DVD. Heinz Spoerli : Magnificat (Zurich, 2011). 1 dvd Belair classiques …Opéra de Zurich, 2011: le ballet de jeunes danseurs dirigés et souvent magnifiés par leur maître à danser et chorégraphe attitré, Hans Spoerli aborde l’aspiration spirituelle de Jean-Sébastien Bach à travers un nouveau ballet centré sur le Magnificat précédé de plusieurs pièces isolées, airs de cantates ou purs instrumentaux… Au génie du mouvement de Spoerli revient déjà une réalisation antérieure absolument sublime : Cello suites d’après les Suites pour violoncelle de Bach. Ici même exaltante signature, même style accompli : éloge des corps aériens et d’une souple élégance, vitalité souvent partagée d’un danseur l’autre, d’un couple à l’autre, sous les dispositifs lumineux particulièrement soignés.
Eloge de la ligne
Sans atteindre au miracle de leur ballet antérieur, Magnificat pâtit esentiellement de la direction musicale dure et martiale de Minkowski dans la fosse qui confond tension martiale et expression. Que ce Bach sonne rugueux et rien que tendu… quand les corps à contrario sur le plateau dessinent en arabesques déliées délicates un hymne d’une tendresse souvent confondante. Car le signe distinctif de Spoerli demeure ce souci de la silhouette, corps totalement déployé dont les enchevêtrements d’un corps à l’autre semblent recomposer l’art de la ligne florentine, la fameuse serpentine utilisée par Michel-Ange, qui intègre le sujet dans l’espace et dans le même temps le fait tournoyer dans les 3 dimensions. Le chorégraphe s’appuie sur le collectif juvénile de plus de 40 danseurs sur scène, en particulier sur le trio (2 hommes, 1 femme) qui revient régulièrement.
Tout au long du trop court Magnificat (à peine 30 mn), on note l’action évoquée à travers le placement au centre des planches de scène, de blocs scindant symboliquement l’espace en deux places délimitées (lieux affrontés des communautés religieuses qui s’ignorent et se méprisent car l’intolérance et le fanatisme sont aussi évoqués dans le ballet)… c’est d’ailleurs le monticule des mêmes blocs situés à jardin en fin d’action qui s’effondre sous la montée d’un humanité régénérée sans conflits… beau message.
Parmi les quelques heureuses trouvailles qui s’enchaînent saluons en particulier le pas de deux sur la barcarolle d’Et misericordia pour ténor et alto: la pure poésie des mouvements écrits pour un couple de danseurs (homme et femme) souligne au delà du texte religieux, cet indéfinissable abstraction musicale d’où jaillit la force d’un sens purement chorégraphique : l’invention de Spoerli atteint son meilleur, utilisant le vocabulaire classique (figure tournante sur une pointe pour la danseuse) avec toujours, signe du chorégraphe, ce souci de la ligne déployée. Nous retenons aussi l’Esurientes pour alto et flûtes obligées où un superbe trio de danseuses (d’une grâce fluide inouïe) est rejoint par la danseuse soliste… nouvel instant de grâce ineffable sur les mots pourtant révolutionnaires du texte sacré : quand les riches seront dépossédés et les pauvres, rassasiés … (!).Ajouter en fond de scène, la projection d’un ciel avec ses nuages en évolution accélérée, fait toujours son effet : une ivresse visuelle adaptée à l’exaltation irrépressible du Gloria, véritable jaillissement de plénitude collective et doxologique avec l’éclat si particulier des trompettes percutants et cinglantes.
Dommage en effet que dans la fosse l’orchestre sur instruments d’époque de l’Opéra de Zurich, La Scintilla, ailleurs partenaire flamboyant de Cecilia Bartoli, n’offre aucun éclat sous la direction mécanique et sans finesse de Marc Minkowski. Même déception pour les solos vocaux massacrés par une voix définitivement usée et des aigus à la limite de l’inaudible (airs des cantates qui précèdent le Magnificat). Heureusement ce qui se passe sur scène est d’une toute autre tenue : c’est un nouvel accomplissement dans l’écriture du très inspiré Heinz Spoerli.
Magnificat. Chorégraphie de Heinz Spoerli. Musiques de Johann Sebastian Bach (1685-1750). Ballet de Zurich (Zurich Ballet). Danseurs solistes : Galina Mikhaylova, Sarah-Jane Brodbeck, Juliette Brunner, Samantha Mednick, She Yun kim, Melanie Borel, Vahe Martirosyan, Filipe Portugal, Arman Grigoryan, Olaf Kollmannsperger. Orchestra La Scintilla. Marc Minkowski, direction. Enregistré en février 2012 à l’Opéra de Zurich. 1 dvd Bel Air classiques BAC089
Dommage en effet que dans la fosse l’orchestre sur instruments d’époque de l’Opéra de Zurich, La Scintilla, ailleurs partenaire flamboyant de Cecilia Bartoli, n’offre aucun éclat sous la direction mécanique et sans finesse de Marc Minkowski. Même déception pour les solos vocaux massacrés par une voix définitivement usée et des aigus à la limite de l’inaudible (airs des cantates qui précèdent le Magnificat). Heureusement ce qui se passe sur scène est d’une toute autre tenue : c’est un nouvel accomplissement dans l’écriture du très inspiré Heinz Spoerli.
Magnificat. Chorégraphie de Heinz Spoerli. Musiques de Johann Sebastian Bach (1685-1750). Ballet de Zurich (Zurich Ballet). Danseurs solistes : Galina Mikhaylova, Sarah-Jane Brodbeck, Juliette Brunner, Samantha Mednick, She Yun kim, Melanie Borel, Vahe Martirosyan, Filipe Portugal, Arman Grigoryan, Olaf Kollmannsperger. Orchestra La Scintilla. Marc Minkowski, direction. Enregistré en février 2012 à l’Opéra de Zurich. 1 dvd Bel Air classiques BAC089