec le cycle des Lieder Des Knaben Wunderhorn. Le deuxième acte s’articule autour des trois symphonies orchestrales et de la 8ème symphonie. Mahler était alors chef à l’opéra de Vienne. Enfin, le troisième acte intitulé « Adieu », selon le nom de la dernière pièce du Chant de la Terre (Abschied), correspond à la période de fin de vie du compositeur, celle du renoncement dans la sérénité. Le moment le plus profond et tragique, le plus personnel voire mystique de sa créativité exigeante. Ce dernier volet réunit la symphonie n°9, le Chant de la terre et la version complétée de la dixième symphonie.

Mahler à Paris
Mahler a dirigé la création française de sa deuxième symphonie au théâtre du Châtelet, le 17 avril 1910. Ce lieu était alors tout indiqué pour accueillir le cycle d’hommage. L’Orchestre National de France s’installe ainsi en résidence au Théâtre du Châtelet pour donner au public son intégrale Mahler. Gustav Mahler aura attendu l’âge de 40 ans pour découvrir la France. Mais, de 1900 à sa mort en 1911, il fait à Paris pas moins de six séjours et dirige quatre concerts, dont celui qui voit la création française de sa Deuxième symphonie. Ce n’est que cinq ans plus tôt que le public français a pris connaissance de la musique de Mahler. La toute première création mahlérienne en France s’est réalisée le 26 février 1905 dans le cadre des concerts Lamoureux. Nina Faliero-Dalcroze chantant alors trois des quatre Lieder eines Fahrenden Gesellen.

agenda

Acte I. Saison 2009/2010
Les années Wunderhorn

Théâtre du Châtelet
Jeudi 29 octobre 2009 à 20h
Gustav MAHLER Lieder eines fahrenden Gesellen
Gustav MAHLER Blumine
Gustav MAHLER Das Klagende Lied
Choeur de Radio France
Orchestre National de France
Mélanie Diener, soprano
Christianne Stotijn, mezzo
Nikolai Andrei Schukoff, ténor
Markus Werba, baryton
Matthias Brauer, chef de choeur
Daniele Gatti, direction

Théâtre du Châtelet
Jeudi 17 décembre 2009 à 20h
Gustav MAHLER Lieder des Knaben Wunderhorn
Der Schildwache Nachtlied
Rheinlegendchen
Wo die Schönen Trompeten blasen
Urlicht
Des Antonius von Padua Fischpredigt
Revelge
Der Tamboursg’ sell
Gustav MAHLER Symphonie n° 1 “Titan“
Orchestre National de France
Matthias Goerne, baryton
Daniele Gatti, direction
Concert également donné au Concertgebouw d’Amsterdam le vendredi 18 décembre 2009.

Théâtre du Châtelet
Jeudi 4 février 2010 à 20h
Gustav MAHLER Symphonie n° 2 « Résurrection »
Choeur de Radio France
Orchestre National de France
Camilla Tilling, soprano
Marie-Nicole Lemieux, contralto
Thomas Lang, chef de choeur
Daniele Gatti, direction

Théâtre du Châtelet
Jeudi 29 avril 2010 à 20h
Gustav MAHLER Symphonie n° 3
Choeur de femmes de Radio France
Maîtrise de Radio France
Orchestre National de France
Christianne Stotijn, mezzo
Robert Blank, chef de choeur
Sofi Jeanin, chef de la maîtrise
Daniele Gatti, direction
Concert également donné le dimanche 2 mai 2010 à Luxembourg.

Théâtre du Châtelet
Jeudi 17 juin 2010 à 20h
Gustav MAHLER Lieder des Knaben Wunderhorn
Das Irdische Leben
Verlorne Müh
Trost im Unglück
Lob des hoben Verstandes
Lied des Verfolgten im Tum
Das Himlische leben
Wer hat dies Liedel erdacht?
Gustav MAHLER Symphonie n° 4
Orchestre National de France
Christine Schaefer, soprano
Daniele Gatti, direction
Ce concert est donné également dans le cadre du festival de Saint Denis, le 19 juin avec Christiane Oelze comme soprano.

Acte II. Saison 2010/2011
Vienne

Théâtre du Châtelet
Jeudi 23 septembre 2010 à 20h
Gustav MAHLER Kindertotenlieder
Gustav MAHLER Symphonie n° 5
Orchestre National de France
Matthias Goerne, baryton
Daniele Gatti, direction
Concert également donné au Palais des Beaux Arts de Bruxelles, le vendredi 24 septembre 2010

Théâtre du Châtelet
Jeudi 13 janvier 2011 à 20h
Gustav MAHLER Rückert-Lieder
Gustav MAHLER Symphonie n° 6 « Tragique »
Orchestre National de France
Matthias Goerne, baryton
Daniele Gatti, direction

Théâtre du Châtelet
Jeudi 31 mars 2011 à 20h
Gustav MAHLER Symphonie n° 7, « Chant de la nuit »
Orchestre National de France
Daniele Gatti, direction

Théâtre du Châtelet
Jeudi 9 juin 2011 et vendredi 10 Juin 2011 à 20h
Gustav MAHLER Symphonie n° 8 « des Mille »
Orchestre National de France
Choeur de Radio France

Mélanie Diener, soprano
Malin Byström, soprano
Marie-Nicole Lemieux, mezzo
Christianne Knorren, alto
Nikolai Andrei Schukoff, ténor
Juha Uusitalo, baryton
Daniele Gatti, direction

Acte III. Saison 2011/2012
Adieu

Théâtre du Châtelet
Jeudi 22 septembre 2011 à 20h
Gustav MAHLER Symphonie n° 9
Orchestre National de France
Daniele Gatti, direction

Théâtre du Châtelet
Jeudi 27 octobre 2011 à 20h
Gustav MAHLER Das Lied von der Erde
Orchestre National de France
Marie-Nicole Lemieux, contralto
Nikolai Andrei Schukoff, ténor
Daniele Gatti, direction

Théâtre des Champs Elysées
Jeudi 1er décembre 2011 à 20h
Gustav MAHLER Symphonie n° 10
Orchestre National de France
Daniele Gatti, direction

Gustav Mahler selon Daniele Gatti

Dès 2006 et 2007, la relation entre le chef italien et l’orchestre français s’est particulièrement nouée et développée autour de Mahler, avec la 4è et la 6è Symphonies. Le cycle est à la fois un festival et un hommage au créateur des grands espaces symphoniques dont la part autobiographique est une composante majeure. Pour autant son message demeure universel: Mahler y exprime toutes les inquiétudes et les aspirations de l’être, ses tiraillements et ses conflits intérieurs s’y font miroir de l’âme humaine et rétrospective de toute une existence, pour chacun de nous.
Le chef italien qui a le même âge que Mahler au moment de sa mort se sent proche de ce grand drame symphonique et vocal. Le chef sait espacer les temps forts du cycle Mahler, tout en suivant la chronologie de l’écriture.
Il s’agit de respecter les trois phases successives, de la vie et de la carrière du compositeur. Oeuvres de relative jeunesse, tout d’abord, en 2009-2010: cantate Das klagende Lied, Lieder eines Fahrenden Gesellen et aussi toutes les oeuvres inspirées par les textes Des Knaben Wunderhorn d’Arnim et Brentano : soit tous les lieder que Mahler a réunis sous ce titre, et les quatre premières symphonies, qui recyclent ou citent plusieurs motifs musicaux des lieder (la Deuxième Symphonie cite le lied Des Antonius von Padoua Fischpredigt : Le sermon de saint Antoine de Padoue aux poissons dont le compositeur fait un scherzo.

La deuxième saison est intitulée «Vienne». C’est la période où Mahler fut directeur de l’Opéra. Il s’agit de « ses années les plus fastes, celles qui voient la composition d’une trilogie instrumentale (les Cinquième, Sixième et Septième Symphonies) et de la Huitième Symphonie, dont la création à Munich, mais quatre ans après l’achèvement de la partition, fut sans doute le plus grand succès que Mahler connut de son vivant. C’est aussi l’époque des Kindertotenlieder et des Rückert-Lieder », précise Daniele Gatti. Cette période faste s’achève en 1907… avec la démission du compositeur de son poste de directeur de l’Opéra de Vienne. C’est une période de rupture marquée par la révélation foudroyante de sa maladie cardiaque et de la mort de sa fille Maria qui en fait un père inconsolable.

Le dernier volet de l’hommage correspondent aux dernières années de la vie de Mahler, « on peut aussi les baptiser d’un mot, «Abschied» (Adieu), qui est le titre de la dernière partie du Chant de la terre. Cette symphonie de lieder ainsi que la Neuvième et la Dixième Symphonie, seront interprétées au cours de notre troisième saison, 2011-2012. Ce sont des oeuvres qui pour moi atteignent à la même perfection que les dernières partitions de Berg, Lulu et le Concerto à la mémoire d’un ange. »

Concernant la Dixième Symphonie, restée inachevée, dont est jouée habituellement que l’Adagio, Daniele Gatti choisit d’aborder toute la partition, restituée par Deryck Cooke à partir des éléments manuscrits laissés par Mahler à sa mort. Le chef joue aussi la version originale en trois parties de Das klagende Lied (avec Waldmärchen, que Mahler a enlevé par la suite), comme pour le même concert du 29 octobre, le bref mouvement intitulé Blumine, qui faisait autrefois partie de la Première Symphonie.

Frappant par ses couleurs instrumentales, son côté « spirituel » et sa « flexibilité » (caractères relevés par le maestro), le National de France semble aujourd’hui tout indiqué pour jouer Mahler. Du moins en donner une lecture française, pour autant que ce particularisme signifie quelque chose. Pourtant la qualité de transparence et de clarté de ses solistes de rangs pourrait nuancer notre approche globale de l’étoffe symphonique d’un Mahler que l’on joue souvent très solennel, en particulier du côté des orchestres allemands.
Mahler musicien juif né en Moravie, est une nature plus complexe, saisie par les contradictions d’une identité mystérieuse et secrète qui même si elle semble se projeter dans son oeuvre, demeure au centre d’un complexe, quasi indéchiffrable précisément. Même si pour l’interprète le compositeur qui fut chef d’orchestre a laissé nombre d’indications très minutieuses.
Mais d’emblée, en plus des caractères spécifiques que l’Orchestre peut apporter, Daniele Gatti a une vision très précise de la sonorité mahlérienne: « Pour interpréter Mahler, l’orchestre doit être soutenu par une section de cordes au son dense, profond, grave dans tous les sens du terme, ce qui n’exclut pas que nous nous autorisions des moments plus français, au moment où l’humeur de la musique le permet, voire le demande. Mahler était lui-même chef d’orchestre, il a laissé à l’intention des
interprètes des partitions méticuleusement écrites. »

Mahler meurt avant la première guerre: c’est le dernier grand symphoniste après Bruckner, propre au début du XXè siècle. Adulé par les Viennois de l’avant-garde (Berg et Schoenberg…), il compose chaque été, au moment où la saison de l’opéra de Vienne est en retrait. La Nature mais aussi la forme du lied et évidemment le chant et l’opéra sont sous-jacents dans l’écriture de sa musique.
Le compositeur occupe une place centrale à son époque: Strauss fut un contemporain et un rival sur le plan de l’esthétique.
« Mahler n’a pas écrit de musique absolue comme Beethoven ou Bahms. Ses symphonies sont des drames sans paroles qui font alterner les mouvements très longs et les mouvements très brefs, d’ailleurs en nombre variable. Contrairement à celle de Bruckner, sa musique n’est pas fondée sur la seule progression harmonique. Comme je l’ai dit, sa démarche est plus théâtrale, plus rhapsodique, même s’il a voulu montrer dans certaines pages, je pense en particulier au Rondo burleske de la Neuvième Symphonie, qu’il maîtrisait parfaitement les techniques du contrepoint. Il y a du drame et de l’humour dans la musique de Mahler, beaucoup de nervosité, des souvenirs des musiques populaires juives, avec trompette et clarinette, juxtaposés à de grands horizons qui s’ouvrent sns fin. J’aime ces contrastes, mais certaines interprétations que j’ai pu entendre m’ont blessé : il est tellement facile d’aller dans le sens du kitsch, de
l’exagération !
« , avoue Daniele Gatti.

Cycle « tout Mahler par Gatti », du 29 octobre 2009 au 1er décembre 2011. Au Théâtre du Châtelet à Paris, avec l’Orchestre National de France.

Billetterie en ligne
www.concerts.radiofrance.fr
www.chatelet-theatre.com

Illustrations: Gustav Mahler (1860-1911). Daniele Gatti, directeur musical de l’Orchestre National de France (DR)

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