vendredi 19 avril 2024

LABELS. PAPILIO / Diana Baroni organise une collecte de dons

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papilio label diana baroni presentation classiquenews Capture_20d_E2_80_99e_CC_81cran_202013-11-27_20a_CC_80_2016_38_39LABELS. Papilio / Diana Baroni organise sa collecte de dons. Diana Baroni fait partie des artistes entrepreneurs. Flûtiste fondatrice de Café Zimmermman, la diva du traverso est aussi chanteuse, explorant des terres méconnues et métissées entre nouveau et ancien monde, à la frontière de la musique populaire et de l’écriture savante. Diana Baroni a aussi fondé son propre label Papilio dont l’identité visuel forte indique le fort tempérament et l’énergie passionnée qui caractérisent chacun des disques produits. Aujourd’hui Diana Baroni et Papilio lancent une campagne de collecte de dons pour pérenniser les réalisations accomplies (rééditer le cd La Macorina), se développer davantage autour des nouveaux projets dont THE EMIDY PROJECT, la nouvelle création de Tunde Jegede. Explications, enjeux, objectifs… Entretien avec Diana Baroni, fondatrice de Papilio, pour classiquenews.com.

 

 

 

 

CLASSIQUENEWS.COM : Pourquoi avoir fondé le label PAPILIO ?

LYON. Diana Baroni, chant et flûte enchantéeDiana Baroni : En tant qu’artiste, j’ai toujours eu la sensation de redémarrer à zéro avec l’édition d’un nouveau disque. Avec des projets artistiques inclassables, difficiles à faire rentrer dans les tiroirs habituels du marché discographique… L’envie de créer Papilio est née de ce sentiment orphelin, qui pouvait peut-être disparaître en constituant un collectif, un espace de partage artistique et humain, un toit qui pourrait accueillir et accompagner des artistes qui, comme moi, sont à la recherche d’une identité musicale particulière, loin des sentiers battus.

 
 
 

CC : Quelle en est la ligne artistique de Papilio ?

Diana Baroni : C’est toujours difficile de nommer, de labelliser des choix artistiques. Les projets édités depuis la création de la collection PAPILIO revisitent l’héritage musical du monde entier : jusqu’à présent, l’Afrique, le Nouveau Monde, le Brésil, l’Argentine. Il s’agit toujours d’un regard actuel sur leur héritage culturel et musical propre. Cela s’exprime à travers des musiques contemporaines inspirées des histoires du monde, marquées par des compositions personnelles, des reprises des classiques du folklore, de la tradition orale ou avec une approche esthétique qui « flirte » avec les sonorités du jazz ou de la musique de chambre savante.
Cela peut paraître un peu éclectique de prime abord mais reste très cohérent à la fois dans chaque disque et à l’échelle de la Collection Papilio, marquée par cette envie de partage et de réappropriation d’un patrimoine et d’une culture musicale qui disparaît peu à peu des grandes maisons d’édition.

 
 
 

CC : Présentez-nous brièvement les 4 disques déjà édités : en quoi chacun incarne-t-il les valeurs et le but esthétique de votre label ?

la_macorina_diana_baroni_cdDiana Baroni : L’aventure de Papilio a commencé avec LA MACORINA, qui est le fruit de deux rencontres : la première, musicale, entre le Diana Baroni Trio et l’ensemble de cordes parisien Alter Quintet, dirigé par Alfonso Pacin. La deuxième, littéraire, avec les cahiers de voyages de D.H. Lawrence.  L’écrivain évoque dans ses écrits l’émotion qu’on peut ressentir au Nouveau Monde lors de la contemplation d’un paysage : l’expérience du voyage sensoriel, l’empreinte qui provoque « le pli de l’âme » selon ses mots. Nous avons réfléchi avec Alfonso à l’idée de restituer à travers nos choix de répertoire, ce sentiment évoqué par D. H. Lawrence, pour construire ainsi un cahier de voyage musical, inspiré par lui, tout en revisitant des musiques traditionnelles afro-amérindiennes. Ce carnet de voyage constitue ainsi un pont entre une époque révolue mais dont les traces culturelles et musicales sont encore très enracinées, et qui nous a offert un terrain de création et de réinterprétation tout à fait passionnant ! VOIR nos deux CLIPS vidéo La Macorina : El Cosechero et Intiu Kana

 

Le deuxième volet de la collection, est dédié à l’univers de Tunde Jegede, avec qui je travaille au sein du Trio depuis 2007, un artiste global et inclassable, qui touche à des univers musicaux et artistiques aussi riches que variés. THE ELEMENTS qui est un album solo, nous a quelque part positionné dans notre ligne esthétique pour la collection. Il représente justement ce que nous souhaitons récupérer et défendre : la mémoire, les sources de l’oralité en reprenant la culture des Griots africains par des classiques et par ses propres compositions, tant en kora comme en violoncelle, le tout inspiré par le passé et par l’expérience que la scène londonienne lui a apporté depuis sa jeunesse.

 

Le troisième volet de la Collection est constitué par le travail de Ricardo Herz, violoniste brésilien virtuose et audacieux, qui a fait appel à nous d’une façon naturelle : au tout départ je lui a proposé de rééditer un disque en solo qu’il avait enregistré en studio, en jouant lui-même de toute sortes de violons, autour des classiques de Milton Nascimento, Tom Jobim, Egberto Gismonti… un disque splendide, introuvable en France. Ayant développé son volet de compositeur et se positionnant avec son trio en Europe, nous avons décidé de construire un album unique, qui reprenait quelques extraits de celui que j’adorais, et d’un dernier disque en trio paru au Brésil, tout récemment. C’est ainsi que « CHAMAOQUE? » est né, grâce aussi au travail remarquable de mixage fait par notre fidèle partenaire son, Gilles Amiel de Menard du Studio 1967. Indispensable !

 

SIN CUARTEL est le 4ème volet de la collection, parution sortie en décembre 2015, après deux disques instrumentaux ; il permet de renouer avec la voix et la chanson de texte, sa poésie, et l’univers poli-rythmique et métis des musiques sud-américaines. Elaborés par les musiciens de La Tregua en véritable équipe, les arrangements, le travail des chants et les compositions de ce trio (deux guitaristes argentins, un percussionniste chilien) restent absolument uniques et inclassables, entre jazz urbain et chants rituels en langue « yoruba ».

 
 
 

CC : Comment le fait d’être vous-même artiste interprète peut-il faire la différence avec les autres labels sur le marché ?

Diana Baroni : Actuellement et depuis déjà plusieurs années, l’artiste est porté à développer de plus en plus ses capacités pour survivre, au-delà de son talent artistique sur scène. En réalité, nous n’avons plus le choix. Cela m’a semblé naturel de partager avec les musiciens amis que j’admire, ou qui nous inspirent, de travailler en équipe pour essayer de créer un espace qui nous soit utile et redevable à tous. Le label s’autofinance par les propres ventes de disques : un disque donne naissance au suivant et ainsi de suite. On veille à que ce système, très fragile considérant les difficultés actuelles du marché discographique, puisse se développer au bénéfice des artistes et pas exclusivement des labels monopoles qui détruisent les petites économies solidaires et nivellent le marché. C’est un principe économique qui est de plus en plus adopté et adapté aux temps actuels.

En restant des deux côtés, artiste interprète et porteuse, porte-parole de Papilio, j’ai la possibilité de mieux défendre, mieux comprendre, mieux évaluer les besoins du collectif… enfin, je l’espère ! Les disques sont aussi indispensables que les concerts pour la société : on veille à les faire vivre davantage avec toute la beauté et la spécificité des objets précieux qui gardent en eux l’Instant unique, « le pli de l’âme » que révélait D. H. Lawrence. Le travail fait par notre graphiste Gwendoline Krzepisz est à ce titre exemplaire et inventif, tout en constituant la cellule identitaire de notre label. Le projet discographique ne doit pas être qu’un objet commercial, mais un environnement auquel on s’attache, pour un rapport personnel et porteur de sens envers les artistes et la Collection.

 

(Propos recueillis en novembre 2016)

 

 

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LA COLLECTE DE DONS
Aujourd’hui, Diana Baroni fait appel à la générosité de tous et cherche à collecter des fonds pour développer ses moyens autour de péréniser ses nouveaux projets musicaux et discographiques.

LIEN vers la page crowfunding de Papilio 2016-2017

Objectif de la collecte : 3 000 euros

 

 

Note d’intention par Diana Baroni

« Bonjour, je suis Diana Baroni, musicienne et co-fondatrice de Papilio, avec Gwendoline Krzepisz, graphiste.

Papilio est une collection de créations contemporaines inspirées des musiques traditionnelles du monde entier. Cette idée est née d’une grande conviction, celle de mettre en lumière la richesse et la diversité des musiques anciennes, et les faire vivre dans notre époque.

Aujourd’hui, la collection Papilio compte 4 disques : chaque disque est une nouvelle immersion, un départ vers l’exploration d’une région du monde, où l’on découvre à travers la musique l’histoire d’une civilisation, les origines d’une culture en constante évolution.

On pourrait dire que Papilio c’est une bibliothèque de voyages dans le temps et dans l’espace.

Papilio est une série unique, porteuse de grandes convictions, mais encore naissante. Ces 4 000€ nous permettraient donner vie et accompagner les nouveaux projets, mais aussi rééditer le premier disque de la collection qui est épuisé : La Macorina.

Ensuite, nous souhaitons assurer un avenir à Papilio, un bel et fructueux avenir. Et produire de nouveaux disques afin d’élargir la collection. De nouveaux nées sont en cours, comme THE EMIDY PROJECT, nouvelle création de Tunde Jegede, qui invite aussi des jeunes musiciens nigérians.

Cet argent nous est nécessaire pour que ces projets puissent voir le jour.

Soutenir Papilio, c’est participer à la conservation d’un patrimoine, c’est pouvoir écouter dans une qualité sonore exceptionnelle les racines musicales de notre monde et de notre civilisation.

Grâce à vous, Papilio deviendra une véritable audiothèque, un recueil d’une grande richesse, nous transportant aux 4 coins du monde pour en apprendre l’inépuisable histoire. »

 
 

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Approfondir

 

LIRE notre compte rendu critique du cd La Macorina

VOIR nos deux CLIPS vidéo La Macorina : El Cosechero et Intiu Kana

VISITEZ le site du label Papilio

 

 

 

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