jeudi 28 mars 2024

César Franck: Symphonie en ré mineur (1889). Mikko Franck France Musique, en direct. Le 9 janvier 2009 à 20h

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César Franck
Symphonie en ré mineur

Mikko Franck,
Chef d’orchestre


France Musique

Le 9 janvier à 20h

en direct de la Salle Pleyel

Wagner: extraits d’opéras

Franck: Symphonie en ré mineur

Orchestre Philharmonique de Radio France
Mikko Franck
, direction

Franckisme cyclique et wagnérien

C’est l’oeuvre la plus connue de César Franck, compositeur belge du XIXe siècle. Son unique symphonie, dédiée par l’auteur à Henri Duparc, est composée à partir de 1886 : elle est terminée le 22 août 1888, et constitue l’un des rares témoignages de l’écriture symphonique à la française au XIX ème, quand on pense plus facilement aux compositeurs germaniques dans le genre, de Schubert et Mendelssohn, de Schumann à Brahms, prédécesseurs de Bruckner et Mahler… La première française est donnée au Conservatoire de Paris le 17 février 1889.

Franck a laissé ses oeuvres les plus significatives à la fin de sa vie, comme si la valeur expressive dépendait dans son cas d’un lent processus de maturation. Avant de composer dans le genre orchestrale, de nature plutôt réservée et modeste, celui qui a suscité tout un mouvement artistique autour de lui, s’impose tout d’abord comme compositeur dans le genre choral et sacré. La création de la Symphonie en 1889 ayant lieu juste un avant son décès, pourrait être tenue à juste titre comme son testament artistique.

Certainement porté par le succès de ses « Variations symphoniques pour piano et orchestre » (1885), à mettre dans le sillon précédent de la Symphonie espagnole (1875, en fait un concerto pour violon) d’Edouard Lalo, Franck répond à une vraie demande. Puis le triomphe parallèle en 1886, simultanément de la Symphonie n° 3 de Camille Saint-Saëns et la Symphonie sur un chant montagnard français de Vincent d’Indy, confirme qu’il existe bien dans l’audience parisienne un véritable engouement pour le genre symphonique ! Voilà qui régénère le genre, guère florissant depuis la Symphonie fantastique d’Hector Berlioz en 1830.
De Lalo à D’Indy et Saint-Saëns, Franck marque une exception française dans la vaste histoire de l’écriture symphonique, dominée depuis Haydn par les compositeurs allemands. Toujours, il s’agit de se démarquer de la vague wagnérienne, si attractive, fascinante et aussi étouffante voire sclérosante pour nombres de compositeurs européens romantiques.
Les Français se distinguent en intégrant des instruments peu familiers du flux orchestral: le piano ou l’orgue (Saint-Saëns).

1889, Symphonie à la française

Fidèle à lui-même, Franck respecte son concept de musique cyclique tout en s’inscrivant sur le plus de la sonorité et de l’orchestration, dans la filiation lisztéenne et wagnérienne. Quand D’Indy et Saint-Saëns (pourtant wagnériste), s’écarte plus explicitement de Wagner.

En dépit de sa pertinence originale et de la qualité de sa facture, la Symphonie de Franck, trop wagnérienne et allemande dans un contexte anti-prussien (depuis la défaite de 1871), a du mal à convaincre. Patriote borné, Charles Lamoureux refuse de créer l’œuvre. Franck, professeur au Conservatoire, sollicite l’orcheste du Conservatoire, obligé statutairement de jouer les oeuvres de l’équipe des enseignants.

Dans un contexte politique et social, comme culturel où tout sympathisant à la cause ennemie wagnérienne était ressentie comme une trahison à la nation, la Symphonie de Franck est immédiatement critiquée, analysée sans ménagement, taxée de faute de goût et de style trahissant soit disant l’héritage viennois de Haydn et de Beethoven… Les plus réfractaires parmi les anti franckistes demeurent les membres de la Société nationale de musique. « aride » et « terne » précise avec radicalisme, Bellaigue, proche de Saint-Saëns. Même Gounod enterre la partition qu’il juge dogmatique et sombre à l’excès. En vérité, il s’agit d’une assimilation extrêmement originale et personnelle du genre symphonique allemand, renouvelant le source wagnérienne, et aussi lisztéenne: Franck laisse dans sa Symphonie l’aboutissement de toute une vie. L’aveuglement patriote des français traumatisé par la défaite de 1871 empêchait alors une juste appéciation de la partition. Nonobstant, la Symphonie de Franck suscite un triomphe hors de l’Hexagone, partout en Europe et même aux USA où elle est créée dès janvier 1899 (à Boston).
Il est vrai que le soi disant idéalisme angélique du Pater Seraficus est fortement coloré d’amertume et de profondeur âpre (influencés par la défaitisme shopenhauerien de Wagner?) explicitement développement dans la Symphonie.

Plan. La symphonie en ré mineur est en trois mouvements, chacun selon le principe cyclique de Franck, développant les quatre mesures qui introduisent le début de l’oeuvre:
I. Lento. Allegro ma non troppo.
II. Allegretto
III. Finale: Allegro non troppo

Illustration: César Franck, organiste (DR). portrait en buste par Auguste Rodin (DR)

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