jeudi 28 mars 2024

Lyon, Musée des moulages. Hommage à Luc Ferrari Jeudi 25 octobre 2007 à 19h et 20h30

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Hommage à Luc Ferrari
(1929-2005)

Jeudi 25 octobre 2007 à 19h et 20h30
Lyon, Musée des Moulages

Compositions œuvres acousmatiques et mixtes ; 36 enfilades, Et si toute entière maintenant, de Luc Ferrari.

Célébration du compositeur le moins officiel qui ait été : Luc Ferrari, dont les œuvres, innombrables, et l’inspiration entre musique théâtrale et poétisation des bribes du réel du réel sonore ont marqué le paysage de la composition française ou américaine. Etudiants et enseignants du CNR et de Lyon-2 interprètent Ferrari et dédient leurs compositions à ce Maître en légère gravité.

Bricoleur de génie
Quel est le compositeur français évidemment non aligné dont la 2nde œuvre cataloguée (1952) s’intitulait Antisonate ? Qui en 1966 put déclarer : « je viens d’inachever ma symphonie » ? Demandait en 1969 : »Vous plairait-il de tautologuer avec moi ? » Ecrivait en 1972 une « danse des ministres chez les Pompidou », en 1967 : « Et si le piano était un corps de femme… » ? Et coetera…Vous avez trouvé depuis 4 lignes, car il n’y avait que Luc Ferrari (1929-2005) pour ainsi jalonner un parcours d’humoriste et de vrai créateur. Cela commença en la Rome du sérialisme, à Darmstadt, se poursuivit avec John Cage, et Pierre Schaeffer – malgré une brouille idéologique,car le cofondateur de la musique concrète « voulait un son, sans sens »… Bricoleur de génie, Luc Ferrari le fut dans une œuvre protéiforme et torrentielle. Y abondent les notions de sons concrets, saisis en situation réelle et sans traficage ultérieur, d’éloge du magnétophone d’écriture répétitive ou cyclique fondée sur un récit ou une narration, de micro-voyageur, de désordre (psychanalysable ?) du corps et de l’esprit, de « musique anecdotique et de paysage sonore », et cela bouscule l’auditeur. Ses Presque Rien (dont le 3e « avec filles ») ont marqué le paysage compositionnel des Trente rigoureuses et (trop ?) glorieuses. Ce drôle de compositeur était aussi, en toute décontraction, un hyper-actif : il fonda successivement les studios associatifs de Billig, La Muse en circuit, Post-Billig. Ses approximations biographiques et ses fausses dates de naissance, ses pratiques d’autodérision et d’humour ravageur, son antitechnologie verte avant la lettre et la couleur labélisées, son style nouvelle simplicité – ou arte povera comme disent ces Italiens qu’il aimait tant, là d’où venaient ses aînés, et au milieu desquels il a « choisi » de quitter un monde tristounet. Non sans nous laisser avec ses Arythmiques et son Morbido Symphony un ultime Bulletin de santé composé en milieu hospitalier…

Dans quel antique état j’erre….
On comprend que cet auteur « extériorisé sous forme de textes, d’écritures instrumentales, de compositions électro-acoustiques, de reportages, de films et de spectacles » ait si continûment voulu « observer le quotidien dans toutes ses réalités sociales, psychologiques ou sentimentales, exprimer les idées , les sensations, les intuitions qui passent ». Et que son exemple sans pontifiage puisse inspirer les jeunes générations qui ne sont pas obnubilées par la fidélité aux concepts des temps purs et durs de la langue sérielle, voire en ignorent l’essentiel. Les acousmaticiens plus particulièrement se sentent concernés par cette démarche perversement polymorphe, eux qui continuent à puiser dans la source du son réel. Le studio GRAME tutelle un hommage à ce compositeur surprenant, et le fait en milieu universitaire, avec des enseignants-compositeurs rattachés à la Faculté Musicologique de Lyon 2 et au Conservatoire de région. Le fait que cela se déroule au « Musée des Moulages » eût d’ailleurs plu à Luc Ferrari, qui se serait amusé de voir les auditeurs et leurs sons errer entre les fac-simile des statues antiques, et ainsi entrer en rêverie sur l’Héritage et le Temps Perdu…

Vue imprenable sur l’acoustique
On écoutera d’abord des musiques mixtes et acousmatiques composées par les étudiants des deux « ports d’attache »( F.Vallejos, A.Gauby, M.Guilhaume, A.Communal, M.Pernet), puis un concert monographique d’œuvres de Luc Ferrari. Les « collections de petites pièces ou 36 enfilades : est-ce le vieux rêve de ne jamais finir ou celui de toujours recommencer ? » sont du Ferrari 1985 ; « et si toute entière maintenant », de 1987, parlait de « voyage-reportage sur un brise-glace », avec un (pré ?) texte de Colette Fellous. Deux des trois enseignants sont nés un peu avant que Luc Ferrari n’inachève sa Symphonie. Bertrand Merlier est à Lyon-2, où il enseigne l’informatique musicale et les techniques de studio, et des notions aussi sérieuses que « les interfaces gestuelles innovantes », il est fondateur du GETEME ( imaginez ce qui se cache derrière chaque initiale), compose (Les couleurs du vent, 4 Hands), et a entre autres publié un Vocabulaire de l’espace en musiques électro-acoustiques. Christophe Maudot, formation classique puis GRM, explorateur compositionnel des micro-intervalles, a fréquemment – musiques mixtes et acousmatiques – travaillé pour les scènes théâtrales et se passionne pour l’espace symphonique (L’infinitude du bleu, Mesure des Parques, Rives de Sélène) ; il enseigne au CNR de Lyon. Le 3e enseignant, Stéphane Borrel, né quand Giscard d’Estaing s’installait avec « ses ministres » à l’Elysée, a fait des études scientifiques, puis musicales au CNR de Lyon, se consacrant très tôt à la composition ( Boréal ; Uchronie ; Anachronie ; Qui-vive), puis de revenir enseigner au même CNR : façon de rejouer live à La Muse en circuit…. Le total de cette originale soirée ne pourrait-il reprendre un titre ferrarien (le Maître en était un inventeur inépuisable) d’il y a 20 ans : Vue imprenable sur l’acoustique ?

Jeudi 25 octobre 2007 . Musée des Moulages, 3 rue Rachais, Lyon-3e, 19h et 20h30. Luc Ferrari (1929-2005) : 36 enfilades ; Et si toute entière maintenant. Compositions de Freddy Vallejos, Arnaud Gauby, Marjolaine Guilhaume, Aurélie Communal, Michael Pernet. Entrée libre. Information et réservation : T. 04 72 07 37 00 ou www.grame.fr

Crédit photographique
Luc Ferrari © Ina

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