mardi 29 avril 2025

Luxembourg. Philharmonie, le 17 janvier 2009. Giuseppe Verdi: Missa da Requiem (1874). London Symphony Orchestra, London Symphony Chorus. Sir Colin Davis, direction.

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Orchestre et choeur au sommet


Sir Colin Davis n’est pas un chef d’orchestre que l’on associe naturellement au répertoire italien. C’est pourtant lui et les forces du London Symphony Orchestra qui étaient invités le 17 janvier dernier à la Philharmonie de Luxembourg pour y donner une représentation unique de la Messe de Requiem de Giuseppe Verdi. Ce concert faisait suite à deux précédents, donnés durant la semaine à Londres au Barbican, résidence habituelle du London Symphony Orchestra.
Grand moment de musique que cette interprétation, puissante et passionnée, devant un public conquis et sans doute encore sous le charme de la belle acoustique de cette grande salle de la Philharmonie de Luxembourg inaugurée en 2005. Sa forme, son volume et son dessin ne sont d’ailleurs pas sans rappeler celles de la Cité de la Musique à Paris, également réalisée par Christian de Portzamparc. La gestique de Sir Colin Davis, 81 ans depuis peu, est sobre, précise et suggestive sachant solliciter l’énergie de tous et de chacun comme de mettre en valeur la grande virtuosité du London Symphony Orchestra. C’est en particulier le cas dans les nombreux passages engagés de cette œuvre, notamment dans un Dies Irae initial d’anthologie et dans les rappels successifs de ce motif. Le London Symphony Chorus, préparé par son chef Joseph Cullen, et rappelons-le, composé de chanteurs non professionnels, est l’autre héros de la soirée. Puissance, qualité de l’intonation, articulation et lisibilité sont au rendez-vous dans tous le pupitres, y compris dans les passages moins démonstratifs.
A l’évidence, le niveau est celui d’un ensemble professionnel. On se réjouit que la tradition des chœurs amateurs à vocation symphonique, vivace depuis si longtemps en Grande-Bretagne, se perpétue à ce niveau d’excellence. La France qui n’a malheureusement pas cette tradition ferait bien de s’en inspirer. La recette paraît pourtant simple : un chef de chœur de haut niveau et expérimenté dans la gestion d’un grand ensemble nécessairement hétéroclite et s’engageant avec charisme et générosité dans son développement en privilégiant le répertoire ad hoc. Le London Symphony Orchestra est l’orchestre symphonique de niveau international que l’on sait, récemment classé dans les meilleurs orchestres symphoniques du moment. L’engagement visible de tous les musiciens en même temps que la qualité individuelle, notamment des cuivres et des bois, sont au rendez-vous et au service d’un magnifique sens de l’ensemble conférant à l’orchestre un son avant tout beau, mais également précis et énergique.
Grosse déception en revanche du coté des solistes vocaux, à l’évidence pas du niveau de l’interprétation orchestrale et chorale. Le pire est certainement du coté des hommes, avec un ténor, Stuart Neill, hors sujet ne connaissant pas d’intermédiaire entre des fortissimi vulgaires et des mezza vocci artificiels désincarnés, et une basse, John Relyea, au timbre ingrat et déjà fatigué, qui fait ce qu’il peut pour exister auprès de son encombrant voisin en oubliant de faire de la musique. On n’évoquera pas davantage la mezzo Karin Cargill appelée au dernier moment pour sauver la représentation. Seule la soprano Christine Brewer tire son épingle du jeu avec un timbre assez beau et une justesse le plus souvent au rendez-vous. Mais il lui manque ce supplément d’âme, si essentiel dans cette œuvre, notamment dans le passage a cappella avec le chœur durant lequel elle ne semble pas à l’aise et montre ses limites. Après un silence quasi religieux de quelques secondes, l’accueil du public est très chaleureux notamment pour Sir Colin Davis, l’orchestre et le chœur. Ces derniers méritaient à l’évidence mieux que ce quatuor vocal décevant et bancal.

Luxembourg. Philharmonie de Luxembourg, 17 janvier 2009. Giuseppe Verdi: Missa da Requiem (1874). London Symphony Orchestra, London Symphony Chorus (chef de chœur Joseph Cullen), Christine Brewer, Karne Cargill, Stuart Neill, John Relyea. Sir Colin Davis, direction.

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