vendredi 6 décembre 2024

CRITIQUE, opéra. PARIS, Opéra Bastille, le 5 novembre 2024. MOZART : La Flûte enchantée. Aleksandra Olczyk, Nikola Hillebrand, Pavel Breslik, Mikhail Timoshenko… Robert Carsen/ Oksana Lyniv

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André Peyrègne
André Peyrègne
André PEYREGNE est Président d’honneur de la Fédération Française d’Enseignement Artistique, Chroniqueur en Histoire et Musique de Nice-Matin, Collaborateur de Radio France et France Télévision et Ecrivain (son dernier livre paru : « Petites histoires de la grande musique » / Editions Desclée de Brouwer)

La Flûte enchantée de Robert Carsen revient à l’Opéra Bastille. On l’y avait déjà vue en 2022, et l’on se réjouit de la revoir. Dans le monde de l’art lyrique, « les » Carsen sont à consommer sans modération. Une fois de plus, son spectacle est très « classe ». Robert Carsen déroule l’essentiel de son histoire dans un décor de forêt. Grâce à la magie de la vidéo, on voit cette forêt changer de saison en un clin d’œil, passer du printemps à l’été, de l’été à l’automne, de l’automne à l’hiver. De temps à autres, des vols d’oiseaux viennent se poser sur les branches. La flûte n’est pas seule à être enchantée. La forêt l’est aussi. Et le public de même ! Ce spectacle pourrait être sous-titré les « Quatre saisons de Carsen » !

 

N’attendez pas une Reine de la nuit arrivant en chevauchant un nuage ou un croissant de lune ! Elle entre en scène en tailleur noir, portant un sac à main et des lunettes de soleil. Elle a tout d’une femme du monde se rendant à des funérailles nationales. L’histoire que nous raconte Robert Carsen est plus métaphysique que féerique. Il est hanté par l’idée de mort. Lorsqu’on n’est pas en forêt, on descend dans des sous-terrains encombrés de cercueils. L’évolution vestimentaire de l’action est basique : on est vêtu en noir dans la première partie du spectacle et en blanc à la fin, après la réussite initiatique du couple de Tamino et Pamina et son accès à la lumière. Dans la première partie, non seulement la Reine et ses trois dames sont en noir, mais aussi Sarastro et ses hommes. Tous portent même des voiles sur la tête. Tout le monde, à la fin, apparaît dans des blancs éclatants. Une pub de lessive pourrait s’emparer de l’image !

 

Sans être exceptionnelle, la distribution vocale est très bonne, dominée par les deux interprètes de Tamino et Papageno . Le premier est le ténor slovaque Pavol Breslik. Le second est le baryton russe Mikhaïl Timoshenko. Il nous réjouit toute la soirée. La Pamina de Nikola Hillebrand est touchante. Aleksandra Olczyk chante la Reine de la nuit avec une voix vibrante dont les vocalises ne coulent pas mais dans lesquelles elle insiste sur chaque note, rendant son expression dramatique. Jean Teitgen chante Sarastro avec noblesse. Nicolas Cavalier est un bon Orateur. Mathias Vidal est très à l’aise en Monostatos. Charmante intervention de Ilanah Lobei-Torres en Papagena . Son duo Pa-pa-pa-geno-pa-pa-pa-gena est bien sûr très attendu. Il fait toujours son ef-fet-fet. Mention spéciale pour les deux trios des Dames de la nuit et des enfants. Souvent, ils sont sacrifiés – surtout le second. Ici, ils sont remarquables. Ces dames sont Margarita Polonskaya, Marie-Andrée Bouchard et Claudia Hucke. Quant aux enfants, ils ont été choisis dans la Chorale d’enfants Aurelius de la ville de Calw en Bavière.

 

La direction d’orchestre d’Oksana Lyniv est efficace, même si on l’aimerait plus allégée dans certaines répliques. A la fin, tout le monde vêtu de blanc apparaît sur une prairie ensoleillée. C’est le triomphe de la lumière. On se congratule, on se fait l’accolade, on s’embrasse. Paris n’a pas connu une aussi belle image de fraternité depuis les J.O. On est heureux sur scène et dans la salle. Tel est l’effet Carsen…

 

Crédit photographique © Charles Duprat / ONP

 

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CRITIQUE, opéra. PARIS, Opéra Bastille, le 5 novembre 2024. MOZART : La Flûte enchantée. Aleksandra Olczyk, Nikola Hillebrand, Pavel Breslik, Mikhail Timoshenko… Robert Carsen/ Oksana Lyniv. Toutes les photos © Charles Duprat / ONP

 

VIDEO : Trailer de « La Flûte enchantée » de Mozart selon Robert Carsen à l’Opéra national de Paris

 

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