vendredi 19 avril 2024

Hans Werner Henze: Phaedra (création)Bruxelles, La Monnaie. Du 15 au 20 septembre 2007

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Hans Werner Henze
Phaedra

(création)

Bruxelles, La Monnaie
A partir du 15 septembre 2007

On connaît de lui plusieurs opéras précédents dont le mérite insigne, rare pour les ouvrages lyriques récents, est de s’être maintenu au répertoire des théâtres contemporains: Boulevard solitude, Le prince de Hambourg, Les Bassarides… A 81 ans, Hans Werner Henze (né en 1926), qui vit en Italie depuis 1953, fait valoir une longévité créative exceptionnelle… pourtant pas si unique si l’on songe à Verdi, capable à 79 ans de produire « Falstaff ». Créé au Staatsoper Unter der Linden à partir du 6 septembre 2007, Phaedra, son nouvel opéra, tient le haut de l’affiche de La Monnaie bruxelloise, du 15 au 20 septembre 2007. Le nouvel opéra de Henze connaît un désistement imprévu: sa créatrice dans le rôle-titre, Magdalena Kozena, pour laquelle le compositeur allemand a conçu et imaginé l’ouvrage, ne chantera malheureusement pas, pour raison de santé. Dans la mise en scène de Peter Mussbach, ce sont Maria Riccarda Wesseling et Natascha Petrinsky (cette dernière, les 16 et 19 septembre 2007) qui assureront la rélève et chanteront la nature passionnée et tragique de Phèdre.

Géographie sonore, cartographie de la perception
Fidèle à la partition de Henze, les réalisateurs ont conçu une réflexion concrète sur la perception du son, le place de l’orchestre et des voix, la géographie de l’espace sonore lyrique.
Grâce à un podium, orchestre et chanteurs se déplacent dans le volume scénique. Peter Mussbach parle même d’orchestre volant, « qui flotte dans l’espace ». Il s’agit de rompre avec la théâtralité wagnérienne où la totalité agissante de l’orchestre (pourtant si essentiel) est invisible. Ainsi, l’orchestre est sur scène et les chanteurs se déplacent « entre ou devant les musiciens ». Au fur et à mesure que l’action se déroule, voix et instruments se distinguent de plus en plus nettement.
L’Ensemble Modern qui a déjà créé le Requiem de Henze (1993) connaît parfaitement ces questions des déplacements et de l’identification géographique de l’image sonore. Dans Phaedra, Henze a écrit pour un orchestre relativement restreint, 24 musiciens, où dominent surtout les phalanges de cuivres et de bois, par rapport aux cordes. Le son « Strawinsky » de l’orchestre accentue le chant intime de Phaedra où c’est l’épouse de Thésée, qui au fur et à mesure de l’action, révèle sa coupable attirance pour le bel Hippolyte. A la façon d’une « auto-analyse », et de façon plus psychologique que narrative, la figure de Phèdre, très humaine, se précise. L’échelle de l’humain qui se raconte et du spectateur qui écoute au moment de la performance son récit évocatoire, a été concrètement intégrée au dispositif scénique de cet « opéra-concert »: un grand miroir en fond de scène reflète la réalité physique du public dont la perception de ce qui se joue au moment du spectacle, est fondamentale dans l’accomplissement du drame. Dans la conception de Henze, scène et fosse fusionnent. Les instrumentistes sont même acteurs. Pour mettre au propre sa conception du mythe, héritée d’Homère, Euripide et aussi de Racine, Henze a fait appel au librettiste Christian Lenhert.

Rappel Mythologique
Après le décès de sa première épouse, l’amazone Antiope, Thésée épouse une princesse crêtoise qui serait la soeur d’Ariane, Phèdre. Le fils de Thésée et d’Antiope aimait chasser selon son voeu à Artémis, plutôt que se soumettre au culte d’Aphrodite. Celle-ci piquée de n’être pas préférée à Artémis, se venge en suscitant la mort du traître Hippolyte. Elle y parvint en instillant dans l’esprit de Phèdre, belle-mère d’Hippolyte, une passion irrépressible et dévorante, pour le beau jeune homme.
Dénoncée par sa nourrice, Phèdre se suicide mais elle laisse une lettre à l’attention de Thésée dans laquelle elle accuse Hippolyte de l’avoir violer. Furieux, Thésée avec l’accord de Poséidon son père, maudit son fils. Il suscite un monstre marin qui surgissant des flots effraie les chevaux du char d’Hippolyte. Celui-ci bascule et son corps est traîné jusqu’à la mort par son attelage en panique. Artémis révéla l’innocence du jeune homme. Thésée institua un culte en l’honneur d’Hippolyte, son fils sacrifié. Lire notre analyse du mythe de Phèdre

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