mardi 27 mai 2025

CRITIQUE, opéra (en version concertante). VERSAILLES, Opéra Royal, le 29 mai 2023. WAGNER : Das Rheingold. P. Schöne, W. van Mechelen, P. McManara… Orchestre du Théâtre national de la Sarre, Sébastien Rouland (direction)

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Emmanuel Andrieu
Emmanuel Andrieu
Après des études d’histoire de l’art et d’archéologie à l’université de Montpellier, Emmanuel Andrieu a notamment dirigé la boutique Harmonia Mundi dans cette même ville. Aujourd’hui, il collabore avec différents sites internet consacrés à la musique classique, la danse et l’opéra - mais essentiellement avec ClassiqueNews.com dont il est le rédacteur en chef.

Ce dimanche 29 mai, l’Opéra Royal de Versailles a vibré lors d’une mémorable représentation (en version concertante) de L’Or du Rhin de Richard Wagner, Prologue de la Tétralogie, marquant le début d’un partenariat entre le Théâtre national de la Sarre en Allemagne et l’institution versaillaise. Ce projet célèbre le 150ème anniversaire de la création du Ring (en 1876 à Bayreuth), avec pour objectif de présenter l’intégralité de la Tétralogie d’ici 2026. Reporté en raison de la pandémie, ce Rheingold en version concert a été salué comme une alternative magistrale, privilégiant la pureté musicale aux artifices scéniques.

 


Sous la direction énergique et inspirée du chef français Sébastien Rouland, l’Orchestre du Théâtre national de la Sarre a offert une interprétation somptueuse, mettant en lumière les Leitmotiv complexes et les textures dramatiques de Wagner. La précision, l’homogénéité et le sens théâtral de l’ensemble ont été soulignés, magnifiés par l’acoustique exceptionnelle du lieu. Des profondeurs murmurantes du Rhin aux enclumes tonitruantes du Nibelheim, la partition a résonné avec une puissance envoûtante.

La distribution vocale réunie à Versailles est à l’avenant. Peter Schöne (Wotan) possède une voix mordorée, incarnant avec autorité l’arrogance et les doutes du dieu. Dans le rôle d’Alberich, Werner van Mechelen, après des débuts hésitants, livre ensuite une performance terrifiante, notamment dans la malédiction de l’Anneau. Melissa Zgouridi campe une éblouissante Erda, avec sa voix de mezzo incarnant une sagesse primordiale. Markus Jaursch (Fasolt) et Hiroshi Matsui (Fafner) offrent deux géants qui impressionnent par leur puissance vocale, annonçant leurs destins tragiques. Algirdas Drevinskas incarne un Loge rusé et charismatique, malgré une voix manquant de projection. Les Filles du Rhin (Valda Wilson, Zgouridi, Bettina Bauer) ouvrent l’œuvre avec grâce. Paul McNamara (Mime) brille dans son récit poignant, tandis que Stefan Röttig (Donner) manque de poids vocal. 


L’absence de mise en scène a recentré l’attention sur la partition et l’engagement des chanteurs. Ce Rheingold très réussi est de bon augure pour La Walkyrie, prévue en mars 2024. Un hommage à Wagner, lien entre Louis XIV et Louis II de Bavière, dont le château d’Herrenchiemsee rêvait de rivaliser avec Versailles…

 

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CRITIQUE, opéra (en version concertante). VERSAILLES, Opéra Royal, le 29 mai 2023. WAGNER : Das Rheingold. P. Schöne, W. van Mechelen, P. McManara… Orchestre du Théâtre national de la Sarre, Sébastien Rouland (direction). Photo (c) DR.

 

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