samedi 20 avril 2024

Les Tragédiennes de l’Opéra(Editions Albin Michel)

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Tragédiennes de l’opéra
(éditions Albin Michel)

Que serait l’opéra sans ses divas? A l’heure où bon nombre de théâtres cherchent à renouveler et élargir leurs publics en osant expérimenter de nouveaux dispositifs scéniques pour le bonheur des metteurs en scène (eux mêmes pas toujours musiciens ni respectueux des partitions), le catalogue édité par Albin Michel renforce les vertus de l’exposition dont il est l’éloquent miroir: restituer aux cantatrices, grandes prêtresses du Palais Garnier, leur éclat passé (et leur photogénie picturale et théâtrale), de 1875 à 1939, quand les divas étaient avant l’avènement des actrices de cinéma, les vraies héroïnes contemporaines, icônes à la fois populaires et fantasmatiques.

Dans le catalogue de l’exposition du Palais Garnier, sommaire et contenu suivent le développement illustratif et scientifique du parcours muséographique, présenté à la bibliothèque opéra du 7 juin au 25 septembre 2011.
Outre les superbes portraits photographiques des divas costumées, la publication présente 5 thématiques autour de la diva: la diva et le directeur de l’Opéra; la diva et le compositeur; la naissance de l’enregistrement; la diva et l’objectif… Autant de chapitres qui racontent aujourd’hui, le statut très spécifique de l’actrice lyrique de la fin du XIXè au début du XXème siècle.
Autant de femmes sublimes magnifiquement victimisées, dont les costumes et les parures soulignent la face admirable digne de l’adoration qu’elles ont inspirée. Voici donc ses tragédiennes dont le sacrifice et la mort inéluctable assurent le rang d’immortelles vestales. De l’une à l’autre, les portraits ici reproduits exposent le geste, la cambrure ou le maintien; l’expression et le regard pour l’éternité; elles affectent toutes une posture dont le plissé ou l’inclinaison de la tête soulignent l’héritage grec antique, tel que l’incarnent alors la statuaire des musées ou les sujets de la peinture d’histoire contemporaine… C’est tout un vocabulaire en attitudes et expressions dont les premiers films à Hollywood sauront s ‘inspirer; d’ ailleurs, certaines divas de l’opéra poursuivront leur carrière au cinéma… Et non des moindres: telle Géraldine Farrar, superbe Marguerite, Juliette ou Elisabeth (Tannhaüser), vestale à Garnier comme au Met, avant d’incarner pour le cinéma muet, Carmen de Cecil B Demille !

Derrière les effigies théâtrales se dévoilent aussi des histoires de femmes dans leur époque: conditions de travail, émoluments, gratifications, rapports au pouvoir et à la hiérarchie…
Ici ressuscitent les divas adulées : Sybil Sanderson (soprano américaine célébrée par Massenet qui lui écrit Esclarmonde à l’époque de l’ Expo Universelle de 1889, puis Thaïs; réécrit Manon…); Germaine Lubin, Emma Calvé, Rose Caron, Lucienne Bréval (qui offre son visage et son profil à l’affiche de l’exposition), Agnès Borgo, Felia Litvinne, Mary Garden, Maria Kousnetzoff; Jeanne Hatto Marie Delna ou Aïno Akté et Gabrielle Krauss (dite la Minerve antique) qui créa Henry VIII de Saint-Saëns (Catherine d’Aragon, 1883) puis Patrie de Paladilhe (Dolores, 1886)… Et tant d’autres; toutes grandes vestales du Palais Garnier. Exposition incontournable. Et catalogue qui ne l’est pas moins.

Catalogue « Les Tragédiennes de l’Opéra », Editions Albin Michel. Exposition à la Bibliothèque-musée de l’Opéra, Paris, Palais Garnier. Place de l’Opéra, Paris 9e. Tous les jours de 10h à 17h (sauf fermetures exceptionnelles). Entrée : 9€ -TR : 6€. 290 pages.

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