mardi 10 septembre 2024

Dossier cd de Noël 2007 Notre sélection en 15 cd: nos cd coup de coeur 2007

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En décembre, l’heure du bilan se précise. Depuis le début de l’année 2007, nombreuses ont été les nouveautés discographiques remarquables, commentées ou mises en avant dans notre mag cd soit du fait de la tenue interprétative soit parce qu’elles ont dévoilé une oeuvre ou un compositeur méconnus. Pour les fêtes, et la saison des cadeaux, notre sélection qui regroupe les coups de coeur de l’année écoulée, discernés par la rédaction cd de classiquenews.com, paraît d’autant plus utile. Découvrez pas à pas nos 15 titres incontournables…

1. 200 ans Musique à Versailles (coffret 20 cd)

L’étendue des sources sonores sélectionnées dévoile surtout une autre
diversité: celle des ensembles interprètes, celle des styles et des
manières qui du premier baroque (Louis XIII) au style « grand siècle »
(Louis XIV), de la vibration rocaille (Louis XV) au néo classicisme
(Louis XVI) donne l’ampleur du travail réalisé, en particulier par les
équipes de recherche du Centre de Musique Baroque de Versailles, et
laisse à l’auditeur, l’opportunité d’embrasser deux siècles d’art
musical, en en découvrant chaque singularité. La sélection des bandes
comprends plusieurs enregistrements déjà parus en provenance des labels
Glossa, Laborie, Warner, K617…
Les auditeurs des saisons musicales du Cmbv y retrouveront en
particulier les temps forts des saisons musicales produites par le
Cmbv, depuis ses premières éditions, et jusqu’au cru anniversaire (les
20 ans) du Centre versaillais (septembre et octobre 2007) qui a donné
l’une de ses meilleures éditions, avec entre autres, deux révélations:
Zélindor (cd10) et Egine (cd11)… Lire notre critique complète du coffret « 200 ans de Musique à Versailles »

2. Cecilia Bartoli: « Maria » (Decca)

Coffret thématique attendu, annoncé à l’automne 2007, paru en septembre 2007, le récital « Maria » de Cecilia Bartoli est envoûtant. La mezzo romaine, au sommet de ses possibilités vocales rend hommage à la « diva des divas », Maria Malibran, légende romantique qui a inspiré Rossini, Bellini, Donizetti. En plus de dévoiler la singularité esthétique d’une voix qui a définitivement marqué le premier bel canto italien, de la Desdemona d’Othello de Rossini à Lucia de Lammermoor de Donizetti, celle du mezzo sombre et agile, de « La » Malibran, Cecilia Bartoli ressuscite, fidèle à sa curiosité, de nombreux compositeurs ou oeuvres méconnus dont l’irrésistible air pour soprano et violon « Infelice » composé par le jeune Mendelssohn, lui aussi hynoptisé par le charisme de la chanteuse… 2008 marquera les 200 ans de la naissance de Maria Malibran: voici une excellente occasion de vous falimiariser avec le répertoire et l’esthétique mezzo défendus aujourd’hui par l’une des artistes les plus engagées de la scène actuelle… Lire notre critique complète de l’album « Maria » de Cecilia Bartoli (1 cd Decca)

3. Pietro Antonio Cesti, « Pasticcio » (Orf)

Les amateurs de vocalità baroque ne s’y trompreont pas: voici assurément l’une des meilleures surprises de cette fin d’année au registre « opéra baroque ». Cet enregistrement publié fort opportunément par le label Orf (distribué en France par Intégral), réalisé au festival d’Innsbruck 1980, est présenté (en allemand) et conçu par le directeur lui-même de l’événement, René Jacobs dont la tenue interprétative s’avère passionnante. Le filet de la voix, son relief entre sensualité et blessure, focalise l’écoute sur l’écriture dramatique de Cesti, qui est avec Cavalli le continuateur le plus doué de leur maître Monteverdi. Pour preuve, les diverses scènes de ses nombreux opéras dont le fameux Il Pomo d’oro de 1668, ou le plus rare La Semirami de 1667, démontrent l’ivresse langoureuse de ce chant ourlé et ciselé qui scuplte chaque arête du texte. Un absolu du chant lyrique du premier baroque italien que tentera d’égaler Lully dans la décennie suivante (1670), pour la Cour de Louis XIV (avec Cadmus, première tragédie en musique en 1673). Ici, en duo avec le soprano palpitant de Judith Nelson, Jacons aborde les opéras qu’il a depuis enregistrés intégralement chez HM (L’Orontea et L’Argia), ou quelques raretés éblouissantes comme La Dori, Il Tito, compléments en totale cohérence avec Il Pomo d’oro et La Semirami déjà cités. Jubilation en 2 cd. Donc cofffret double incontournable, à offrir pour tous les amoureux d’ivresses baroques (Christie assure le clavecin et l’orgue positif, Konrad Junghänel, le théorbe…). Que demander de plus? (2 cd Orf). A noter que le même label nous avait crédité d’un autre coffret captivant, Giulio Cesare in Egitto d’Antonio Sartorio (La Cetra, direction: Attilio Cremonesi), également « capture live » du festival d’Innsbuck, ici 2004.

4. Coffret Rétroperspective: Les 60 ans de Philippe Herreweghe (2 cd HM)
Superbe anthologie composée de 28 extraits,
sélectionnés par l’intéressé lui-même, au sein d’une discographie plus
que foisonnante, dont la richesse montre l’étendue des recherches,
l’ouverture de la sensibilité, l’activité de la curiosité musicale. En
2007, Philippe Herreweghe a soufflé ses 60 ans. Il a minutieusement
élaboré le programme des deux cd, auxquels répond un passionnant dvd de
52 mn sur l’approche du chef de choeur puis d’orchestre, du chef tout
court dont le soin et l’approfondissement réservés pour chaque
partition engendre une aventure spécifique. La capacité qu’a Philippe
Herreweghe de s’immerger par la recherche, l’analyse, le travail de
répétition pour chaque oeuvre reste confondant… et exemplaire à bien
des égards. Lire notre critique complète du coffret « rétroperspective, Philippe Herreweghe » (HM)

5. Bellini: La Sonnambula (Dessay, Melli, Pido. 2 cd Emi Classics)
Temps heureux, mieux: rentrée glorieuse pour Amina. En dépit du
caractère tragique et languissant du personnage de La Sonnambula, femme
sacrifiée, honnie puis réhablitée, les divas de l’heure s’engagent pour
une partition parmi les plus fascinantes imaginées par un Vincenzo
Bellini trentenaire, en 1831, lequel devait, porté par ses triomphes à
Milan, s’atteler illico sur le sujet de Norma.
Alors que Cecilia Bartoli
captive en nous restituant une autre identité vocale pour le rôle,
exactement conforme au voeu du compositeur quand il créait le rôle pour
Pasta et surtout Maria Malibran, un rôle sombre dont la vocalità souple
et colorée était alors celle d’un mezzo soprano, Natalie Dessay
s’inscrit plutôt dans la tradition musicale héritée de Callas et
Sutherland, soprano claire et léger, mais avec deux arguments
spécifiques: une agilité caloratoure inouïe et surtout un partenaire
racé, nerveux, virile, au style articulé et fervent, bref épatant, l’Elvino de Francesco Meli. Voilà sans aucun l’une des meilleures intégrales lyriques de l’année… en attendant la version complémentaire et d’une esthétique diamétralement différente, annoncée chez Decca, avec Cecilia Bartoli et Juan Diego Florez… Lire notre critique complète de La Sonnambula (Dessay, Meli, Pido. 2 cd Emi Classics)

6. Florent Schmitt: Salomé (Thierry Fischer, 2006. Hyperion)

Voici un album qui monte graduellement en puissance. Le bonheur et même
la jubilation qui en découle, s’amplifie au fur et mesure de l’écoute.
Le Psaume XLVII (1904) exulte, projette, fidèle à l’écriture de
radicalisme et de langueur « orientale », un texte magnifique, articulé
par le choeur, en grande santé vocale et dramatique. Dommage que la
soliste (*) ne suive pas cette course et cette ascension lumineuse,
exclamative et triomphale à la gloire du Divin, aux accents
michel-angelesques (fanfares sanguines du début). Perspectives et
flamboiement: l’oeuvre porte l’admiration de Schmitt pour Richard
Strauss. Les couleurs de l’orchestre et des chanteurs expriment sans
pourtant transpirer. Car la « barbarie des dissonances » y annonce déjà
le Strauss de Salomé et Elektra (pas encore crées!). Lire notre critique complète de Salomé de Schmitt par Thierry Fischer (1 cd Hyperion)

7. Juan Diego Florez: arias for Rubini (Decca)

L’heure est aux hommages. Hommages rendus par les plus grands chanteurs
de l’heure à leurs illustres prédécesseurs. Dans quelques jours, les
admirateurs de Cecilia Bartoli et tous ceux qui n’ont pas encore
succombé à son exceptionnel talent, la découvriront en ambassadrice
inspirée par la diva romantique, Maria Malibran, étoile du chant
européen, dans le premier tiers du XIXème siècle. A la même époque, le
ténor italien Giovanni Battista Rubini éclairait de la même façon et
avec quel éclat, les scènes de Naples, Milan, Paris et Londres. Juan
Diego Florez lui rend les honneurs dans ce récital intitulé « Arias for
Rubini ».
Comme son « ancêtre », Florez possède une vocalità fluide,
aux aigus naturels, à l’élégance articulée dont la maîtrise du souffle
et des accents soignent des phrasés d’une musicalité permanente. Lire notre critique intégrale de l’album Arias for Rubini par Juan Diego Florez (1 cd Decca)

8. Schoenberg: Gurrelieder (Gielen. Hänssler)

D’après le roman « En Cactus springer ud » de l’écrivain danois
Jens Peter Jacobsen (1847-1885), Schönberg échafaude sa dramaturgie
vocale (l’oeuvre s’apparente ainsi à un oratorio profane). L’épisme
évocatoire du texte, en liaison avec l’activité de botaniste de
l’auteur, et aussi son lyrisme panthéiste qui sacralise chaque
mouvement de la nature, offre au compositeur de superbes tableaux
inspirés par le souffle des éléments. La légende de Gurre, château à
quelques kilomètres d’Helsingor, où Shakespeare a choisi de placer
l’intrigue d’Hamlet, convoque le couple des amants maudits, le
roi Waldemar (Volmer) et sa maîtresse, la belle Tove Lille (Little
Tove). Mais leur effusion sentimentale est rapidement interrompue par
l’épouse royale, la reine Helvig (Waldtaube) qui assassine sa jeune
rivale…
Michael Gielen et ses troupes rehaussent la grandeur impériale de la partition en en soulignant les subtils climats dramatiques… Lire notre critique complète des Gurrelieder par Michael Gielen (2 cd, Hänssler)

9. Christian Chamorel: récital Franz Liszt (Gallo)

Le jeune pianiste originaire de Lausanne, où il étudie au
Conservatoire, Christian Chamorel, âgé de 28 ans, prend à bras le corps
le programme composé de massifs Lisztéens parmi les plus difficiles du
répertoire.
Son toucher captive par un savant dosage d’intériorité
et de déclamation, une alliance subtile des registres qui rehausse
l’éclat contrasté entre crépuscule et lumière, dévoilant avec une
constante ardeur, un Liszt ivre de romantisme et habité par les visions
mystiques. Après une lecture de Dante fait valoir malgré
l’intensité harmonique, la gestion du souffle, la clarté du jeu et sa
transparence liquide, une lecture chantante et fluide qui maîtrise les
passages entre chaque épisode. L’agilité digitale douée d’un vrai sens
de l’articulation se transmet aussi à la main gauche: le chant lugubre
et souterrain renouvelle l’activité du jeu… Lire notre critique intégrale du récital Franz Liszt par Christian Chamorel (1 cd Gallo)

10. Yannick Nézet-Séguin: Symphonie n°7 de Bruckner (Atma)

Dès l’Allegro intial, la direction convainc par sa hauteur de
vue, convoquant les cimes montagneuses, les enveloppant sans les
opacifier d’un voile onirique, noble, parfaitement serein. L’équilibre
des rangs de l’orchestre, la sonorité sont superbes. Nous sommes
constamment dans la lumière. Exit la nostalgie d’un Böhm. Nézet-Séguin
capte même une transparence solennelle qui suit parfaitement
l’approfondissement de Giulini, son modèle. Le filtre du souvenir est
présent mais dégagé de toute blessure: la direction cherche et trouve
constamment l’apaisement. L’adagio révèle le travail sur la
texture du chef, très inspiré par la matière brucknérienne: il trouve
les accents justes d’une gravité qui n’est jamais appuyée. Le Scherzo est comme le Finale,
captivant: Nézet-Séguin y révèle le sens d’une activité, une tension
souterraine qui portent tout le développement en mettant en relief tour
à tour chacun des pupitres d’instruments, comme en un océan où
successivement, les courants du fond remonteraient en surface,
épanouis, clairs, magistralement maîtrisés. Un foisonnement expressif
d’autant plus facile à suivre dans la prise de son aérée, SACD. Lire notre critique intégrale de la Symphonie n°7 de Bruckner par Yannick Nézet-Séguin (1 cd Atma classiques)

11. Gustavo Dudamel: Symphonie n°5 de Mahler (DG)

Comment Gustavo Dudamel, jeune maestro prometteur, originaire du
Vénézuela, adoubé par Abbado et Rattle, aborde-t-il la complexité
polyphonique de la Cinquième, ses enjeux psychologiques, ses démesures
angoissées, ses vertiges entre l’aigreur empoisonnée et l’espérance
lyrique, conçues par un maître symphoniste, aux étés 1901(Premiers et
Troisième mouvements), puis 1902 (trois mouvements complémentaires dont
le célébrissime « Adagietto.Sehr Langasam« , à la résonance désormais viscontienne…)?
Après
un premier album Beethovénien, convaincant par son énergie, son désir
d’en découdre avec la vitalité rythmique, ce programme malhérien
accomplit une direction maîtrisée dans l’expression, le caractère,
l’approfondissement du sentiment. La juvénilité des instrumentistes
relit sans faute de style, chaque mouvement qui est un tableau
indépendant. Ils réussissent à vaincre et à canaliser la véhémence de
cet océan orchestral dont le passage dans plusieurs tonalités n’est pas
le moindre obstacle pour pénétrer l’étoffe apparemment inextricable de
ce massif musical où se joue tout un destin. Avec l’ascension du jeune Dudamel, c’est un peu la confirmation d’une tendance forte pour 2007: l’émergence de jeunes interprètes s’impose à l’aune des partitions maîtresse du répertoire. Au combat de David contre Goliath, la jeunesse impétueuse conserve son cap sans faillir grâce à une sensibilité musicale infaillible. C’est aussi ce que nous avons pensé du chef montréalais, Yannick Nézet-Séguin, également à l’honneur de notre dossier cd de Noël 2007… Lire notre critique complète de la Symphonie n°5 de Gustav Mahler par Gustavo Dudamel (DG)

12. Leonard Bernstein: West Side Story (1984, version Bernstein. Deutsche Grammophon)

Bernstein rêva toujours de composer son véritable opéra. Oubliant trop vite qu’il avait dès 1957 écrit un pur chef-d’oeuvre lyrique, entre danses (signées de son « frère » en création, Jerome Robbins), comédie musicale et tragédie, il s’obstina, empêtré dans les rets de son activité de chef, ou de communiquant télévisuel et médiatique qui satisfaisait son besoin narcissique: il commit A quiet place, créé en juin 1983 à l’Opéra de Houston, scène secondaire après New York pour un enterrement en première classe: la création fut catastrophique, et même calamiteuse pour la suite de son écriture. Voilà peut-être pourquoi Lenny compositeur jeta un oeil rétrospectif plus bienveillant à West side Story (WSS), créé à New York en 1957. Il décida d’en enregistrer une version avec chanteurs lyriques… en 1984. 27 ans après sa création, cette transgression de registre s’avéra sublime, transférant explicitement la paritition vers ce cran auquel l’auteur désirait s’élever: l’opéra. Pour les 50 ans, en 2007, de « WSS », Deutsche Grammophon réédite en un seul coffret ce qui avait été publié séparément: le cd de cette lecture opératique et surtout le dvd du film documentaire réalisé au moment de l’enregistrement studio. Voici bien l’une des meilleures éditions discographiques de l’année: la sauvagerie dansante des rythmes métissés, l’élan érotique et sensuel d’une partition qui suscita un tollé pour sa force à la fois tragique, violente, sauvage, mais que le public applaudit immédiatement à l’échelle planétaire, en particulier lorsque Robert Wise décide avec Jerome Robbins de porter la comédie au cinéma (lire notre critique du coffret de West Side Story, le film, édité par Sony Bmg), regorge de vitalité frénétique et quasi indécente, sous la baguette libérée d’un Bernstein en phase avec une oeuvre ancienne.
Evidemment, le timbre délicat de Te Kanawa se prête assez mal à la personnalité libertaire et romantique de Maria, la jeune portoricaine. Mais Carreras, et son timbre latin, s’en tire beaucoup mieux. Saluons l’Anita non moins enflammée d’une Troyanos qui avec naturel et noblesse tire l’intrigue urbaine vers ce qu’en a fait Bernstein: un authentique chef d’oeuvre américain, d’une puissance universelle jamais atteinte après lui. Emouvant de voir en couverture ce Bernstein belle gueule qui d’un coup de baguette magique renouvelle de façon définitive la comédie américaine, émouvant d’entendre ici dans pour les voix de Maria et de Tony, les propres enfants de Leonard… 50 ans après sa création new yorkaise, le chef d’oeuvre de Bernstein captive, saisit, enflamme. Edition indispensable!

Dossier sélectif réalisé par la rédaction cd de classiquenews.com: Carter Chris Homphray, Luca Irom, Elvire James, David Tonnelier, Ernst von Beck, Guillaume-Hugues Ferney, sous la direction d’Anthony Goret et d’Alexandre Pham

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