Composé pour la saison lyrique 1734-1735, Alcina dévoile comme nulle autre partition la puissance dramatique et l’acuité psychologique de Georg Friedrich Haendel. Dans la lignée des grandes magiciennes enchanteresses de l’opéra baroque, Alcina questionne l’emprise d’une ensorceleuse, qui est-elle même prise à son propre jeu ; amoureuse de Ruggiero, la magicienne dépose les armes face à l’empire de l’amour… qu’elle ne peut maîtriser. Tout son pouvoir s’est bâti sur une illusion et Haendel nous ensorcelle en décryptant la fragilité de ce pouvoir factice…
Les Épopées / Stéphane Fuget DR
Les Épopées et Stéphane FUGET abordent ainsi leur premier opéra de Haendel : une première prometteuse qui est aussi un grand défi pour l’ensemble et leur chef… D’autant que le chef poursuit son exploration de ce parlé / chanté, entre texte et musique qui a fait déjà l’excellence de ses précédentes approches chez Lully, surtout dans l’opéra italien, Monteverdi en tête…
Fidèle et respectueux de la pratique d’époque, Stéphane Fuget ajoute pour colorer et caractériser le continuo, le violoncelle et la contrebasse, complices habiles et désignés du clavecin pour mieux encore envelopper et porter le chant … Alcina est un opéra magique qui abonde en effets surnaturels, où la magicienne Alcina attire les humains sur son île enchantée pour les transformer en pierres, en arbres ou en animaux sauvages. Le jeune chevalier, Ruggiero, dont elle s’éprend et à qui elle laisse sa forme humaine, se libère de la magicienne. Grâce à un anneau magique qui le délivre de l’ensorcellement d’Alcina, il brise l’urne qui contient ses pouvoirs maléfiques, et redonne aux captifs leur apparence humaine.
Haendel enchaîne airs somptueux inspirés par les épisodes magiques et dramatiques. Il réserve ses plus beaux airs à Alcina : le récitatif accompagné « Ah! Rugiero crudel » et l’air qui le suit « Ombre pallide » (acte II, scène 12) constituent le sommet musical et dramatique de l’œuvre voire de tout le théâtre haendélien. Terrassée de douleur, trompée, Alcina hurle vengeance, mais les « ombres » restent sourdes à son appel. Démunie, solitaire, consumée par sa passion, elle tombe vaincue dans le désespoir (sublime lamentation « Mi restano le lagrime » (acte III, scène 5)… La magicienne démasquée éprouve la misère humaine, dans l’impuissance et la douleur. Parmi une distribution très prometteuse – dont le sopraniste vedette Samuel Marino (dans la rôle d’Oberto) saluons plusieurs chanteurs avec lesquels le chef a travaillé sur la durée, partenaires familiers dans l’articulation dramatique et intelligible du texte. Stéphane Fuget aborde Haendel avec l’engagement et ce travail spécifique sur les accents de la langue qu’on lui connaît, en particulier depuis ses lectures superlatives des Grands Motets de Lully, enregistrés pour le Label Château de Versailles Spectacles, cycle incontournable que tout mélomane se doit de posséder. Photo : portrait Stéphane Fuget © Pascal Le Mée
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Festival international; opéra baroque & romantique de BEAUNE
Samedi 19 juillet 2024, 21h
BEAUNE, Cour des Hospices
RÉSERVEZ directement vos places sur le site du Festival de Beaune :
https://festivalbeaune.com/evenements/alcina/
Distribution
Les Épopées / direction : Stéphane Fuget
Alcina – Ana Maria Labin, soprano
Ruggiero – Ambroisine Bré, mezzo-soprano
Morgana – N.N
Bradamante – Floriane Hasler
Oronte – Juan Sancho, ténor
Melisso – Luigi de Donato, basse
Oberto – Samuel Marino, soprano
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REPRISE : Les Épopées et Stéphane Fuget reprendront ALCINA à l’Opéra Royal de Versailles, mardi 29 avril 2025, dans une autre distribution comprenant Lisette Oropesa dans le rôle-titre, Gaëlle Arquez, Philippe Talbot, Teresa Iervolino, Guilhem Worms…. Production à ne pas manquer. Plus d’infos sur le site du Château de Versailles Spectacles : https://www.operaroyal-versailles.fr/event/haendel-alcina/
