Franco Alfano: Cyrano de Bergerac, 1936 Paris, Châtelet. Du 19 au 31 mai 2009

Cyrano de Bergerac de Franco Alfano (né en 1876) créé à Rome, le 22 janvier 1936, occupe l’affiche du Châtelet à Paris à partir du 19 mai 2009. De mère française, le compositeur italien exprime-t-il ainsi, alors sexagénaire, une part de son identité en choisissant un sujet éminemment français? Pour autant le sens de la mesure et de la nuance semble lui échapper: c’est du moins le verdict de Reynaldo Hahn qui, témoin de la première de Cyrano présenté à l’Opéra-Comique, souligne tout ce qui tend dans l’écriture d’Alfano vers l’exagération, la déformation, l’ampleur et les spasmes, bien loin de l’équilibre et de la délicatesse française.
Pourtant en plein essor des idées fascistes, où les compositeurs italiens « officiels » aimaient à rompre toute relation avec la culture française et surtout l’emprise de Ravel et de Debussy justement, Alfano se tourne vers l’un des textes les plus gaulois de notre patrimoine: Cyrano. Comme aussi, Dallapiccola osera mettre en musique, non sans remous, Vol de nuit (Volo di notte, créé le 18 mai 1940) au Teatro della Pergola, d’après Antoine de Saint-Exupéry.
Inspiré de la pièce éponyme d’Edmond Rostand (1897), l’opéra (comédie héroïque) est un ouvrage en 4 actes sur le livret d’Henri Cain. C’est le ténor José Luccioni, créateur à Rome en janvier 1936 qui assure dans le même rôle-titre, la création en avril suivant à l’Opéra-Comique. Après ses débuts résolument véristes, Alfano témoigne dans Cyrano d’une extension remarquable d’influences mêlées (Strauss, Dukas, Debussy et même Mahler). Oubliée des théâtres lyriques, l’oeuvre renaît aujourd’hui grâce à l’interprétation de solistes chevronnés: Roberto Alagna en 2003, et Placido Domingo en 2005. L’enregistrement de la production avec Alagna sous la direction de Marco Guidarini et Nathalie Manfrino est paru chez DG. Les spectateurs parisiens retrouvent Domingo et Manfrino sur la scène du Châtelet en mai 2009.
Production événement.