Le beau-livre édité par les éditions du Mont-Blanc propose un remarquable tour d’horizon des compositeurs, des franco-flamands et Muffat aux plus modernes de Poulenc à Zulawski… (soit de 1400 à 1953) qu’inspirent puissamment les cimes alpestres. En grand format, l’édition est un somptueux cadeau à glisser sous le sapin pour Noël 2024.
La présentation chronologique met surtout l’accent sur les sites et les parcours suivis, éprouvés par les musiciens sur le motif ; peu de portraits des auteurs, sinon une brève biographie pour chacun d’eux, mais de nombreuses cartes et les itinéraires renseignés de chaque excursion voire ascension préparé, qui récapitulent le cheminement des explorateurs, et des artistes grimpeurs dans les montagnes… Evidemment Wagner qui hôte et réfugié bien accueilli en Suisse, a parcouru les Alpes de bout en bout ; c’est assurément celui qui connaît les pistes d’excursion le mieux ; évidemment aussi, Liszt (son confrère et beau-père) et ses « Années de pèlerinage » ; …
… évidemment Richard Strauss qui dédie une symphonie parmi les plus spectaculaires jamais composées sur le sujet alpestre (137 instrumentistes) restituant les étapes et jalons d’une journée de randonnée, de l’aube au crépuscule (1915) ; mais encore Brahms, ce dernier marcheur matinal à l’inflexible discipline… et Hugo Wolf dont l’existence fulgurante et tragique connaît ses heures les plus heureuses dans le paysage alpestre… Chacun sait se bercer des cloches à vaches, aux sonorités emblématiques, motifs chers au cœur de chaque musicien randonneur. Le texte et chaque présentation célèbrent en définitive la majesté indiscutable des massifs alpestres, comme le rappelle également le peintre suisse Ferdinand Hodler dont la vue sur la Jungfrau dans le brouillard (1908), ses bleutés lointains, émergeant d’une mer nuageuse, sert ici de couverture du livre, plus qu’évocatrice. La lecture souligne combien ce sont les Romantiques germaniques et français qui se sont passionnés pour les Alpes y trouvant une source d’émerveillement, de réconfort physique comme psychique, si féconds pour leur propre équilibre intérieur comme leur inspiration.
Mozart, Blondeau et Berlioz, Weber, mais aussi Rossini, Bellini, Donizetti, Verdi, artisans d’un bel canto « alpestre », sans omettre Hérold, Spohr, Mendelssohn, Schubert, Schumann, Niedermeyer, Gounod, Meyerbeer, Joachim Raff… et tant d’autres compositeurs, parcourent, s’émerveillent, reviennent aussi comme un rituel qui réconforte et régénère : Mahler dans son cabanon de Maiernigg (où il compose chaque été, de 1901 à 1907), Webern, Bartok (et sa passion des cimes, de la beauté vertigineuse après l’effort…), Dutilleux. Tous partagent la fascination du motif naturel ce que l’auteur belge Dominique Huybrechts exprime avec clarté et une érudition vivante et accessible.
« Ce grelot de vache me tient à cœur, il me donne une très violente impression de repos, de calme, d’éloignement et d’immensité. Je me sens fondre dans toute la nature : ma croûte d’orgueil et de froideur voulue éclate ; c’est un moment d’envolée qui fait du bien et rend meilleur », s’exprime Ernest Chausson.
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CRITIQUE, Livre événement. Dominique Huybrechts : Les Alpes et les compositeurs (éditions du Mont-Blanc) – parution : novembre 2024 – CLIC de CLASSIQUENEWS – PLUS D’INFOS sur le site de l’éditeur Éditions du Mont-Blanc : https://www.editionsdumontblanc.com/
Présentation du livre Les Alpes et les compositeurs : https://www.editionsdumontblanc.com/accueil/193-les-alpes-et-les-compositeurs.html
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