vendredi 19 avril 2024

Festival Musique et Nature en Bauges (73) Du 12 juillet au 22 août 2009

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Festival Musique et Nature en Bauges (73)

12 juillet – 22 août 2009
13 concerts,
du médiéval au XXe

11e édition, et dans le titre même de ce petit monde préalpin que constitue le massif des Bauges, une forte présence de la Nature. Au centre de l’édition 2009, une thématique russe, sous le patronage d’Irina Chostakovitch, autour des Tableaux d’une Exposition. Mais aussi du médiéval, du chant amoureux et berceur, de la Renaissance, des valeurs sûres du baroque, du romantisme autrichien…

Transmettre la tradition russe
Nature et culture, le vieux couple bien connu des philosophes reprend du service programmatique et normatif en ces temps de crise et d’alerte écologique sur la planète. Au pays de Savoie qui vit passer Jean-Jacques le citoyen de Genève et du monde, son herborisation et ses rêves de pure civilisation, aux portes des Charmettes chambéryiennes où l’orphelin vécut auprès de « Maman » alias Madame de Warens le « seul bonheur » de sa vie, n’est-on pas bien pour des rêveries de promeneur solitaire qui va se confronter, le soir venu, à la communauté des frères et sœurs humains rassemblée pour l’art des sons ? C’est ce que souligne en d’autres termes la marraine de ce festival des Bauges – un petit massif en balcon au nord-ouest de la Combe de Savoie -, et qui a quelque titre à évoquer au nom de « l’esprit slave, si profondément démesuré, violent et contrasté, tout comme la nature, et si attaché à la quête mélodieuse de l’élévation d’âme » : Irina Chostakovitch, la veuve du compositeur russe, salue en termes enthousiastes cette 11e édition. Car au cœur de cette « musique et nature », on instaure une « semaine slave », première du genre dans ce cadre festivalier… et naturel. Deux concerts mettent en œuvre les principes de cette insertion, « avec d’anciens partenaires ou élèves des grands maîtres de la musique russe qui entendent transmettre à leur tour la grande tradition bien spécifique de culture slave ». Dans ces conditions, on se réjouira d’une présence comme celle de la pianiste Ludmila Berlinskaia, qui fut partenaire de Richter en piano à quatre mains et joua avec le mythique Quatuor Borodine ou Rostropovitch. Ses compagnons savoyards sont clarinettiste (Marija Pavlovic), contrebassiste (Dimitar Ivanov), bassoniste (Pieter Nuytten), violoniste (Ana Marjanovic), et bien sûr accordéoniste – l’instrument de la légende populaire et du quotidien russes, qui d’ailleurs reprend du service dans la musique savante contemporaine – (Boban Bjelic).

Un piano dans le lac et des tableaux dans la nature
Un premier thème les réunira autour des Tableaux d’une Exposition, la partition fétiche de Moussorgski, qui sera on le suppose « partagée » avec François-René Duchâble, et « parlée » par le comédien Alain Carré, habituel duettiste du pianiste savoyard. Comme l’avait annoncé F.R.Duchable il y a plus de 5 ans : « je prends ma retraite », « je fais mes adieux à la scène ». Cela, qui a été souvent mal interprété, signifiait pour cet hyper-actif adepte de l’humour de situation qu’il serait pianiste public … autrement que dans la noria du –récital-200aines-de-fois-par-an. Ne l’a-t-on pas vu en hélicoptère «faire lancer un piano » dans un lac ? Mais surtout se consacrer à des lieux, à des personnes qui ne voient ordinairement pas… la queue d’un Steinway : écoles, prisons, hôpitaux. Donc refuser le star-and-money system. A la Chartreuse d’Aillon – ce n’est sans doute pas indifférent, un ancien haut-lieu de silence et de dénuement ! -, l’équipe franco-slave tournera autour des Tableaux que Moussorgski « commenta » en mémoire de la mort de son ami très cher, le peintre Victor Hartmann. Et que par parenthèse , à force d’« entendre » parler en musique et d’après les titres, on serait heureux de voir en une Exposition qui les situerait dans le cadre pictural russe – réaliste et naturaliste, probablement , pré-moderniste, peut-être – de la 2nde partie du XIXe. Histoire de vérifier si « prima la musica e poi le pitture », côté génie bien sûr. Chostakovitch et Rachmaninov seront aussi présents en cette soirée, ce dernier avec d’autant plus de vraisemblance que non seulement ses Etudes-Tableaux (op.33 et 39) mais aussi son Ile des Morts témoignent de son imprégnation par la peinture symboliste et philosophique du Suisse Arnold Böcklin. La soirée des « « Miniatures slaves » joindra Glinka, Tchaikovski, Glière et Bartok à ces festivités d’Europe de l’est.

Le piratage du Miserere d’Allegri
Le reste est fait de propositions programmatiquement diverses. Le baroque – à l’inverse des « voisins de Tarentaise », qui vivent dans l’opulence du versant italien XVIIIe, des coupoles, des retables et des angelots jusqu’au délire – n’est guère « baugien », et le ici patrimoine architectural ou décoratif – hormis l’église romane de Viuz-Faverges et celle, XVIIIe, de Saint Grat au centre du bourg médiéval de Conflans – ne constitue pas la valeur première. Mais les sites, mais la Nature sont « là, qui t’invitent et qui t’aiment »… On commencera donc , à Viuz-Faverges, justement, par des « splendeurs de la polyphonie européenne » que l’ensemble vocal masculin et californien Chanticleer fera cheminer de Vitoria en Lassus et de Gombert en Josquin. En tout cas, dans le résolument post-médiéval et même renaissant ou baroque, plusieurs solutions. La Simphonie du Marais (Hugo Reyne) fait la fête avec la Cour du Roi Soleil, Lully et Philidor (de la généreuse famille des Danican). Le Chœur du King’s College (David Trendl) célèbre Palestrina, Allegri (mais oui, vous savez, celui dont ce sale bidouilleur d’Amadeus en visite à Saint-Pierre avait piraté le Miserere, rien que pour épater les p’tits copains autrichiens et transgresser l’Hadopipapal…), et Purcell, dont il faut rappeler qu’en 2009 on ne devrait pas oublier le 350e anniversaire de la naissance. L’Hostel Dieu lyonnais (F.E.Comte) revient à la partition-culte haendelienne-anglaise, le Messie.

Le son du cor au fond des Bauges
Comme les Bauges sont des Alpes, pourquoi ne pas y faire sonner le Cor de la même référence ? On demandera donc à un encore jeune hyper-lauréat de la trompette initiale passé au cor – David Guerrier, fort et justement médiatisé – de se joindre à ses trois collègues pour un Quatuor qui cornera Rossini, Rimsky-Korsakov, Hindemith et Tcherepnine à tous les vents de la Savoie. Oui, et pour citer comme la publicité du festival un Vigny légèrement adapté : « J’aime le son du cor, le soir au fond des Bauges… Et que le vent du nord porte de feuille en feuille ». Encore qu’il faille imaginer poétiquement le vrai cor des Alpes : on se croirait aussi sous l’Himalaya ! La flûte est plus légère, on le sait, et la voici magnifiée dans le « flûte enchantée, flûte enchanteresse » que le parrain du festival, le chef d’orchestre (Cannes, Les Baléares) et aussi flûtiste Philippe Bender avec quatre compagnons de routes rassemble autour de la Vienne de Mozart, Beethoven et Schubert. Le Quintette à cordes de la Philharmonique de Berlin fera rêver au son magique de Mozart à Dvorak. Mais le grand romantisme – Beethoven, Mendelssohn, Schumann – est confié au duo russe du pianiste Boris Berezovsky et du violoniste Dmitri Makhtin puis au trio très français et néanmoins si passionné des Wanderer (Haydn, Schubert, Mendelssohn, Liszt). Et pour montrer que les Bauges, frontière naturelle, n’arrêtent pas les vents d’autres temps et espaces, le duo conjugal-catalan de Montserrat Figueras(voix et cithare) et Jordi Savall (viole, lyre, rebab) avec Andrew Lawrence-King(harpe et psalterion) emmèneront par berceuses, et romances d’amour en Ibérie, Flandres, Maroc et Turquie, selon « la force expressive qui s’inscrit dans l’éternité de la mémoire humaine ».

Festival Musique et Nature en Bauges. Divers lieux de ce massif préalpin ou à ses marges. Du 12 juillet au 22 août 2009. Concerts à 21h (sauf mercredi 29, 20h30) : dimanche 12, mercredi 15, lundi 20, dimanche 26, vendredi 31 juillet ; mardi 4, samedi 8, mardi 11, vendredi 14, mercredi 19, vendredi 22 août. Renseignements et réservation : T. 04 79 54 84 28 ; www.festivalmusiqueetnature.fr

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