CRITIQUE, DVD BLU RAY. WAGNER : Der Fliegende Holländer, Bayreuth 2021. Zeppenfeld, Grigorian. Oksana Lyniv / Dmitri Tcherniakov. 1 DVD / BLU RAY Deutsche Grammophon – Evidemment, fidèle à son principe de réécriture, le metteur en scène révise les relations, réadapte l’intrigue, en particulier la fin (comme il l’a fait pour Carmen et aussi Les Troyens, sans omettre sa relecture de Dialogues des Carmélites qui avait suscité les foudres judiciaires des ayant droits de Poulenc…) ; Ici, le vrai héros c’est la revanche du Hollandais, être maudit qui utilise Senta – l’amour de celle-ci pour obtenir son salut (et la fin de son errance éternelle). Pendant l’ouverture, une nouvelle action théâtrale s’accomplit, éclairant la liaison entre la mère du Hollandais et … Daland qui l’écarte rapidement. Le Hollandais n’aura de cesse d’obtenir vengeance car sa mère s’est suicidée.
Voilà l’option théâtrale, mais alors le Hollandais courtise sa sour Senta dont l’amour est le sujet central de son stratagème vengeur. Evidemment, comme toujours, un acte insensé se produit, sans aucune explication préalable : Mary surgit soudainement à la fin, et tue le Hollandais. On reste saisi face à cette mort subite.
Exit le souffle de la légende maritime, l’apparition spectaculaire du Vaisseau démoniaque, le désespoir du Hollandais auquel répond le sacrifice puis la rédemption de Senta. Le réalisme de Tcherniakov en fait une histoire sordide et étouffante, voire platement anecdotique. Celle d’un village du nord de l’Allemagne. De l’obstination à désenchanter la fable onirique et marine…
Heureusement la réalisation artistique, elle, convainc, restituant au delà du visuel, l’ivresse passionnelle du drama wagnérien romantique, en particulier la figure déterminée et combattante de Senta, fille audacieuse de Daland ; elle attend celui qui l’aimera, la sauvera, la comprendra… le Hollandais.
Daland crédible et astucieux, Georg Zeppenfeld affirme sa prestance vocale et scénique, en familier justement admiré de Bayreuth. Eric Cutler incarne Erik, être sensible et palpitant qui souffre car il assiste démuni, impuissant à l’attraction qui unit indéfectiblement sa fiancée Senta au Hollandais. D’autant plus qu’Asmik Grigorian (qui depuis à l’été 2022, a triomphé dans le Triptyque de Puccini sous la direction de Franz Welser-Möst) impose une Senta active et lumineuse autant par la vraisemblance de la tenue dramatique que l’intensité et la solidité du chant. Marina Prudenskaya dans le rôle de Mary, assure sa partie, comme le Timonier d’ Attilio Glaser, ténor agile et puissant ; saluons aussi le superbe choeur, agissant et puissant (somptueuses fileuses dont le chant convoque enfin l’esprit de la légende et du mythe).
La cheffe ukrainienne Oksana Lyniv (première femme dans la fosse de Bayreuth, – il était temps !) dirige coûte que coûte une production souvent incohérente ; parvient à émouvoir dans la Ballade de Senta, mais semble hésiter à insuffler la passion requise, matière organique incandescente, à l’aune de la passion wagnérienne, pour que s’accomplisse la métamorphose et donc, le salut des deux âmes ainsi aimantées : Senta et le Hollandais. Pour les voix incarnées justes de Georg Zeppenfeld et Asmik Grigorian.
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CRITIQUE, DVD BLU RAY. WAGNER : Der Fliegende Holländer, Bayreuth 2021 – Le Vaisseau fantôme (1843) / livret du compositeur. Georg Zeppenfeld, Daland. Asmik Grigorian, Senta. Marina Prudenskaya, Mary. Eric Cutler, Erik. Attilio Glaser, le pilote. John Lundgren, le Hollandais. Chœur du festival et Orchestre du festival de Bayreuth, direction : Oksana Lyniv / Mise en scène : Dmitri Tcherniakov. 1 BLU RAY Deutsche Grammophon.
