Avec le pianiste João Paulo Santos, le violoniste BRUNO MONTEIRO aime partager sa passion pour les compositeurs au carrefour des 19è et 20è ; le premier XXè, les inspire tout autant (leur dernier album s’intitulait « 20th century and forward » comprenant les œuvres de Debussy, Ravel, Elgar.)… Dans le sillon de leurs précédents enregistrements, les deux interprètes élargissent encore leur exploration des répertoires entre France et Belgique ; dans ce nouveau programme, à travers des joyaux injustement écartés (superbe « Grande Sonate » de Vieuxtemps), des pièces redoutablement virtuoses (Saint-Saëns, Ysaÿe…), se dessinent les milles nuances d’une complicité inspirée, qui combine judicieusement perles connues et méconnues.
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CLASSIQUENEWS : Comment ce nouvel album s’inscrit-t-il en comparaison à vos précédents, notamment ceux consacrés à la musique française (au romantisme francophone) ?
BRUNO MONTEIRO : Il s’agit d’un CD différent, puisqu’il est entièrement dédié à la musique francophone. La France et la Belgique sont deux pays très riches en grands compositeurs et en grandes œuvres. Il y a donc beaucoup à choisir. La Grande Sonate de Vieuxtemps est sans aucun doute un joyau oublié et méconnu du grand public qui devrait être proposé plus souvent. Le pianiste João Paulo Santos et moi-même avons joué l’œuvre en concert à plusieurs reprises, et le public a toujours été très heureux de l’entendre. La partition est peut-être un peu longue (NDLR: presque 45 mn), mais dans l’ensemble cela a du sens en termes de structure. Il en va de même pour les pièces plus courtes de l’album, que ce soit pour Franck, Fauré ou Saint-Saëns. Bien sûr, la Berceuse de Fauré et le Caprice en Forme de Valse sont souvent joués et sont tout autant appréciés. Nous avons essayé de trouver un équilibre dans le choix du matériel ; d’inclure des œuvres pratiquement inconnues à côté de celles très populaires, ce qui est très courant dans nos enregistrements.
CLASSIQUENEWS : Comment avez-vous construit le programme et choisi les pièces ? Selon quels critères?
BRUNO MONTEIRO : Comme je l’ai mentionné précédemment, nous avons cherché un équilibre entre connu et inconnu. Je pense que les mélomanes aiment toujours entendre des œuvres qu’ils connaissent, mais aussi découvrir de belles surprises ; c’est à dire des pièces qui sont sur la table depuis des années et qui leur sont inconnues. Nous avons enregistré tellement de musique française et belge qu’il commence à être difficile de planifier d’autres projets. Mais bien sûr, je suis toujours à la recherche de partitions qui ont été oubliées dans le temps et si ce sont de grandes pièces, l’enregistrement se fera.
CLASSIQUENEWS : Quelle pièce préférez-vous? Pourquoi?
BRUNO MONTEIRO : Toutes ! Chacune a une histoire différente à raconter. Nous avons essayé d’inclure une œuvre ambitieuse comme la Grande Sonate, suivie de pièces beaucoup plus courtes, pour le plaisir des amateurs de musique ; sans omettre, un morceau de grande virtuosité pour le violon : le Caprice en forme de Valse de Saint-Saëns, une transcription du grand Ysaÿe.
CLASSIQUENEWS : Dans quels types de partitions votre complicité avec le pianiste fonctionne-t-elle le mieux?
BRUNO MONTEIRO : Bien sûr, la sonate de VIEUXTEMPS… la partition demande une communion parfaite entre les deux instruments. Mais même dans les pièces courtes et virtuoses, la complicité est très importante. C’est curieux, certains violonistes jouent des pièces courtes et/ou virtuoses avec un pianiste qui est essentiellement « accompagnateur » et n’a rien de très fort à dire dans sa partie, puisque le violon est l’instrument principal. Ce n’est pas comme ça avec nous et cela ne l’a jamais été. Même lorsque nous jouons ou enregistrons des œuvres où le piano joue un rôle « secondaire », en raison de la nature même du morceau, nous jouons toujours comme un duo intégré. Il est important de ne pas oublier que le piano dans ces types d’œuvres a un rôle fondamental qui est parfois oublié, car il fournit la base et les touches finales pour que le violon puisse jouer son rôle avec élégance et liberté. C’est ce que João Paulo Santos fait si bien.
CLASSIQUENEWS : Dans quels types de partitions votre complicité avec le pianiste fonctionne-t-elle le mieux?
BRUNO MONTEIRO : Bien sûr, dans la sonate de VIEUXTEMPS… Pour laquelle il doit y avoir une communion parfaite entre les deux instruments. Mais même dans les pièces courtes et virtuoses, la complicité est aussi très importante. C’est curieux, certains violonistes jouent des pièces courtes et/ou virtuoses avec un pianiste qui est essentiellement « accompagnateur » et n’a rien de très fort à dire dans sa partie, puisque le violon est l’instrument principal. Ce n’est pas comme ça avec nous et cela ne l’a jamais été. Même lorsque nous jouons ou enregistrons des œuvres où le piano joue un rôle « secondaire », en raison de la nature même du morceau, nous jouons toujours comme un duo intégré. Il est important de ne pas oublier que le piano dans ces types d’œuvres a un rôle fondamental qui est parfois oublié, car il fournit la base et les touches finales pour que le violon puisse jouer son rôle avec élégance et liberté. Quelque chose que João Paulo Santos fait si bien.
CLASSIQUENEWS : Le style et l’écriture de la musique française requièrent quelles qualités techniques, quels caractères pour les interprètes ?
BRUNO MONTEIRO : Beauté du son, virtuosité (avec charme) ; et au-dessus de la technique, raffinement.
CLASSIQUENEWS : Au cours du programme, différents types de virtuosité sont produites, de Saint-Saëns à Ysaÿe… entre autres. Quel genre de virtuosité est-ce? Quelle est la spécificité?
BRUNO MONTEIRO : Oui, c’est un morceau très virtuose, mais à mon avis, il ne devrait pas être joué d’une manière qui sert simplement à « verser » les notes. Il faut du charme et de l’élégance. J’ai entendu un ou deux violonistes se vanter et y surenchérir en démonstration ; ce n’est pas la bonne chose à faire selon moi. Plus qu’un show technique, le plus important est le contenu musical. C’est comme n’importe quelle pièce : l’interprétation passe toujours avant la seule démonstration technique.
Propos recueillis en mai 2025
critique cd
LIRE aussi notre CRITIQUE du CD « The Franco-Belgian Album »(1 cd Et’cetera) : https://www.classiquenews.com/critique-cd-evenement-the-franco-belgian-album-vieuxtemps-franck-faure-saint-saens-bruno-monteiro-violon-joao-paulo-santos-piano-1-cd-etcetera/
Le violoniste portugais Bruno Monteiro signe un nouvel album qui est un véritable chant amoureux pour la musique française et belge du dernier romantisme, d’Henri Vieuxtemps et César Franck pour les plus anciens, jusqu’au plus durable Camille Saint-Saëns (1835 – 1921), sans omettre Gabriel Fauré et le plus tardif (né en 1858), l’incroyable autant que talentueux, Eugène Ysaÿe…
précédent entretien
Précédent ENTRETIEN avec Bruno Monteiro (août 2024) : ENTRETIEN avec le violoniste Bruno MONTEIRO, à propos de son nouveau CD intitulé « 20th Century and Forward »… Sonates d’Elgar, Debussy, Tzigane de Ravel… : https://www.classiquenews.com/entretien-avec-le-violoniste-bruno-monteiro-a-propos-de-son-nouveau-cd-intitule-20th-century-and-forward/
Au programme, Elgar, Debussy, Ravel… Depuis 20 ans, le musicien partage avec son complice de toujours, le pianiste João Paulo Santos, des affinités électives avec les compositeurs européens du premier XXè siècle, Elgar, Ravel, Debussy… des champs intimes, ténus tracent aussi de nouvelles correspondances avec des auteurs contemporains comme Luiz Barbosa ou Ivan Moody. Il en découle un programme sensible qui place en son cœur, la complicité active, allusive entre le violon enchanteur et le piano enveloppant… Explications
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