samedi 20 avril 2024

Intuition. Quatuor Modigliani. Quatuors de jeunesse d’Arriaga, Schubert (Quatuor Modigliani, 2011)

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cd, compte rendu, critique
Quatuor Modigliani: Intuition
Arriaga, Mozart, Schubert

rédacteur: Raphaël Dor

Après Mendelssohn, Schumman, Haydn et Brahms, le quatuor Modigliani aborde désormais un répertoire plus méconnu. Les œuvres de jeunesse d’Arriaga, Mozart et Schubert, des œuvres aux intuitions préromantiques ou qui s’approchent du Sturm un Drang. Une musique aux fulgurances surprenantes pour des compositeurs de dix-sept ans.


3 fascinantes intuitions

Arriaga constitue la principale découverte de ce disque. Né à Bilbao en 1806, il ne mourut que vingt ans plus tard de la tuberculose, laissant déjà derrière lui deux opéras, des messes et cantates, trois quatuors ainsi qu’un octuor avec guitare et trompette (pour la plupart jamais enregistrés). Ses trois quatuors, et notamment le dernier écrit à dix huit ans, témoignent d’un art déjà sûr et prometteur qui le classent au panthéon des prodiges disparus trop tôt.
L’écriture est fraîche et charmante mais ne manque pas d’intérêt : le traitement monothématique du premier mouvement rappelle Haydn, tandis que les tremolos orageux de la pastorale, en guise de mouvement lent, annoncent un romantisme que n’aurait pas renié Beethoven. Le presto final est plus naïf dans son expression, et formellement beaucoup plus classique.

Le sixième quatuor de Mozart, en si bémol majeur K159, fait lui aussi partie des premières œuvres du compositeur. Ecrit en 1773, alors que le jeune Wolfgang a tout juste dix-sept ans, il appartient à ce que l’on appelle les « quatuors milanais » encore libres de tout modèle et en particulier de Haydn. En effet, il ne compte que trois mouvements, dont le premier est un Andante, et suit pas de forme-sonate rigide. L’on retrouve le style galant et léger de Mozart mais déjà parsemé de touches qui évoquent le courant préromantique Sturm und Drang (orage et passion) apparu dans les années 1770 notamment autour de Goethe.

Schubert a composé ce quatrième quatuor, tout comme Mozart, de manière totalement désintéressée, sans commande ni mécène, pour le simple plaisir de jouer en famille. Pourtant, il ne manque jamais d’inspiration et l’ombre romantique semble déjà planer sur un menuet tourmenté. Sa patte est déjà bien reconnaissable, et le jeune Schubert s’éloigne de ses modèles haydenniens tout en conservant un peu de légèreté.

Le quatuor Modigliani fait ici preuve d’une originalité et d’une curiosité rares. Grâce à une palette de couleurs variées, ils donnent vie aux partitions et rehaussent leurs contours. Cette fraîcheur et cette énergie subliment véritablement les œuvres d’adolescents prodiges. Quatre musiciens exceptionnels pour trois fascinantes intuitions. Raphaël Dor.

Intuition. Quatuor Modigliani. Arriaga, Quatuor à cordes n°3 en mi bémol majeur ; Mozart, Quatuor à cordes n°6 en si bémol majeur K159 ; Schubert, Quatuor à cordes n°4 en ut majeur D.46. Mirare. ref MIR168. Parution : le 17 avril 2012

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