GRAND ENTRETIEN avec Jesse Mimeran… En prélude au concert exceptionnel annoncé ce 17 novembre 2017 Salle Cortot, où pas moins de 11 jeunes talents parmi les plus prometteurs de leur génération se produiront, le ténor et directeur artistique de l’événement, Jesse Mimeran, explique ses motivations, précise les enjeux de ce récital unique pour les jeunes musiciens…
Quel est le profil spécifique de tous les jeunes musiciens, instrumentistes et chanteurs qui se produisent ce 17 novembre 2017 à CORTOT ? Quel est pour vous le but de cet événement ?
JM: Et bien tout d’abord bonjour et merci pour cet entretien, j’en profite pour saluer chaleureusement vos internautes. Cela fait déjà plusieurs années que j’ai un projet comme celui-ci. Je trouve que cela a toujours eu du sens que d’associer plusieurs jeunes talents lors d’un même concert, ça se fait rarement et cela offre plusieurs choses. Notamment celle de réunir le public expert, le public le plus érudit du classique qui je pense connaît bien les artistes de notre concert ou du moins la plupart, et un public peut être plus novice, car un concert de 11 jeunes artistes permet véritablement d’apporter une manière différente de percevoir « l’esprit concert » : la jeunesse offre ça, la jeunesse offre une fougue, une folie peut être mais certainement une intensité d’âme qu’il ne faut je crois jamais perdre, et il me semble que le public apprécie cela. D’une certaine manière, notre jeunesse permet un concert plus intime et une relation plus proche avec le public. On va, au cours de cette soirée, je pense, partager énormément de choses avec les spectateurs, des émotions, des pleurs et des rires mais aussi et surtout la musique.
11 jeunes talents classiques et romantiques
Nous avons parmi nous des artistes extraordinaires qui ont même parfois gagné plusieurs des plus grands concours au monde. Je pense à Yan Levionnois, à Alexandra Conunova, ou encore Anaïs Gaudemard chez les instrumentistes qu’on ne présente plus ; ils ont remporté les prix les plus prestigieux au monde de leurs instruments et font partiee des plus grands de leurs générations voire toutes générations confondues. Et nous pourrions continuer ainsi avec chaque artiste de ce concert, Manuel Vioque-Judde à l’alto est un gagnant de Los Angeles et du concours de L’Ile de Man, deux des plus prestigieux. Joséphine Olech à la flûte est depuis septembre, première flûte solo du Philharmonique de Rotterdam à seulement 23 ans. Raphaëlle Moreau est quant à elle premier violon du Gustav Malher Jugendorchester, un orchestre de jeunes musiciens basé à Vienne et fondé par le grand Maître Claudio Abbado avec lequel elle fait des tournées mondiales et au-delà de ça, elle mène une carrière solo et de chambriste de haut rang à seulement 21 ans. Au piano, un rôle clé pour ce concert, Célia Oneto Bensaïd qui est très estimée, est une des seules pianistes à exceller en tant que soliste mais aussi chambriste et même comme chef de chant ce qui est rarissime pour son âge et même si cela est plus ou moins confidentiel, elle enregistrera plusieurs albums l’an prochain ; c’est une artiste à suivre et on est heureux de l’avoir parmi nous. Chez les chanteurs dont je fais moi-même parti pour ce concert, Ivan Thirion, notre baryton est considéré comme l’un des plus grands de sa génération ; il mène une carrière internationale ; Amélie Robins est une soprano qui monte en France et ailleurs, elle a toutes les qualités pour faire une belle carrière : la voix, le jeu scénique, l’interprétation, le physique et le charisme. Notre Mezzo nous vient d’Estonie : Dara Savinova a fait une partie de ses études avec Ivan à l’Opera Studio de Zurich qui est très réputé mondialement, elle a un timbre magnifique et un niveau assez incroyable pour son âge. Puis le Ténor ce sera moi, Jesse Mimeran, c’est toujours peut être plus difficile de parler de soi-même, mais je peux dire que je ferai tout pour tenir mon rang aux côtés d’artistes aussi merveilleux.
Donc si je dois dire quel est le but de ce concert, certes unir des talents extraordinaires, faire découvrir peut être d’autres talents légèrement moins connus, unir les chanteurs et les instrumentistes venant parfois de pays différents mais surtout voir le concert autrement et envahir la salle d’une intensité d’âme profonde, d’une fougue qui nous unit tous finalement avec le public pour échanger des émotions et je pense que tous les ingrédients sont réunis pour cela.
Quel est votre sentiment sur la récente évolution du milieu musical depuis ces 5 dernières années, concernant l’émergence des jeunes talents et les conditions de se faire connaître ?
JM: Je pense qu’on a véritablement de quoi être fier des artistes actuels comme de la jeune génération et on espère grandement aussi des futurs. C’est vrai que l’ancienne génération, celle d’après-guerre a connu une apogée de génies que ce soit en termes de chanteur comme d’instrumentistes mais nous avons une très belle jeune génération, notamment en France parmi d’autres pays comme l’Allemagne, la Suisse, les Etats-Unis et d’autres… On a la chance d’avoir des artistes actuels qui se font de plus en plus populaires suivant les exemples de Pavarotti et Callas pour les chanteurs et peut-être des styles particuliers comme celui de Nigel Kennedy pour certains instrumentistes en espérant qu’il y ait d’autres Daniel Barenboïm aussi pour toucher un grand nombre de gens et permettre à la fois que le public se renouvelle, et pour passionner les enfants à notre art pour justement qu’il y ait la possibilité de faire émerger de futurs grands artistes.
Concernant les manières de se faire connaître, on est peut-être et certainement pas uniquement dans la musique classique dans une apogée de la communication. On a beaucoup parlé d’une société de consommation, on est peut-être rentré dans l’ère de la société de communication avec Internet notamment, ça a ses défauts et ses bienfaits mais en tout cas cela permet véritablement de toucher un maximum de personnes à travers le monde entier, sans frontière ni barrière, donc pourquoi s’en plaindre ? Bien au contraire, il faut, je pense, utiliser tous les outils à notre disposition pour faire découvrir notre musique, notre style, nos personnalités et que cela se propage le plus possible, tout en étant innovant et en sachant se démarquer.
Concernant le programme artistique du concert, comment avez-vous conçu le passage de chaque artiste, sa participation avec les autres ? Sur quels critères ? Pourquoi de la musique romantique ?
JM : Pour moi c’était comme une évidence que tout le monde devait être visible, de la même manière, et chercher une certaine équité dans ce concert ; c’est pourquoi il y a autant de musique de chambre que d’Opéra dans ce programme. On a donc cherché les répertoires possibles; et ça n’a pas toujours été simple mais on y est arrivé tous ensemble, je tiens vraiment à dire que ce projet résulte d’un travail d’équipe, chacun y a mis du cœur; et c’est une grande fierté à titre personnel. Pour les chanteurs, nous avons souvent tendance à mélanger les époques et les styles lors de nos concerts, agir par ordre chronologique notamment; et passer de Mozart à Puccini en quelques minutes par exemple; mais l’une des conditions des instrumentistes étaient de préserver davantage de cohérence dans le programme ; on a hésité sur plusieurs thèmes et finalement, c’est celui du Romantisme qui l’a emporté. Seul Debussy fera exception à cette règle mais nous sommes très heureux de notre programme et nous avons hâte de le faire découvrir au public. Je pense véritablement que #BECLASSICAL est une promesse, cela veut dire soyons classiques mais intenses !
Propos recueillis en octobre 2017.
LIRE aussi notre présentation du concert à la Salle Cortot, #Beclassical, vendredi 17 novembre 2017, 20h30
http://www.classiquenews.com/beclassical-11-jeunes-talents-a-decouvrir/