samedi 7 décembre 2024

ENTRETIEN avec Bruno COCSET,… à propos de la 9è ACADEMIE EUROPEENNE DE MUSIQUE ANCIENNE à VANNES (4 – 12 juillet 2019)

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vemi-vannes-early-music-institute-vemi-academie-2019-annone-critique-presentation-classiquenewsENTRETIEN avec Bruno COCSET, fondateur, directeur du VEMI / VANNES Early Music Institute. A propos de la 9è ACADEMIE EUROPEENNE DE MUSIQUE ANCIENNE à VANNES (4 – 12 juillet 2019). A échelle humaine (8 classes d’instruments à l’été 2019), Bruno COCSET pilote à présent une Académie, – sise dans l’éblouissant hôtel de Limur, à Vannes, où la transmission de maîtres à élèves (de niveau master) se réalise dans un esprit de famille. Les jeunes instrumentistes y perfectionnent les rudiments de leur futur métier, tout ce qui relève de la « mise en situation professionnelle »… Certains tel Gauthier Broutin, ont pu déjà vivre l’expérience d’un concerto de Haydn, avec l’orchestre de l’Académie… Mais plus qu’une école où se dessine le métier d’instrumentistes, c’est aussi pour Bruno Cocset, une école de vie ; là se précisent aussi le goût des autres, le jeu collectif, l’écoute et le partage, le désir des rencontres et des découvertes autant humaines qu’artistiques. Au fond pas de musique ancienne sans désir de renouvellement, d’expérimentation comme d’entente commune. Pour le public et les festivaliers de cette Académie / Festival, l’occasion est proposée de découvrir sans chichi ni parisianisme, les secrets de la création et du dépassement artistique. L‘art et la musique pour tous, dans un contexte accessible et ouvert qui fuit tout élitisme. Un prochain Centre, l’Atelier de lutherie et la médiathèque / partothèque composent désormais un lieu de recherche ouvert à tous, pour l’épanouissement de chacun, pour l’acquisition d’autres modes, d’autres pratiques, d’autres volontés. En voyageur inspiré et même visionnaire, BRUNO COCSET ouvre grands les horizons de l’aventure musicale… ENTRETIEN exclusif pour CLASSIQUENEWS.COM

 

 

 

 

CNC : Depuis son lancement et ses premières éditions, en quoi le fonctionnement et le contenu de l’Académie européenne de musique ancienne ont-ils évolué, se sont-ils enrichis ?

BRUNO COCSET : L’Académie européenne de musique ancienne de Vannes a suivi un développement rapide dès les premières éditions pour se stabiliser à 8 classes instrumentales, ce qui me semble le bon format compte tenu des locaux à taille humaine dont nous disposons (un hôtel particulier du 17ème siècle en plein cœur de Vannes) et de la volonté de rester proches autant des étudiants que des artistes qui viennent enseigner ou jouer tout au long de la semaine. Avec une quarantaine d’étudiants, les échanges entre tous et l’organisation restent « familiales ». Les classes instrumentales sont limitées à 8 étudiants, un nombre que nous atteignons en violon et clavecin, parfois en traverso. Les autres classes reçoivent de 3 à 6 étudiants ce qui permet de travailler et d’accompagner les étudiants sereinement. L’Académie s’adresse toujours à des étudiants de niveau « master » des institutions supérieures européennes, en priorité huit d’entre elles avec qui nous sommes conventionnés pour le module « Mise en situation professionnelle » de la convention de Bologne qui régit les universités européennes. Il y a donc une part importante de restitution en fin d’Académie et les étudiants ont l’occasion de se produire au cours de différents concerts, soit seuls ou en présence de certains des musiciens professionnels qui les encadrent et les conseillent. En fonction des castings et des années, certains se verront proposer de jouer en soliste avec l’orchestre des étudiants, comme ce fut le cas l’année passée pour Gauthier Broutin qui a pu jouer un concerto de Haydn lors du concert final. Bien sûr, mon souhait est d’ouvrir l’Académie à d’autres classes, comme le luth, la voix, les cornets et sacqueboutes… Cette configuration est à l’étude et il y aura peut-être alors une alternance pour certaines disciplines.
La formule des concerts avec des artistes invités, les enseignants qui eux-mêmes jouent ensemble où avec leurs ensembles respectifs, les concerts impliquant des étudiants, permet une réelle émulation entre tous. Pour les artistes invités, il s’agit toujours de coups de cœur avec le désir du partage, comme pour « Tasto solo » cette année. L’ouverture vers les cultures extra-européennes est aussi un élément important de l’Académie et cette année encore le colloque « Trompes et Cornets : du rituel au concert » sensibilisera tous les musiciens sur l’apport pour sa propre vie d’artiste de la connaissance des autres, au-delà des frontières culturelles, de nos usages, des « circonstances » de nos vies de musiciens…

 

 

 7ème Académie européenne de musique ancienne de VANNES

 

 

 

 

CNC : Comment impliquez vous toujours plus le grand public pendant l’Académie ?

BRUNO COCSET : Depuis 2011, mon idée est de proposer la qualité sans être élitiste, de démystifier les arts en les rendant proches et accessibles mais sans les vulgariser. Avec le temps, je ne regrette pas ce choix, j’aurais d’ailleurs du mal à faire autrement ! Le Centre de musique ancienne qui va bientôt ouvrir ses portes sera sur la même ligne et les éléments qui le composent seront accessibles à tous avec des degrés de perception qui invitent chacun à l’enrichissement personnel, à la saine curiosité, à la soif de découvrir ou de se perfectionner : un atelier de lutherie ouvert aux différents publics pour suivre la réalisation d’instruments ; une médiathèque partothèque de consultation où l’on pourra avoir accès à des traités, des fac-similés de manuscrits, des films ou des musiques à entendre ; un lieu de répétition pour des professionnels voulant profiter d’instruments rares et de qualité…
Le choix des lieux des concerts est aussi important. L’Hôtel de Limur que nous occupons et faisons vivre et « résonner » depuis 9 années est un lieu qui invite. L’Auditorium des Carmes propose une jauge et une acoustique idéales pour la musique ancienne, la Cathédrale St Pierre comme l’église St Patern sont depuis toujours des lieux de rassemblements pour les grandes formes musicales à Vannes. Nous allons cette année explorer l’acoustique de la chapelle St François-Xavier, une autre cathédrale qui ne porte pas son nom en plein cœur de la ville. Tous les ans nous allons aussi à l’extérieur et là nous avons l’embarras du choix tant les lieux sont nombreux : explorer les iles du Golfe, les chapelles de l’Agglomération (Kerners à Arzon cette année) ou plus loin à Guern et le sanctuaire de Quelven pour les concerts avec orgue. Aller vers les publics aussi de façon géographique est important.

 

 

 VANNES : 9è Académie de musique ancienne (4-12 juillet 2019)

 

 

 

 

CNC : Sur le plan artistique, quels sont les lignes de force et les points d’approfondissement (compositeurs, instruments, répertoires…) que vous défendez édition après édition ?

BRUNO COCSET : A la différence d’autres académies qui se focalisent souvent sur un répertoire ou une œuvre qui sera restituée en exclusivité, l’Académie de Vannes laisse les portes ouvertes à des répertoires allant de la musique médiévale jusqu’à la musique romantique. Cela tient à la personnalité des musiciens qui la composent, artisans de la musique que j’ai décidé d’inviter parce qu’ils ont croisé ma vie de musicien ces trente dernières années et que je suis sensible à cet éclectisme. Il serait dommage d’inviter Pierre Hamon et de le cloisonner à un seul répertoire ! C’est aussi une façon d’inciter les instrumentistes à la curiosité ! Les répertoires travaillés sont donc libres pour les étudiants dans la mesure où ils s’inscrivent dans une démarche d’approfondissement, de recherche tant musicale qu’instrumentale avec cette quête d’un lien entre les deux.
Les cordes, les claviers, certains vents y sont donc toujours représentés. La présence d’un luthier pendant toute la durée de l’Académie rend accessible aux violonistes, violoncellistes et gambistes la réflexion sur le lien entre instrument et répertoire, geste instrumental et geste musical… sous un autre regard. Cette porte toujours ouverte et la personnalité du luthier (Charles Riché) interpellent d’ailleurs aussi les autres instrumentistes. Là aussi il y a parfois bien des cloisonnements dont on ne se doute pas forcément et qu’il faut s’efforcer de déverrouiller !

 

 

 

 

CNC : L’Académie Européenne et le VEMI à l’heure du net : avez vous des projets de développement qui impliquent Internet et les internautes ?

VANNES. Académie européenne de musique ancienneBRUNO COCSET : Le projet lié à internet est celui du Centre de ressources qui se doit d’avoir les bons outils pour donner accès au réseau international des thèses. Ce libre accès par abonnement permettra à chacun de s’enrichir sur des sujets qui nous passionnent et où l’état de la recherche peut être d’un grand intérêt, voire parfois primordial pour aiguiser l’expérience ou le point de vue. Je conçois donc internet comme un outil du savoir et une des réponses à la curiosité. Concernant la diffusion et la communication, nous avons sans doute encore des progrès à faire !…

Propos recueillis en juin 2019

 

 

 

 

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En 2019, L’Académie européenne de musique ancienne à VANNES et le festival des musiciens voyageurs ont lieu du 4 au 12 juillet 2019. TOUTES LES INFOS sur le site du VEMI, VANNES Early Music Institute
http://www.vemi.fr

 

 

 

 

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