vendredi 9 mai 2025

Jacques Offenbach: La Grande Duchesse de Gerolstein Arte, dimanche 2 mai 2010 à 9h45

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Jacques Offenbach
La Grande Duchesse de Gérolstein, 1867


Arte


Dimanche 2 mai 2010 à 9h45


Offenbach décalé

Pour les fêtes de fin d’année 2009, Bâle a convoqué Offenbach et sa Grande Duchesse délurée qui incarnée par la mezzo Anne Sophie Von Otter, trouve un relief particulier, entre élégance, nonchalance, grivoiserie et appétit sensuel croustillant… C’est d’ailleurs la cantatrice suédoise qui sur le chemin éblouissant marqué par ses aînées, Crespin, Berganza ou plus récemment Felicity Lott, illumine le projet suisse, par sa grâce badine, son chien ambivalent, son panache déluré cocasse et fantasque, son éloquence (parfois variable cependant) et sa vocalité intacte… deux qualités qui font défaut malheureusement chez la plupart de ses partenaires, y compris chez les choristes dont le verbe reste épais et confus.

Sur la scène, Christoph Marthaler « ose » comme à son habitude quitte à oublier et sacrifier le fait musical et lyrique…: la guerre franco-prussienne évoquée se réalise chez les soldats musiciens et produit ses effets surprenants: plus d’âmes vaillantes dans la fosse et l’opéra se termine par un simple accompagnement au piano! Décroissance instrumentale assez déroutante… mais le choix du metteur en scène est souverain. Sur les planches, deux niveaux de lecture et des actions forcément pas du meilleur goût, en simultané: au rez de chaussée, deux boutiques (l’une de mode; l’autre d’armes), à l’étage, un sas de passage, ample corridor d’apparition où la souveraine qui aime les militaire fait ses apparitions. Voilà qui compose un délire d’abord théâtral et scénique… mais la musique en prend un sérieux coup: Offenbach n’aurait certes pas reconnu son oeuvre dans ce méli-mélo incongru, décalé à la Ionesco, totalement perturbant (pourquoi pas), mais musicalement totalement déroutant: même l’action de l’opérette y perd son fil et tout s’apparente à une fantaisie chaotique, cynique, grinçante, déjantée.

Le maestro Niquet complice, bête de scène, s’approprie les audaces de la scénographie. En costume militaire, style général des anciennes colonies (?), le chef à la battue animée, vive, nerveuse, participe activement à la vie du spectacle dont le décalage de la mise en scène se dresse d’abord contre le buffa d’Offenbach: pétillance, légèreté, subtilité sont les qualités vers lesquelles s’orientent chef et diva. Mais ils sont bien seuls. Et y parviennent-ils réellement? Les uns seront agacés et choqués par cette mutalisation provocante de la partition. Marthaler profite de la création de l’oeuvre, -parodie antimilitariste de 1867-, écrite 3 années avant la guerre franco-prussienne (voilà pourquoi paraît dans le salon de réception, un grand portrait de Sissi)… les autres seront conquis par cette outrance délirante qui fait de l’ouvrage, un nouveau moment de performance et d’outrances, inédit.

Jacques Offenbach (1819-1880)
La Grande Duchesse de Gérolstein,

opéra-bouffe en trois actes sur un livret de Henri Meilhac et Ludovic Halévy. Créé au Théâtre des Variétés, le 1é avril 1867.
Mise en scène : Christoph Marthaler
Direction musicale : Hervé Niquet
Avec : Anne Sofie von Otter, Agata Wilewska, Karl-Heinz Brandt,
Andrew Murphy et Rolf Romei.
Choeur du Théâtre de Bâle (Theater Basler)
Orchestre de chambre de Bâle (Kammerorchester Basler)
Réalisation : Georg Wübbolt
Coproduction : ARTE (2010,131 mn)
Enregistré les 18 et 20 janvier 2010 au Theater Basler
Rediffusion du 19 avril 2010

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