Giacomo Puccini
Tosca
Arte
Mercredi 31 décembre 2008 à 21h
Tosca dans ses lieux
Avant de quitter définitivement 2008, Arte rend hommage au compositeur
italien, génie de l’opéra, Giacomo Puccini dont l’année ainsi quittée
souligne les 150 ans de la naissance, en 1858. Les éditeurs de disques,
Sony-Bmg, Decca ont superbement commémoré l’événement en sortant
plusieurs boîtes de première nécessité, dévoilant quelques perles
oubliées. Au son, Arte ajoute l’image comme en témoigne cette
production de 1992 qui fit grand bruit lors de sa diffusion en direct
et dans le monde entier (diffusée dans 38 pays): préludant au
dispositif du Metropolitan Opera de New York qui aujourd’hui diffuse
(en hd), ses directs dans les salles de cinéma de toute la planète…
L’unité dramatique et la superbe gradation dans la tension de l’opéra
Tosca viennent en partie, de sa construction spatiale: à chaque tableau
correspond un lieu différent dans la Rome du début XIXème siècle:
l’église San Andrea della Valle à l’acte I, puis le Palazzo Farnèse ou
Palais de la justice au II; enfin pour la mort des amants magnifiques,
les géoles et la terrasse sommitale du château Saint-Ange. Rare les
ouvrages lyrique qui collent à ce point à l’esprit d’une ville… Rome
est l’autre acteur de l’opéra puccinien, et cette production
ambitieuse, le démontre sans décalage, simplement en respectant les
indications topographiques contenues dans la partition.
Rome, 1992
Le projet télévisuel et musical
est innovant: filmer en direct la prestation des chanteurs dans les
lieux de l’action et aux heures indiquées dans la partition. La tension
n’en est que plus saisissante en vraisemblance et en intensité
psychologique. Le trio infernal qui dans le sillon du cadre verdien
reprend la typologie des acteurs par tessiture (la soprano aimante
éprise du ténor vaillant que jalouse jusqu’au démonisme, le baryton
haineux et calculateur…), resserre le déploiement de l’intrigue: 3
chanteurs caractérisés pour un superbe jeu triple sur le plan scénique:
le feu vocal passe autant par la voix que le corps et le film réalisé
par Brian Large a en son temps franchi un nouveau cap dans la
transmission de l’opéra à la télé. Plus de captation raide, morne et
frontale, mais une réflexion en profondeur sur la façon de filmer dans
la perspective de l’espace, en décors réels, et de surcroît en plan
continu! Les didascalies de Puccini y sont éprouvées sans fard, à
l’aune de la technologie audiovisuelle, restituant ainsi à chaque
scène, sa beauté initiale.
D’autant que sur le plan lyrique, les 3 interprètes se révèlent
convaincants: Catherine Malfitano dont il existe un enregistrement
postérieur au dvd (Tosca,
Catherine Malfitano avec Bryn Terfel, en provenance de lOpéra
d’Amsterdam et dans la mise en scène mordante et acide de Nikolaus
Lehnhoff, septembre 1998, édité par Decca) s’impose dans le rôle de
Flora Tosca, cantatrice amoureuse et déterminée… A ses côtés, Placido
Domingo et Ruggero Raimondi apportent leur sens de l’engagement
télégénique. La direction de Mehta est vvie et nerveuse, musclée et
flamboyante mais son sens du lyrisem ne cède rien à l’intensité du
drame… Le chef est un habitué des défis technologiques et des projets
ambitieux: il a aussi dirigé Turandot du même Puccini à la Cité
Interdite de Pékin en septembre 1998. Les 3 annoncent déjà en 1992, la
nécessité de vraisemblance visuelle et physique exigée par les plans
souvent serrés de la caméra, une nouvelle conception renforcée
aujourd’hui avec les nouvelles captations de l’opéra au cinéma et à la
télévision.
Succombez comme nous devant ce spectacle total, face au drame
tragique du couple amoureux Flora/Mario, pris dans les rets de l’infâme
Scarpia, le préfet de Police de Rome… De la midi aux premières heures
du matin suivant, l’amour tendre et sincère est immolé sans atténuation
ni mascarade, amis avec secousses et tremblements, sur l’autel du
cynisme et de la passion radicale…
Giacomo Puccini: Tosca. Avec Placido Domingo (Mario
Cavaradossi), Catherine Malfitano (Flora Tosca), Ruggero Raimondi
(Scarpia)… Mise en scène: Giuseppe Patroni Griffi, Choeur et
orchestre symphonique de la RAI. Zubin Mehta, direction. Réalisation:
Brian Large. Captation en direct en 1992, 2h.