jeudi 28 mars 2024

Edouard Lalo, Fiesque (1868), création mondialeFrance musique, le 27 juillet à 20h30

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Celui qui joua si souvent les quatuors de Beethoven, sut toujours renouveler son inspiration lyrique en dehors de la vulgarité et de la facilité : par la voix de Monsieur Croche, figure littéraire imaginée par Debussy, se précise l’exigence musicale du compositeur Edouard Lalo.
Le compositeur né en 1828 et mort en 1892, marque plus que l’on ne pense l’écriture musicale en France au XIX ème siècle. Or que savons nous de lui ? Peu de choses. Qui pourrait retracer précisément sa carrière au théâtre?

Lalo laisse le souvenir d’un homme intègre et discret, quoiqu’il défendit, en fier républicain, avec coeur et détermination, ses idées politiques. Fiesque, inspiré de Schiller, indique sa volonté de défendre la liberté contre l’oppression des tyranies déguisées. Il cultive un certain retrait social mais sait aussi entretenir de solides amitiés (Chausson, Franck, Bizet, Chabrier). Critique difficile, Lalo habité par un idéal musical sans complaisance est un lettré. Son premier biographe, Georges Servières, synthétise avec un sens de la formule éloquente mais avec justesse, l’impression générale d’une œuvre à redécouvrir : l’historien parle de sa couleur. Son écriture est pour lui, « un coup de soleil dans la musique française ».
Lalo est séduit par la texture des compositeurs germaniques, sans pour autant succomber totalement au wagnérisme ambiant. Admirateur de Beethoven, Schumann, Schubert et Mendelssohn, le musicien écrit de superbes pages de musique de chambre. L’alchimiste du dialogue intimiste et de la conversation en musique se révèle également un habile orchestrateur, en digne disciple de Berlioz : en témoignent sa Symphonie Espagnole (1873) et son concerto pour piano en fa (1888).
Sur la scène, Fiesque composé entre 1866 et 1868, inaugure une carrière lyrique dont le chef–d’œuvre reste Le roi d’Ys (1876-1879). Dans la constellation dramatique, il s’éloigne de Wagner, fustige Thomas, mais le compositeur admire Berlioz.

Fiesque, génèse. La période où Lalo débute l’écriture de Fiesque est des plus heureuses. Il vient d’épouser un riche parti, à 42 ans : Julie Bernier de Maligny, le 6 juillet 1865, fille de colonel. En outre, la nouvelle épousée, possède un beau timbre de contralto. C’est d’ailleurs à son épouse que Lalo dédie son nouvel opéra, Fiesque.
Il a très vite dénoncé l’hypocrisie politique du Second Empire. Napoléon le petit est un usurpateur. Inspiré par la conspiration de Fiesque de Schiller (1782) qui réécrit un fait historique dont le cadre est la Gênes de XVI ème, Lalo développe explicitement dans son œuvre sa conception politique qui est un manifeste clairement républicain. Autant de traits sans équivoque d’un engagement que sont fils, Pierre, monarchiste, s’est ingénié à cacher durablement.
Avec Charles Beauquier, Lalo concentre la pièce de Schiller, de cinq … à trois actes, réadapte les caractères, simplifie l’action. Mais le sujet principale demeure, fidèle au dessein de Schiller, la défense des libertés.


Le sujet.
Fiesque, jeune comte aux apparences frivoles, cache en vérité un ambitieux tyranique qui rêve de devenir Doge de Gênes. Il profite des élans de la foule contre les doges en place ( en particulier Gianettino). Son épouse, Léonore tente d’adoucir son désir de conquête et de reconnaissance. Jeunesse et emportement voire violence passionnelle indiquent malgré la réécriture des français, la persistante énergie sanguine du Schiller de 22 ans, alors auteur du roman source.
Mais au terme de la conjuration, l’issue emporte les fomenteurs de la rébellion, et ce sont surtout les détenteurs de la sagesse et de l’expérience qui recueillent les vrais trophées (Andrea Doria et le vieux Verrina).
Au final, Fiesque ne fut jamais représenté dans son intégralité. Seuls quelques airs par madame Lalo furent joués par l’orchestre Colonne à Paris.

France musique
Le 27 juillet à 20h30.

Soirée lyrique en direct du festival Radio France et Montpellier
Jusqu’à 22h58. Prima la musica
Présentation : François Hudry

en direct de l’Opéra Berlioz-Le Corum
Festival de Radio France et Montpellier
Languedoc-Roussillon
en simultané avec l’Union Européenne de Radio

Edouard Lalo,
Fiesque
(1868)

Opéra en trois actes sur un livret de Charles Beauquier
d’après
la conjuration de Fiesque de Friedrich Schiller (1782)

Version concert
Création mondiale

Roberto Alagna : Fiesque
Angela Gheorghiu : Léonore
Béatrice Uria-Monzon : Julie
Franck Ferrari : Verrina
Jean-Sébastien Bou : Hassan
Armando Gabba : Borgonino
Vladimir Stojanovic : Gianettino
Ronan Nedelec : Romano
Alexandre Swan : Sacco

Chef de choeur : Sigvards
Klava Choeur de la Radio Lettone

Orchestre National de Montpellier
Direction : Alain Altinoglu

illustrations
Titien, portrait du doge Andrea Gritti
Portrait de Friedrich Schiller
Portrait d’Edouard Lalo

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