samedi 14 septembre 2024

CRITIQUE, festival. 33ème Festival SINFONIA EN PERIGORD, Château de Jumilhac, le 19 août 2024. Henry PURCELL : « Mad songs, music for a while ». C. Mutel, P. Figuier, G. Andrieux. Les Nouveaux Caractères / Sébastien d’Hérin.

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Emmanuel Andrieu
Emmanuel Andrieu
Après des études d’histoire de l’art et d’archéologie à l’université de Montpellier, Emmanuel Andrieu a notamment dirigé la boutique Harmonia Mundi dans cette même ville. Aujourd’hui, il collabore avec différents sites internet consacrés à la musique classique, la danse et l’opéra - mais essentiellement avec ClassiqueNews.com dont il est le rédacteur en chef.

Repris par le chef et claveciniste Sébastien d’Hérin des mains de David Théodoridès (parti diriger le Festival de Saintes) en 2021, le Festival Sinfonia en Périgord se déroule du 19 au 29 août à Périgueux et ses alentours. Particularité de cette 33ème édition, le festival se scinde cette année en deux, avec une partie “off”,  décentrée dans les églises et châteaux du département de la Dordogne (du 19 au 21), puis d’une partie “in”, recentrée sur ses lieux historiques que sont le Théâtre de Périgueux et la voisine Abbaye de Chancelade (du 22 au 29). Sébastien d’Hérin a ainsi conçu, comme pour ses trois premiers mandats, une programmation de qualité qui embrasse tous les aspects de la musique baroque et qui permet de découvrir, en musique, le riche patrimoine du Périgord. Et cette année encore, sur un temps par ailleurs plus long que de coutume (10 jours au lieu d’une semaine… quand partout ailleurs la durée des festivals se réduit comme peau de chagrin…), une attention particulière est portée aux jeunes ensembles et à la découverte de nouveaux talents. 

 

 

Et c’est à la journée d’ouverture du festival que nous avons eu la chance d’assister, en ce lundi 19 août, dans la salle d’honneur du superbe Château de Jumilhac, dans le nord du département (aux portes de la Creuse et de la Haute-Vienne). Un premier concert (auquel nous ne sommes malheureusement pas arrivés à temps…), dans l’après-midi, mettait à l’honneur des Cantates de Georg Friedrich Haendel, puis c’était, le soir venu, son prédécesseur comme grand pourvoyeur de musique à Londres qui était mis en avant, “l’Orpheus britannicus”, c’est-à-dire… Henry Purcell ! Et c’est pot-pourri de ses oeuvres vocales et instrumentales les plus célèbres qui est donné ici à entendre, en compagnie de l’ensemble Les Nouveaux Caractères, fondés par Sébastien d’Hérin et Caroline Mutel en 2006, cette dernière étant également l’une des trois solistes de la soirée, aux côtés des jeunes et talentueux contre-ténor Paul Figuier et baryton Guillaume Andrieux.

Intitulée “Mad songs, Music for a while”, le concert d’une durée d’une heure et demi (donné sans entracte) donne ainsi à entendre tous les plus fameux airs des masques et opéras de Henry Purcell, et débute par l’étrange pièce  “Of all the instruments”, dans laquelle les trois solistes parodient le son d’instruments de musique, en se répondant les uns aux autres. Suit un “mask” extrait de Timon d’Athènes, avant le duo “Let us leave” tiré de The Fairy Queen. Nous ne citerons pas la trentaine de morceaux retenus ici, cela serait fastidieux, d’autant que nul réel lien logique ne les relie, et l’on passe ainsi ensuite de la symphonie introductive de King Arthur à la “Danse des sorcières” extraite de Didon et Enée, pour enchaîner sur des extraits de la superbe “Ode à Sainte-Cécile”. Le jeune contre-ténor Paul Figuier, qui nous avait enthousiasmé quelques mois plus tôt à Toulon dans le rôle des Nourrices du Couronnement de Poppée, brille à nouveau dans cette même Ode (« Tis Nature’s voice« ), où son beau timbre et sa voix bien placée font merveille. Guillaume Andrieux a, de son côté, l’air “Wondrous machine” (dans le même ouvrage) pour pavaner son beau registre grave (et ses talents de comédiens), tandis que la soprano Caroline Mutel profite de l’air “The plaint” (extrait de The Fairy Queen) pour faire fondre les coeurs, dans cette complainte déchirante à souhait. Souvent réunis en trio, les trois chanteurs sont rejoints par les instrumentistes dans le délicieux et réjouissant air conclusif “One, two, three”.

Dirigés par Sébastien d’Hérin depuis son clavecin ou son orgue positif, les six instrumentistes des Nouveaux Caractères (Armelle Cuny et Stéphan Dudermel au violon, Murielle Pfister à l’alto, Frédéric Baldassare au violoncelle, Florian Gazagne à la flûte et au basson, et Félix Leclerc aux percussions  se montrent excellents de bout en bout, et la riche cohorte de talents est bien exploitée pour varier couleurs et ambiances, ce qui s’avère plus que nécessaire pour maintenir l’attention du public, dans un programme entièrement dédié au même compositeur !

Le Festival “in” a commencé hier (au Théâtre de Périgueux) par le célébrissime Stabat Mater de Pergolesi (avec Raffaele Pe et Caroline Mutel comme solistes), et se poursuit ce soir (même lieu) par le concert “La Chambre des miroirs” réunissant des musiques italiennes du XVIIème siècle avec l’Ensemble I Gemelli (nous avons assisté à ce concert en juin dernier aux Invalides). Il se poursuit, demain dimanche 25 août, avec les Concertos Brandebourgeois interprétés par le fameux ensemble Café Zimmermann. La suite du programme est consultable ici, mais si vous êtes dans la région, ne manquez surtout pas l’intégrale des Sonates du rosaire d’Ignaz von Biber par Gli Ignoti/Amandine Beyer à la fabuleuse Abbaye de Chancelade (mardi 27 août), ou encore le concert de clôture (jeudi 29 août) qui mettra sous les projecteurs le rare oratorio de M. A. Ziani, “La Morte vinta”, par Les Traversées baroques, au Théâtre de Périgueux !

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CRITIQUE, festival. 33ème Festival SINFONIA EN PERIGORD, Château de Jumilhac, le 19 août 2024. Henry PURCELL : « Mad songs, music for a while ». C. Mutel, P. Figuier, G. Andrieux. Les Nouveaux Caractères / Sébastien d’Hérin. Photos (c) Emmanuel Andrieu.

 

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