samedi 20 avril 2024

Jane Campion, La leçon de piano (1993)France 3, le 15 mai 2007 à 20h45

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La leçon de piano
Jane Campion, 1993

Film (The Piano), Nouvelle Zélande, 2h. Avec Holly Hunter, Harvey Keitel, Sam Neil, Anna Paquin.

Film en costume d’époque certes, mais puissance onirique et dramatique d’un scénario résolument âpre, violent, d’une superbe grandeur psychologique. Le soin de la réalisatrice Jane Campion produit des images d’une ineffable beauté, dont l’esthétisme qui ne peut être ni dit ni raconté se confond d’autant mieux à son propos et à son rythme musical. Ada, veuve mal mariée, s’agite, confusément, sans pouvoir crier son désir de liberté et d’émancipation car elle est muette: femme écorchée, mais femme forte, d’une incomparable beauté d’âme.
Comme un opéra et ses leitmotifs, le déroulement cinématographique use aussi de références et de repères particulièrement suggestifs: voyez ce moment où Ada est empêchée par son mari brutal de rejoindre son amant. Mouvement fluide, suspendu de la robe qui semble flotter sur les buissons environnants. Exactement comme lorsqu’elle est précipitée au fond de l’océan dans une chute vers l’abîme où l’entraîne le piano auquel son pied est lié. Jane Campion a beaucoup de compassion pour son héroïne: elle imagine une fine heureuse à une action qui n’aurait pu être que tragique… or féministe et même très engagée, l’auteure bouscoule les règles de la trame romantique comme elle s’élève contre les convenances et l’hypocrisie de la société bourgeoise de la Nouvelle-Zélande du XIX ème où les colons britanniques imposent les usages sociaux.
En cela le regard que porte Ada sur les indigènes Maoris reste juste: ils ont compris qu’un lien avec la nature, librement consenti, généreusement préservé est la clé d’une harmonie bienheureuse…
La figure de l’amant, Georges Baines reconnaît en Ada une égale, une femme digne d’être aimée et choyée. Il reste le seul capable de s’émouvoir de la musique que joue la jeune femme sur son clavier (musique de Michael Nyman).
A chaque nouvelle touche jouée qui permet à Ada de reconquérir l’instrument, c’est à dire son âme, correspond un nouvel acte réalisé de leur attraction érotique: pour Jane Campion, la liberté de la femme se mesure à sa capacité de choisir son amant.
Palme d’or du Festival de Cannes 1993. Cesar du meilleur film étranger 1994.

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