Etonnante surprise que cette parution d’autant plus opportune en 2011, année Mahler qui marque le centenaire de sa disparition. En septembre 2008, Manfred Honeck (9è directeur musical de la phalange américaine, nommé en janvier 2007) dirige le Pittsburgh avec une classe hédoniste de premier plan, de plus servi par la prise de son sacd qui flatte les timbres (cuivres et bois en particulier), mais aussi les spatialisations et les plans étagés de cette Titan qui brille par l’allant voluptueux de ses mouvements lents (quelle science affûtée des timbres!): un premier, Langsam, précis et mordant, caressant, tendre avec une nervosité irrésistible. Le 3ème, marche au supplice sur l’air des Frères Jacques, « Feierlich und gemessen »… est tout autant magnifiquement abordée avec un recul et un cynisme filigrané préchostakovien… (décidément les cuivres sont absolument superbes de panache et de couleurs).
Hélas on reste moins convaincus par l’emportement dilué du dernier mouvement, moins vif moins serré, plus brouillon. Ses éclairs paniques, ses convulsions perdent la vitalité et le relief du début. Trop de précision et de détail finit par aplatir et retarder l’hypertension du final. La fin piétine… Dommage. Les 3 premiers mouvements sont de notre point de vue, un indiscutable aboutissement élégantissime (assistant d’Abbado, l’australien Honeck a été formé dans le milieu viennois, instrumentiste engagé au Philharmonique de Vienne) et très fouillé d’un remarquable mahlérien. Ce que le chef a à nous dire ici, est souvent très convaincant. Cette Titan mérite le meilleur accueil: en plus d’une analyse très fine de la partition qui nous vaut des passages climatiques exceptionnels, le chef du Pittsburgh éblouit par son oeuvre d’architecte, affaibli cependant dans les mouvements lents. Qu’en sera-t-il des autres volumes de cette probable intégrale Mahler?
Mahler: Symphonie n°1 « Titan ». Pittsburgh Symphony orchestra. Manfred Honeck, direction.
