vendredi 25 avril 2025

Francis Poulenc: Dialogues des Carmélites, 1957Nice, Opéra. Du 7 au 16 octobre 2010

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Francis Poulenc


Dialogues des Carmélites
, 1957


Nice, Opéra
Du 7 au 16 octobre 2010

Michel Plasson, direction
Robert Carsen, mise en scène

La première production à l’affiche de l’Opéra de Nice est l’un des événements lyriques de la rentrée. Dans la vision de Robert Carsen, l’ouvrage de Poulenc gagne un relief humain et tragique superlatif… La distribution constituée est l’une des plus prometteuses qui soit en la matière. Bref, en 4 dates, les 7, 10, 13 et 16 octobre 2010, spectacle incontournable.

Au départ, il y a le refus de la réalité et la peur d’affronter son propre destin: Blanche à Compiègne en 1789 annonce à son père son désir de s’abstraire de la violence environnante en choisissant de rejoindre le Carmel. Mais très vite, la volonté d’isolement et cet aveuglement éperdu au monde, sont rattrapés par l’histoire et les événements sociaux. Même si elle s’échappe quand les Révolutionnaires arrêtent les carmélites de Compiègne, se dérobant à une inévitable condamnation à mort, Blanche comme prise de remords et par compassion fraternelle vis à vis de ses soeurs, les rejoint dans leur cellule afin de se soumettre au martyre qu’elles ont décidé de réaliser par consentement collectif.
Elle mourra à leurs côtés.


Opéra des angoisses

A l’angoisse existentielle de Blanche face à la mort, répond les propres craintes de Poulenc, confronté à la longue agonie de son compagnie de vie, Lucien Roubert. Le compositeur, saisi par le sujet transmis par Flavio Testi d’après les textes de Bernanos (portés sur la scène du Théâtre Hébertot en mai 1952, se passionne totalement dans l’écriture de son opéra.

Pour la création parisienne (21 juin 1957) qui succède 5 mois après celle scaligène, en janvier 1957, Blanche est chantée et incarnée par Denise Duval, la soprano fétiche du musicien qui lui a écrit aussi La Voix Humaine (sur un livret de Cocteau). Même panique émotionnelle, même angoisse profonde et viscérale… A l’inquiétude de la jeune Blanche correspond pendant sa retraite comme Carmélite, sa confrontation avec la première Prieure (Madame de Croissy) en proie elle aussi aux tourments âpres et amers d’une âme exténuée dont la vie doit cesser. Au final la pauvre et jeune âme décide de mourir avec ses soeurs, sous le couperet de la guillotine qui conclue l’opéra: son sacrifice est sa grâce. Blanche a affronté ses peurs.

Sur le plan vocal, l’opéra offre 3 rôles stupéfiants de vérité expressive, 3 incarnations mémorables, 3 défis pour l’interprète: la jeune agitée (Blanche), la mûre qui maîtrise (Madame Lidoine), la vieille tiraillée par ses doutes au bord du gouffre (la Première Prieure): certaines cantatrices au fil de leur carrière ont abordé l’un et l’autre rôle ou tous les trois. Echelle des tempéraments, succession d’engagements émotionnels qui se construisent au cours d’une vie de chanteuse…

Illustrations: Francis Poulenc (DR)
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