vendredi 29 mars 2024

Giacomo Puccini: Tosca. Zubin Mehta Arte. Mercredi 31 décembre 2008 à 21h

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Giacomo Puccini
Tosca

Arte
Mercredi 31 décembre 2008
à 21h

Tosca dans ses lieux
Avant de quitter définitivement 2008, Arte rend hommage au compositeur italien, génie de l’opéra, Giacomo Puccini dont l’année ainsi quittée souligne les 150 ans de la naissance, en 1858. Les éditeurs de disques, Sony-Bmg, Decca ont superbement commémoré l’événement en sortant plusieurs boîtes de première nécessité, dévoilant quelques perles oubliées. Au son, Arte ajoute l’image comme en témoigne cette production de 1992 qui fit grand bruit lors de sa diffusion en direct et dans le monde entier (diffusée dans 38 pays): préludant au dispositif du Metropolitan Opera de New York qui aujourd’hui diffuse (en hd), ses directs dans les salles de cinéma de toute la planète… L’unité dramatique et la superbe gradation dans la tension de l’opéra Tosca viennent en partie, de sa construction spatiale: à chaque tableau correspond un lieu différent dans la Rome du début XIXème siècle: l’église San Andrea della Valle à l’acte I, puis le Palazzo Farnèse ou Palais de la justice au II; enfin pour la mort des amants magnifiques, les géoles et la terrasse sommitale du château Saint-Ange. Rare les ouvrages lyrique qui collent à ce point à l’esprit d’une ville… Rome est l’autre acteur de l’opéra puccinien, et cette production ambitieuse, le démontre sans décalage, simplement en respectant les indications topographiques contenues dans la partition.

Rome, 1992

Le projet télévisuel et musical est innovant: filmer en direct la prestation des chanteurs dans les lieux de l’action et aux heures indiquées dans la partition. La tension n’en est que plus saisissante en vraisemblance et en intensité psychologique. Le trio infernal qui dans le sillon du cadre verdien reprend la typologie des acteurs par tessiture (la soprano aimante éprise du ténor vaillant que jalouse jusqu’au démonisme, le baryton haineux et calculateur…), resserre le déploiement de l’intrigue: 3 chanteurs caractérisés pour un superbe jeu triple sur le plan scénique: le feu vocal passe autant par la voix que le corps et le film réalisé par Brian Large a en son temps franchi un nouveau cap dans la transmission de l’opéra à la télé. Plus de captation raide, morne et frontale, mais une réflexion en profondeur sur la façon de filmer dans la perspective de l’espace, en décors réels, et de surcroît en plan continu! Les didascalies de Puccini y sont éprouvées sans fard, à l’aune de la technologie audiovisuelle, restituant ainsi à chaque scène, sa beauté initiale.

D’autant que sur le plan lyrique, les 3 interprètes se révèlent convaincants: Catherine Malfitano dont il existe un enregistrement postérieur au dvd (avec Bryn Terfel, édité par Decca) s’impose dans le rôle de Flora Tosca, cantatrice amoureuse et déterminée… A ses côtés, Placido Domingo et Ruggero Raimondi apportent leur sens de l’engagement télégénique. La direction de Mehta est vvie et nerveuse, musclée et flamboyante mais son sens du lyrisem ne cède rien à l’intensité du drame… Le chef est un habitué des défis technologiques et des projets ambitieux: il a aussi dirigé Turandot du même Puccini à la Cité Interdite de Pékin en septembre 1998. Ici, les 3 chanteurs acteurs annoncent déjà en 1992, la nécessité de vraisemblance visuelle et physique exigée par les plans souvent serrés de la caméra, une nouvelle conception renforcée aujourd’hui avec les nouvelles captations de l’opéra au cinéma et à la télévision.

Succombez comme nous devant ce spectacle total, face au drame tragique du couple amoureux Flora/Mario, pris dans les rets de l’infâme Scarpia, le préfet de Police de Rome… De la midi aux premières heures du matin suivant, l’amour tendre et sincère est immolé sans atténuation ni mascarade, amis avec secousses et tremblements, sur l’autel du cynisme et de la passion radicale…

Giacomo Puccini: Tosca. Avec Placido Domingo (Mario Cavaradossi), Catherine Malfitano (Flora Tosca), Ruggero Raimondi (Scarpia)… Mise en scène: Giuseppe Patroni Griffi, Choeur et orchestre symphonique de la RAI. Zubin Mehta, direction. Réalisation: Brian Large. Captation en direct en 1992, 2h.

Illustrations: Giacomo Puccini, Ruggero Raimondi (DR)

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