mercredi 11 juin 2025

CRITIQUE, récital lyrique. PARIS, Théâtre des Champs-Elysées, le 8 juin 2025. Pretty YENDE (soprano), Orchestre national d’Île de France, Pablo Mielgo (direction)

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Emmanuel Andrieu
Emmanuel Andrieu
Après des études d’histoire de l’art et d’archéologie à l’université de Montpellier, Emmanuel Andrieu a notamment dirigé la boutique Harmonia Mundi dans cette même ville. Aujourd’hui, il collabore avec différents sites internet consacrés à la musique classique, la danse et l’opéra - mais essentiellement avec ClassiqueNews.com dont il est le rédacteur en chef.

Quelle soirée envoûtante au Théâtre des Champs-Elysées – et grâce à la série des « Grande Voix » ! Pretty Yende, la soprano sud-africaine au timbre d’or, a illuminé la fameuse scène parisienne, portée par l’excellence de l’Orchestre National d’Île-de-France sous la direction énergique et sensible du chef espagnol Pablo Mielgo. Entre grands airs d’opéra et escapades légères, son programme a démontré l’étendue prodigieuse de son art, chaque pièce sublimée par une technique irréprochable et une expressivité bouleversante.

La soirée s’ouvre avec l’ouverture de La Forza del Destino (Verdi), où l’orchestre déploie une tension dramatique magnifique, annonçant une soirée sous le signe du grand opéra. Puis, Pretty Yende entre en scène pour « D’amor sull’ali rosee » (Il Trovatore), où sa voix, d’une pureté cristalline, se pare de pianissimi envoûtants et de nuances infinies. Son souffle semble inépuisable, chaque phrase portée par un legato d’une élégance souveraine. Le « Casta Diva » (Norma) qui suit est un moment de grâce absolue. La soprano domine les vocalises avec une aisance déconcertante, mêlant finesse belcantiste et puissance romantique, tandis que le « Ah! bello a me ritorna » explose en une déclaration passionnée, couronnée par des aigus d’une luminosité à couper le souffle. Après l’ouverture de Nabucco (Verdi), jouée avec une fougue électrisante, Yende enchante avec « Mercé, dilette amiche » (I Vespri Siciliani), où sa coloratura étincelante et son sens inné de la comédie font mouche.

Puis, changement d’ambiance avec « Depuis le jour » (Louise, Charpentier) : son timbre prend des teintes veloutées, caressant chaque note avec une tendresse qui arrache des frissons. L’ouverture de La Vie Parisienne (Offenbach) entraîne ensuite la salle dans un tourbillon joyeux, avant que « Suis-je gentille ainsi ? » (Manon, Massenet) ne révèle toute la coquetterie espiègle de la soprano. Son interprétation de « Obéissons quand leur voix appelle » est un festival de nuances espiègles et de vocalises impeccables, salué par des applaudissements nourris. La « Chanson à la lune » (Rusalka, Dvořák) s’avère comme un moment de pure poésie. Sa voix, d’une transparence lunaire, flotte avec une douceur surnaturelle, tandis que l’orchestre brosse un écrin orchestral envoûtant. Puis, après l’ouverture de La Chauve-Souris (Strauss), Yende s’empare du Csárdás avec une autorité dramatique et une virtuosité époustouflante, terminant sur un suraigu explosif qui déclenche des d’applaudissements nourris d’un public parisien quasi entré en transe.

Mais la magie ne s’arrête pas là ! En guise de finale, Pretty Yende offre un medley de chansons américaines qui fait fondre la salle, conclu par « Over the Rainbow » (Arlen), clou du spectacle, où son aigu final, suspendu dans un fil de voix, laisse la salle en apesanteur. Elle offre ensuite, à un public toujours plus conquis, deux bis : « Paris, Paris, Paris » de Joséphine Baker – et ce qui est désormais son refrain dans chacun de ses récitals, « I feel Pretty » (extrait de West Side Story de Bernstein). Entre chaque bis, elle lance, rayonnante : « I love you, Paris ! , provoquant des manifestations de plus en bruyantes et hystériques de la part d’un public parisien tombé une nouvelle fois amoureux d’elle…

Et pour les aficionados, Pretty Yende sera de retour la saison prochaine au TCE dans le cadre des « Grandes Voix » à deux occasions : le 4 octobre 2025 pour le Gala Joséphine Baker, puis le 16 décembre pour un programme « Noël en chansons » !

 

 

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CRITIQUE, récital lyrique. PARIS, Théâtre des Champs-Elysées, le 8 juin 2025. Pretty YENDE (soprano), Orchestre national d’Île de France, Pablo Mielgo (direction). crédit photo (c) Emmanuel Andrieu

 

 

 

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