samedi 20 avril 2024

Haendel: Giulio Cesare (Dessay, Haim, 2011) 2 dvd Virgin classics

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Elle avait rater sa Manon dans une mise en scène vulgaire et laide de Coline Serreau: Natalie Dessay prend sa revanche sur la scène parisienne dans ce Giulio Cesare de Haendel. En février 2011, la diva française assure avec un vrai tempérament musical tous les airs de Cleopâtre, vraie protagoniste de l’opéra: trouvant même de sombres accents pour  » Moriro… ». Le vrai argument de cette production assez déjantée, c’est assurément la mise en scène de Pelly qui fidèle à sa marque mêle humour et gags dans un contexte facilement identifiable: toute l’action se déroule dans les réserves du Musée du Caire; l’idée est excellente, les références à l’histoire des Ptolémée trouve une mise en situation fluide et diversifiée; c’est un ballet incessant de statues romaines et égyptiennes, mais aussi de colonnes papyriformes, heureux contrepoint à l’air  » Moriro…  » déjà cité, par exemple.

Aux côtés de la soprano, le Ptolémée de Christophe Dumaux est épatant: pervers, tendu, très engagé; il faut bien l’innocence revancharde du jeune Sesto (Isabel Leonard remarquée dans le rôle travesti) pour éradiquer définitivement ce politique tortueux, rival de sa soeur et assassin du grand Pompée… Le César de Lawrence Zazzo est honnête et souvent d’un bel aplomb dans les vocalises. Et le velours ample et souple de Varduhi Abrahamyan donne du relief au profil tragique et grave de la belle Cornelia: le veuve de Pompée malgré ses accents funèbres et tragiques est courtisée par les hommes: Achilla et Ptolémée lui-même qui décidément ne recule devant rien… Le tableau le plus réussi est assurément le sublime air de Cléopâtre au II: sonorités célestes (bien souvent absentes chez Emmanuelle Haïm) mais diva piquante et drôle dans un tableau de séduction qui se joue des registres poétiques… Voilà du grand Pelly qui fonctionne admirablement grâce à la complicité et la verve scénique d’une Dessay amusée.
Même l’épatant Dominique Visse et son timbre goguenard réusit tous ses airs en Niremo soulignant combien le personnage est ici l’avatar tardif des gouvernantes et confidentes héritées des opéras vénitiens du siècle précédent (Monteverdi, Cavalli…).

Reste l’orchestre et son chef: vrai problème à nos yeux pour une approche vraiement captivante de l’action: quelle direction lourde et systématique. Emmanuelle Haïm manque d’imagination, de liberté, de sensualité comme d’abandon, dans une partition qui est l’une des plus captivantes de Haendel. Dommage: pour Haendel, se reporter évidemment à Minkowski et surtout Christie, indépassable dans la compréhension toute en finesse et légereté du divin Saxon.

Lire aussi notre compte rendu critique de la représentation de Giulio Cesare avec Natalie Dessay à l’Opéra Garnier à Paris en janvier 2011.

Haendel: Giulio Cesare. Natalie Dessay, Lawrence Zazzo, Christophe Dumaux, Dominique Visse, Isabel Leonard… Le Concert d’Astrée. Emmanuelle Haïm, direction. 2 dvd Virgin classics ref.: 0709399 9. Enregistré en février 2011. 3h20mn.

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