vendredi 29 mars 2024

Jean-Baptiste Lully: Cadmus et Hermione, 1673 France 2. Lundi 20 octobre 2008 vers minuit

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Jean-Baptiste Lully
(1632 – 1687)
Cadmus et Hermione (1673)


France 2
Lundi 20 octobre 2008
vers minuit

L’Opéra Grand Siècle

En 1673, Lully « invente » avec Cadmus, l’opéra français. Pour Louis XIV. A Versailles. La production présentée à l’Opéra-Comique en janvier 2008, s’inscrit comme un jalon mémorable depuis la légendaire réalisation d’Atys (en 1987, dan sle même théâtre parisien). 20 ans ont passé: il fallait bien cela pour mesurer combien on s’était trompé: Lully n’a rien d’amidonné ni d’officiel, de raide ni de précieux.
Ce Cadmus le démontre derechef: l’opéra français, ou tragédie en musique, est ici restitué plutôt que repensé. Bougies comme à l’époque, costumes foisonnants (carnavalesques: pour nous, la faiblesse du spectacle), déclamation ouvragée comme le métal le plus précieux, surtout chez les hommes…
A défaut d’une lecture unificatrice, la réalisation reste naïve, illustrative même, mais à la façon féerique et enchanteresse d’une boîte à musique ou d’un théâtre de marionnettes. Avec ses effets de machineries, ses décors peints à la Bérain, ses séductions visuelles un rien décoratives mais franches, simples, heureusement soumises à la progression du drame… D’ailleurs dans cette imagerie enfantine, le dragon que combat Cadmus n’a rien d’effrayant: il symbolise même une joute qui a fait rire le public… Louis XIV aurait-il apprécié?
Lully, première manière, ébauche avec Cadmus un premier canevas qui éblouit la Cour et le Roi, par son faste certes, mais aussi par son esprit: le Florentin connaît les ficelles de la Commedia dell’arte et reprend ce qui fit les succès des opéras vénitiens de Monteverdi à Cavalli, près de quarante années avant lui: le rire et la truculence. Voir par exemple le personnage de la Nourrice qui rappelle souvent celle de Poppée dans l’Incoronazione di Poppea du grand Claudio. Le français lyrique de Lully s’écoule sans cérémonie, avec une fluidité que les vers de Quinault rendent aérienne. Comme nous l’avons dit, si les chanteuses ont des aigus bien pointus, leur diction s’efface devant celle des chanteurs, dont le plus méritant demeure le baryton allemand, André Morsch, jamais en difficulté avec la langue du Grand Siècle. Contrepoint de sa noblesse articulée, le tempérament bouffon d’Arnaud Marzorati, décidément très à l’aise quand il faut exprimer les délices du français baroque, avec verve et délire.

Dans la fosse, Vincent Dumestre à la tête d’un orchestre soucieux d’être aussi proche de l’orchestre lullyste de Versailles, sans pour autant disposer des Vingt-Quatre Violons du Roy depuis reconstitués par Patrick Cohën-Akénine (Festival de Sablé, août 2008), soigne la diction de l’orchestre, tout en préservant la continuité dramatique. Le chef, directeur du Poème Harmonique, dans un autre registre, plus noble, ample et théâtral, renouvèle ainsi le succès du Bourgeois Gentilhomme (1670) où l’on pouvait déjà apprécié le Moufti déjanté d’Arnaud Marzorati.

Le dvd de la production de janvier 2008 vient de paraître en octobre 2008. Prochaine critique dans le mag dvd de classiquenews.com

Jean-Baptiste Lully: Cadmus et Hermione, 1673. Tragédie lyrique en un prologue et cinq actes. Livret de Philippe Quinault d’après Les Métamorphoses d’Ovide.

Cadmus, André Morsch
Hermione, Claire Lefilliâtre
Arbas, Arnaud Marzorati
La Nourrice, Jean-François Lombard
L’Envie, Romain Champion
Isabelle Druet, Camille Poul

Danseurs, Chœur et Orchestre du Poème Harmonique

Direction artistique et musicale, Vincent Dumestre
Mise en scène, Benjamin Lazar
Chorégraphie, Gudrun Skamletz
Chef de chœur, Daniel Bargier
Scénographie, Adeline Caron
Costumes, Alain Blanchot
Lumières, Christophe Naillet

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