vendredi 19 avril 2024

La Côte Saint-André (Isère). Festival Berlioz. Les 20 et 21 août 2011. Liszt, Berlioz (Les Siècles). Dubois: Le Paradis Perdu (les Cris de Paris)

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Un été … à La Côte…

« La Côte », vous connaissez? : ne songez pas à un littoral, baigné par les flux marins, mais en plein coeur de l’Isère (Dauphiné), le village natal de Berlioz, gloire nationale et fleuron de l’héroïsme romantique … surtout par la force des choses, et l’opiniâtreté de volontés tenaces et récentes, ce héros enfin réhabilité et pleinement reconnu par ses compatriotes, dans le territoire dauphinois dont chaque été, le festival « Berlioz » perpétue le souvenir, réactive la flamme, mieux célèbre et dévoile toute la modernité musicale.


Festival majeur

Depuis 2006, son nouveau directeur artistique Bruno Messina sait en renouveler le concept artistique. Il en fait peu à peu un événement vivant, dynamique à très forte attractivité: l’héritage berliozien y produit un cycle hautement festif et… scientifique; exigeant par son contenu et sa ligne de programmation mais très accessible, ludique voire décomplexé. Combinaison délicate, menée de mains de maître. Cette année pour la première fois, un colloque d’envergure internationale (« fascinantes étrangetés: la découverte de l’altérité musicale en Europe au XIXème siècle », les 24, 25, 26 et 27 août 2011) interroge entre autres, non sans raison les racines dauphinoises du compositeur, la présence fondatrice des paysages et des pratiques rurales, des superstitions locales dans l’inspiration et l’imaginaire du poète compositeur.
Au pays des Sabbats de sorcières et des dames blanches, Berlioz l’enfant s’est nourri des légendes et des rites très concrets encore en vigueur pendant son adolescence. Rien de plus logique alors que sa symphonie si révolutionnaire de 1830 s’intitule « Fantastique »… Un sommet dont la sauvagerie inventive devait tant impressionné Liszt.

Au musée Berlioz, en accès gratuit, le festivalier constate la très forte personnalité du père, introducteur en France de l’acuponcture; ce grand « magicien médecin » a certainement nourri et stimulé d’une certaine façon, lui aussi, l’ardente imagination du compositeur.
D’ailleurs, Bruno Messina qui a encore beaucoup de surprises et découvertes à nous transmettre, a souhaité renforcer la relation du festival et du musée: les espaces de la maison familiale (et natale) d’Hector, accueillent plusieurs concerts et, jusqu’au 31 décembre 2011, une remarquable exposition dédiée à l’oeuvre de Fantin-Latour inspiré par la musique de Berlioz: (« Fantin-Latour interprète Berlioz ») cycle de lithographies, dessins et peinture célèbrent, après la mort du musicien, son génie inégalable. C’est d’abord la toile monumentale conçue comme un hommage et réalisée en 1875: L’Anniversaire (illustration ci contre).
L’oeuvre du plasticien comprend ensuite les lithographies destinées à illustrer la biographie de Berlioz par Adolphe Jullien (1888). Rare correspondance et compréhension entre peinture et musique: comme il l’a fait des opéras de Wagner, Fantin recrée le climat des oeuvres de Berlioz par un trait vaporeux infiniment suggestif (qui rappelle le sfumato d’un Corrège) ; il offre à Berlioz cette aura légendaire qui ne pouvait être conçu que par un regard extérieur. Celui d’un authentique admirateur. Clou de l’accrochage donc, L’Anniversaire: toile de grande échelle, où Fantin produit par l’image une sépulture picturale dédiée au génie musicien: il y renouvelle sa série d’hommages (à Delacroix, à Manet…) car il s’agit bien d’honorer le talent du défunt sans pourtant comme ici, -et contrairement aux autres réalisations, le représenter! Car comme aujourd’hui, se sont les oeuvres qui parlent pour l’homme: Didon des Troyens, Marguerite et Faust, un ange de l’Enfance du Chrit… paraissent aux côtés de l’allégorie centrale devant laquelle se prosterne Fantin lui-même apportant une couronne végétale en guise d’hommage…
Au jeu des traversées et croisées pluridisciplinaires, le festival sait nous surprendre ; la cohésion de sa proposition musicale vient aussi de sa thématique parfaitement identifiable et claire qui permet la circulation et le dialogue entre les oeuvres et les compositeurs programmés. Autour du thème générique 2011: « Berlioz, Liszt et le diable », Bruno Messina a conçu un ensemble de manifestations et de rencontres dont les contenus et les enjeux se complètent d’un concert à l’autre.

comptes rendus

Le 20 août 2011. Cour du château Louis XI. Le chapiteau abrite jusqu’à 1.200 places. Chacun y goûte les délices multiples d’un grand concert symphonique. Parmi les festivaliers les plus fidèles, beaucoup de locaux, venant de Lyon et de Grenoble, mais aussi des Britanniques, premiers berlioziens de coeur et dont la colonie d’admirateurs se retrouve chaque été à La Côte.
Notre premier concert rappelle la présence des orchestres pendant le festival: incroyable renversement… quand Berlioz qui n’a probablement jamais organisé ni dirigé de musiciens dans son pays natal, inspire aujourd’hui tout un cycle orchestral, évoquant non sans raison quel symphoniste de génie, visionnaire et expérimental, il demeure.
Le programme est une parfaite illustration du visuel de l’affiche officielle abordant l’équation magique d’un romantisme absolu, sans limite, sauvage et même brutal par ses arêtes expérimentales: « Berlioz, Liszt et le diable ». Liszt (année du bicentenaire oblige) et Berlioz sont donc les deux figures de ce programme au contenu visionnaire. Lire le compte rendu complet

Le 21 août 2011. La Côte Saint-André, Fondation d’Auteuil. Théodore Dubois: Le Paradis Perdu (1878).
Dans la chapelle de la fondation d’Auteuil, le festival accueille l’un des temps forts de sa programmation 2011: la recréation de l’oratorio de Théodore Dubois (1837-1924) dont le sujet suit strictement la thématique de cette année: Le Paradis Perdu (1878) où la figure démoniaque revêt en effet une vivante expression qui la voit triompher.
Le Palazzetto Bru Zane Centre de musique romantique, initiateur de cette résurrection s’intéresse depuis ses dernier festival à Venise (Le Piano Romantique, avril 2010; puis Du Second Empire à la Troisième République: mai et juin 2011) à la figure de Dubois, élève et proche de Thomas, Grand Prix de Rome 1861, organiste (Sainte-Clotilde, La Madeleine), académicien en 1894 à la succession de Gounod, soit un maître officiel incontournable du milieu parisien: ses motets joués aux Frari avaient en particulier marqué la série de concerts organisés par le Centre de musique romantique française (avril 2010). Cet été, il s’agit de souligner l’écriture savante et raffinée du compositeur, son habileté dramatique qui dans le cadre d’un oratorio, dévoilent ses talents de narrateur. Avec Le Paradis Perdi, Dubois remporte le Concours de la Ville de Paris (ex aequo avec Benjamin Godard pour Le Tasse): âgé de 41 ans, il réinvestit la somme remise par la Ville et organise sur ses fonds propres, deux nouvelles représentations à destination du public (1er et 8 décembre 1878 sous la direction d’Edouard Colonne). Lire le compte rendu complet

Toutes les infos sur le site du Festival Berlioz de la Côte Saint-André, du 18 au 28 août 2011.

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