vendredi 19 avril 2024

Grand entretien avec Olivier Morançais, directeur du Théâtre de Poissy

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morancais-olivier-theatre-de-poissy-saison-2015-201-6--enfant-spectateur-opera-entretien-sur-classiquenews-juin-2015Grand entretien : Olivier Morançais. Le nouveau Théâtre de Poissy c’est lui ; l’opération « Enfant, spectateur, opéra » poursuivie chaque année dans les classes est sa réponse à la crise : sensibilisation, pédagogie, partage, éducation.  Avec panache et courage, le directeur du Théâtre de Poissy Olivier Morançais, poursuit surtout la politique exemplaire de son prédécesseur Christian Chorier aujourd’hui décédé : faire de Poissy une ville dédiée à la culture, dévouée à sa large diffusion, à son accessibilité. De fait, la saison musicale à Poissy propose des grands concerts et de grands artistes ailleurs programmées dans des salles chères, à Poissy dans des conditions tarifaires plus qu’avantageuse. Et si qualité, bon marché rimaient avec Poissy ? Entretien avec Olivier Morançais, directeur du Théâtre de Poissy. Propos recueillis par notre rédacteur Pedro Octavio Diaz.

 

 

 

CLASSIQUENEWS : Bonjour Olivier Morançais, vous nous recevez aujourd’hui au Théâtre de Poissy. Tout d’abord, pouvez-nous présenter en quelques mots le Théâtre de Poissy et votre parcours ?

Olivier Morançais : Le Théâtre de Poissy est un théâtre qui possède plusieurs particularités. La première est qu’il se trouve dans la ville de Poissy, dans l’Hôtel de Ville. Il y en a une dizaine comme ça en France. Il a été construit au même temps en 1937 et modifié en 1991pour être une salle de 1028 places sans fosse d’orchestre et proscenium et de 976 avec la fosse d’orchestre et le proscenium. Beaucoup l’appellent« l’opéra-théâtre » parce que le son y est totalement extraordinaire, il a été conçu pour la musique classique, pour la musique baroque et c’est vrai que l’acoustique est relativement excellente, et de grands chefs d’orchestre disent meilleures même à certaines grandes salles parisiennes. C’est un lieu pluridisciplinaire avec une dominante musique classique, musique lyrique, musique baroque.  Mais où depuis 5ans que je suis là, j’ai amené du cirque, de l’humour, du théâtre classique et contemporain, de la danse contemporaine, du jazz. Sur ce point je suis assez fier parce qu’il n’y avait pas de public de jazz à Poissy, ça fait 5 ans déjà qu’on a créé un vrai public de jazz. D’ailleurs, nous sommes associés au festival Blues sur Seine où on fait soit l’ouverture, soit la clôture. Alors, concernant mon parcours, je suis avant tout comédien, je crois qu’on le reste toute sa vie, surtout quand on a débuté à 20 ans. Mais aussi metteur en scène de théâtre, metteur en scène d’opéra, j’en ai monté 8. J’ai été artiste en résidence et compagnie en résidence à Herblay, dans le Val d’Oise,  pendant 13 ans. Et puis j’ai été directeur du Grand Théâtre de Calais, à qui j’ai donné son nom. Et puis je suis arrivé à Poissy en octobre 2010, il y a presque 5 ans.

 

CLN : Dans ce contexte de crise, quels sont les enjeux d’un théâtre comme celui de Poissy ?

OM : La nature d’un théâtre comme Poissy est d’abord d’être un théâtre de ville. Donc de s’adresser tout d’abord au public Pisciacais et du public Yvelinois.  Tout d’abord parce que les soutiens premiers du Théâtre sont la ville de Poissy et le département des Yvelines.  Ensuite je pense que comme tout théâtre de ville inscrit dans un territoire, le deuxième enjeu est de s’inscrire dans une action pédagogique forte envers tous les publics et, prioritairement en ce qui meconcerne, du jeune public scolaire. J’entends par là les scolaires de la maternelle au lycée. Avec, à Poissy, une particularité que j’ai apporté d’Herblay, où j’avais expérimenté la chose avec l’ancienne directrice du Théâtre d’Herblay, qui est de faire une opération qui a pour nom : « Enfant, spectateur, opéra » qui dure 4 mois et qui investit très fortement les enseignants, l’équipe artistique du projet d’opéra choisi et moi-même au théâtre. Le principe est le suivant : en octobre, on fait une réunion avec les enseignants qui souhaitent entrer dans le projet où on leur explique, avec la responsable pédagogique Mme Janie Lalande, la nature du projet que le metteur en scène et le chef d’orchestre vont monter. Cette année,  par exemple c’était le Barbier de Séville, l’année précédente c’était La Traviata, l’année précédente encore c’était Norma de Bellini. Durant la réunion préparatoire on explique aux enseignants que le metteur en scène et le chef d’orchestre viendront successivement dans leurs classes pour parler de mise en scène, d’opéra, de l’œuvre en question, des personnages, des situations, de la musique et des partis pris artistiques.  De plus, une chanteuse ou un chanteur lyrique nous accompagnent pour expliquer la mécanique du corps. On réunit les classes par école et on leur explique ça pendant plusieurs heures.
En novembre-décembre, Mme Janie Lalande va passer une heure par classe avec l’enseignant pour expliquer l’œuvre, l’année prochaine par exemple ce sera La Traviata ;  là ils expliquent  les personnages, les rapports humains entre les protagonistes. Puis en début d’année, l’enseignant fait aux élèves des séances d’écoute active et passive avec des enregistrements.  Après le professeur rebondit grâce à l’œuvre étudiée surd’autres matières,  par exemple le livret de Traviata peut faire appel à l’étude de la langue, le Français, la musique au calcul, surtout en primaire. L’opéra est un outil pédagogique formidable qui permet de toucher toutes les matières que les enseignants ont à transmettre aux enfants. Troisième étape, on vient avec l’équipe artistique pour faire une nouvelle séance de préparation. Puis quatrièmement, les élèves assistent à la répétition générale dans son intégralité, pendant 2h ou 2h45, et ils ressortent de là gorgés de bonheur, enthousiasmés. La première année nous avons eu 5 classes, la deuxième année 17 classes et la troisième année 27 classes, c’est à dire que cette saison, pour Le Barbier de Séville, nous avons accueilli 631enfants. Ces élèves ont travaillé sur l’opéra pendant 4 mois et ont apprit une œuvre en entier et connaissent mieux que quiconque les rapports humains qui s’y déroulent et les situations que s’y développent. C’est un projet qui a évidemment des conséquences positives dans la vie scolaire.  On est les seuls en France à faire ça sur une classe d’âge tous les ans depuis trois ans, il y en aura encore une l’année prochaine et j’espère l’année suivante.

 

CLN : Justement sur le territoire de Poissy, existe-t-il une réponse des institutions publiques à ce projet ?

OM : Oui et non, c’est à dire, que je suis parti de l’idée que les enseignants devaient être le premier vecteur de transmission d’art et de culture en direction des enfants. Lorsque ceux-là et ceux-ci s’emparent et s’approprient le projet, on n’a plus besoin de l’institution. Evidemment les institutions sont prévenues, évidemment on a leur soutien moral, philosophique et même culturel, puisque la responsable pédagogique musique de la Région assiste à nos interventions. On n’a pas eu besoin de solliciter du financement public. Le département nous soutient et est constamment informé par un rapport que nous rédigeons sur l’œuvre présentée et étudiée dans l’année. Mais l’initiative vient du Théâtre de Poissy en direction des enseignants pour les élèves.  Dans ma carrière, ce n’est pas nouveau puisque je l’ai vécu durant 13 ans au Théâtre d’Herblay. J’y ai compris que quand on met une petite graine d’opéra dans la tête des enfants, quelle qu’elle soit, cette graine et quoi que les enfants en fassent, peut  transformer de fond en comble l’état d’esprit de l’enfant ; au fond de lui-même, il sera un peu différent, il sera un peu plus ouvert sur le monde, un peu plus ouvert sur la différence, il aura un sens un peu plus critique sur ce qui se passe autour de lui.  Je l’ai expérimenté à Herblay et ça se passe à Poissy et j’en suis ravi.

 

CLN : Quels sont les établissements que vous touchez ?

OM : Les primaires,  pour cette année et les trois ans passés. Et cette année, je suis en projet de continuer le projet sur les primaires CE2, CM1, CM2 parce que les enfants sont à une étape plus encline à saisir la multitude d’informations que peut procurer un opéra. On parle de situations, de personnages, de costumes, de musique, de chef d’orchestre, toute une masse d’informations qui n’est pas simple, donc il faut quand même des enfants qui ont entre 8 et 11 ans. Et ils sont terriblement et avidement réceptifs et demandeurs dès qu’on leur offre la possibilité de comprendre. D’ailleurs grâce aux enseignants de Poissy,  à qui je rends hommage,  ceux qui suivent ce projet depuis le début ont des enfants qui vont donc voir 3 ou 4 opéras dans leur scolarité de primaire au Théâtre de Poissy. Donc c’est une chance inouïe pour ces enfants puisqu’ils sont « piqués »  au cœur et à l’émotion pour la durée de leur vie concernant l’approche du spectacle vivant. Le but étant évidemment, in fine, d’en faire des spectateurs avertis, critiques et aimants du spectacle vivant qui reviendront  adultes avec leur famille dans les salles de spectacle. Par ailleurs pour la saison 2016 / 2017, j’ai un autre projet avec un grand chef d’orchestre concernant les lycées.

 

CLN : Avec ce« laboratoire », vous êtes entrain de former votre futur public d’opéra. Mais est-ce que vous comptez étendre cette expérience au théâtre ?

OM : Oui et non. Pour étendre cela au théâtre il est nécessaire de passer par l’institution, l’Éducation Nationale, notamment par les classes PAC (Projet d’Action Culturelle). Le projet vient immanquablement des enseignants. J’ai deux enseignants dans deux écoles qui se positionnent sur un projet d’Action Culturelle dans leurs classes et qui me demandent de leur proposer des artistes et des compagnies qui vont travailler avec eux sur des projets d’écriture et de mise en scène théâtrales. C’est plus confidentiel.  Ce n’est pas toute une tranche d’âge, ni toutes les écoles de Poissy.

 

CLN : Alors si je comprends bien, pour résumer, sans aucune subvention supplémentaire, vous faites ce projet.

OM : L’Opéra de Paris le fait mais pas sur une tranche d’âge et pas sur 4 mois de durée d’apprentissage. D’autres théâtres le font sûrement en France ou en Île de France, mais pas avec cette durée et cette pérennité ni avec cet approfondissement ni cette approche méthodologique. Pour notre part, nous donnons aux enseignants qui suivent ce projet un dossier de 80 pages. Par exemple pour le Barbier de Séville, on y trouve l’historique de l’œuvre, la pièce de Beaumarchais, le livret de l’opéra, la musique et tout cela est décortiqué « comme une crevette rose », comme je dis aux enfants, pour aller au fond de l’outil pédagogique que peut représenter l’opéra. Nous sommes les seuls à aller autant en profondeur. On y trouve aussi plus loin, les maisons d’opéra, les tessitures… c’est extrêmement complet.

 

CLN : Est-ce que vous pensez exporter cette idée ?

OM : Non, ce n’est pas possible parce que le concept fonctionne à partir de la création d’un spectacle, une fois que cette création a lieu tout le travail préparatoire est déjà achevé. Je vous rappelle que les enfants assistent à la répétition générale. C’est très difficile de le refaire ailleurs, à moins de refaire une générale encore et les moyens, financiers et physiques, que cela mobilise seraient énormes puisqu’il faudrait faire tout le parcours sur une autre ville.

 

CLN : Et des coproductions avec d’autres théâtres ?

OM : Le producteur, jusqu’à présent, était l’association Opéra côté Cœur qui gérait les trois derniers spectacles et sont toujours en coproduction avec d’autres salles dans d’autres villes ne serait-ce pour la création de leurs spectacles. Ils essayent aussi d’aller dans ce sens et dans cette action pédagogique forte sans pouvoir aller jusqu’au bout. Ici c’est particulier parce que nous accueillons la création du spectacle. On ne peut pas faire semblant de créer un spectacle devant les enfants, ils s’en rendent compte tout de suite et leur réaction est impitoyable et ça ne passe pas.

 

CLN : Forcément, c’est un projet formidable parce que vous formez les mélomanes de demain. Et pour les mélomanes d’aujourd’hui, les jeunes adultes et jeunes actifs est-ce que vous développez aussi une approche ?

OM : Ce que je demande de plus en plus au directeur musical de chaque concert programmé à Poissy c’est de prendre un petit quart d’heure pour expliquer la musique que le spectateur va entendre. Tout le monde n’est pas un grand spécialiste de musique classique. Moi-même je suis un amateur éclairé de la musique, je suis tombé dedans par amour instinctif, j’ai aussi besoin qu’on m’explique ce qui s’y passe. Et comme je suis allé dans des festivals où ça se fait, j’ai décidé de le faire à Poissy. Effectivement quand on le fait, le public à l’entracte ou à la fin du spectacle sort ravi. Un spectateur, un soir m’a dit : « c’est une très bonne initiative parce que ça nous rend intelligents, on comprend mieux, on ressent mieux, et on prend plus de plaisir encore à la musique qu’on entend. »

 

CLN : D’ailleurs, j’ai remarqué votre formidable politique de tarifs et abonnements avec la carte d’adhésion.

OM : En effet le système est extrêmement simple, j’espère qu’il va le rester, je me bats pour qu’il le reste. Il restera tel quel la saison prochaine. Vous prenez une carte d’adhérent à 10 € et vous avez la seule obligation de prendre 6 spectacles à un tarif préférentiel évidemment. Si vous prenez une deuxième carte pour un conjoint ou un ami, l’adhérent peut faire bénéficier des tarifs préférentiels à un tiers sur un seul spectacle. On essaye de créer une dynamique. Le public ne s’y est pas trompé puisque cette saison on a démarré à 1500 adhérents et on la finit avec 2200 adhérents. En l’espace d’une saison on a considérablement augmenté notre public fidèle. C’est pourtant paradoxal pour les finances à cause dutarif préférentiel, mais au même temps on fidélise un public et ça me permet de leur faire des propositions parfois plus pointues, un plus osées sur certains spectacles de théâtre, où il n’y a pas forcément des grosses vedettes et ça me permet de leur dire : « Faîtes-moi confiance, et venez, de toutes façons vous êtes adhérents, vous avez un tarif préférentiel alors profitez-en. »

 

CLN : C’est justement quelque chose d’unique. La comparaison est intéressante. Puisqu’on voit dans votre programmation parfois des spectacles ou des concerts qui passent à la Philharmonie de Paris, avec une première catégorie à 90 € ou au Théâtre des Champs-Elysées à 140€ et on les retrouve à Poissy à 35€ en première catégorie.

OM : Elle montera à 40 € l’année prochaine, mais ça reste abordable pour des fans de musique classique qui font parfois des centaines de kilomètres pour voir des artistes. Pour le théâtre, c’est différent, ce n’est pas le même public, ce n’est pas la même démarche. Je vais souvent au Festival de Sablé, et chaque année je suis très surpris de constater sur le parking de la salle des plaques minéralogiques qui viennent de l’Europe entière et ça c’est spécifique au public de musique classique et même de musique tout court, puisqu’on trouve le même phénomène dans les festivals de rock et de variétés. C’est moins le cas pour le public de théâtre. Ici la politique tarifaire jusqu’à présent était de se positionner sur l’ouverture du Théâtre de Poissy au public le plus large possible et aussi au plus grand nombre en matière de budget. On va augmenter un peu cette année, et on est tous obligés de le faire, il y a moins de dotations de l’Etat donc un peu moins de dotations de la ville, il y a aussi un phénomène de crise et une augmentation des coûts de production musique ou théâtre quelles qu’elles soient. Mais on reste très en dessous des tarifs des salles parisiennes.

 

CLN : Vous formez donc votre jeune public avec les projets pédagogiques, vous appliquez une grille tarifaire très abordable et en plus Poissy bénéficiera du dézonage général à la rentrée de Septembre.

OM : Oui, on va bénéficier du dézonage du passe Navigo qui passe de 104 € pour 5 zones à 70 €. Effectivement ça permettra à d’autres personnes de Paris de venir au Théâtre de Poissy, d’autant que nous sommes très bien desservis. Poissy est à 19 minutes de la Gare Saint-Lazare, il y a un RER A toutes les 15 minutes et on est à 30 minutes en voiture depuis la Porte Maillot ou de la Porte d’Auteuil.

 

CLN : Concernant le public fidèle, c’est surtout un public local ou d’ailleurs ?

OM : Surtout un public Pisciacais et Yvelinois à 60%, des 40% majoritairement du Val d’Oise et des départements autour et bizarrement 1% de Parisiens. Au même temps ça s’explique par la multiplication des salles parisiennes de musique classique, la Philharmonie qui vient d’ouvrir notamment. Aussi la démocratisation de la culture qui veut qu’il y ait plus de salles qui programment de la musique classique, du baroque ou de l’opéra mitoyennes de Paris. Le public se repartit.  Malgré tout ça ne me gêne pas parce que le 1% de Parisiens vient pour les rendez vous tels Jordi Savall ou Laurence Equilbey, par exemple alors que ces deux artistes passaient l’un et l’autre dans les salles de la Philharmonie 1 et 2. Ça veut dire que lepublic vient grâce à la grille tarifaire. Evidemment c’est moins chic, mais c’est plus chaleureux, plus convivial et plus direct.

 

CLN : Justement cela s’explique aussi parce que vous êtes le programmateur d’un Théâtre de grande renommée notamment dans la redécouverte du baroque.

OM : Christian Chaurier, mon prédécesseur, a fait un travail remarquable de vulgarisation de la musique baroque pendant 18 années, je lui rends toujours hommage. Il a bénéficié d’une chose à son époque, mais ça n’enlève rien à son mérite,  il y avait 5 lieux de baroque en France : Royaumont, Pontoise, Poissy,  Sablé et Ambronay. Donc forcement les « fans » du baroque se déplaçaient depuis le début sur ces 5 lieux.  Depuis les années 90, avec la démultiplication des ensembles issus des grandes formations type Les Arts Florissants par conséquent, le baroque s’est dilué dans plusieurs lieux et salles en France, donc le public se répartit davantage. Poissy a moins de public baroque spécifiquement, mais en revanche on a gagné un public de musique classique auquel se mélange volontiers le public de musique baroque. Ce qui élargit la nature du public de musique, c’est une très bonne chose.

 

CLN : Alors quand vous programmez, vous faites des projets spécifiques ou vous participez à des tournées de certains programmes. Parce que souvent vos consœurs et confrères programmateurs préfèrent des programmes spécifiques qu’on ne voit nulle part ailleurs, aux concerts et spectacles en tournée partout.

OM : Moi, ça ne me choque pas du tout. Je ne fais pas des projets avec les salles, je fais des projets avec les artistes. Par exemple juste avant notre entretien j’étais en ligne avec Jérôme Correas des Paladins pour un projet en 2016 / 2017. Je sais qu’il va créer ici ce projet mais qu’il va le tourner ailleurs. C’est l’occasion d’avoir moins de contraintes et de s’essayer ici sans les critiques positives ou négatives. En revanche ce qui me déplait souverainement quand les artistes me disent qu’ils ne peuvent pas venir à Poissy parce qu’ils ont une exclusivité d’une des salles parisiennes. Alors j’ai envie de répondre à mes collègues parisiens qu’ils font une grave erreur en empêchant aux artistes de se produire avant ailleurs pour qu’ils arrivent au maximum au concert à Paris et aussi ils interdisent à une catégorie du public qui n’a pas les moyens d’accès à ce type de spectacles. Et finalement ceux qu’ils pénalisent, c’est à la fois le public et les artistes.  Donc je trouve cette notion d’exclusivité parfaitement ridicule, égoïste et anti-démocratique vis à vis de la façon dont nous avons de jouer notre rôle d’éducateur musical sur l’ensemble des publics.

 

CLN : Finalement, Olivier Morançais, quelles seraient vos ambitions pour le Théâtre de Poissy ?

OM : L’ambition de faire de cette salle, qui le mérite grandement, de ce public qui le mérite tout autant et de cette municipalité, un opéra-théâtre / Scène Nationale à vocation lyrique. Je pense que ce sera très difficile, ce n’est pas en cours pour le moment pourtout un tas de raisons, mais je sais que la DRAC Île de France est très attentive à ce qui se passe ici en matière de musique classique et de lyrique. Il n’est pas du tout impossible qu’on arrive à signer un partenariat avec eux sur la saison 2016 / 2017 avec notamment un chef d’orchestre avec qui ils travaillent beaucoup. Donc ça va demander du temps, ça va demander de la volonté politique, même si je sais qu’à Poissy, cette volonté politique existe pour ce projet. Ensuite ça va demander de la part de la DRAC et éventuellement du Ministère de la Culture une volonté de labelliser une salle « Scène Nationale lyrique » ou « Conventionnée lyrique ».

 

CLN : Et bien nous le souhaitons de toutes nos forces pour vous et pour Poissy. Merci beaucoup pourcet entretien passionnant. Nous vous souhaitons beaucoup de succès pour ceprojet courageux avec le jeune public.

OM : Merci en tous cas  de relayer cette aventure avec ces enfants qui est absolument passionnante et qui plaît aux enfants, aux enseignants et aux parents. Ces mêmes parents qui s’étonnent de l’émerveillement des enfants à la fin du projet, et bien nous avons travaillé avec eux pendant 4 mois et nous leur avons apporté du bonheur, nous leur avons ouvert les portes du bonheur.

 

CLASSIQUENEWS.COM : Vous en faîtes des passionnés.

Olivier Morançais : Exactement.

 

 

 

Entretien avec Olivier Morançais, réalisé en avril 2015. Propos recueillis par Pedro Octavio Diaz

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