Artisans d’excellence, les danseurs du Ballet de l’Opéra National de Paris – ici tous italiens (la soirée est intitulée « Les Italiens de Paris« , d’après une idée d’Alessio Carbone, Premier danseur dans le Ballet de l’Opéra National de Paris) – créent en première mondiale « Unfolding », sur une chorégraphie signée Simone Valastro, pièce brillante et précise où brille l’élégance de la danseuse étoile Ludmila Palgiero, toute en complicité avec Jack Gasztowtt. C’est assurément le temps fort de cette soirée éclectique qui souligne à quel point la maîtrise des danseurs parisiens s’affirme naturelle quel que soit le style et les effectifs.
On avait applaudi précédemment le même duo dans la sublime Méditation de Thaïs (sur la musique de Jules Massenet en début de soirée (dans la chorégraphie sobre et subtile de Roland Petit). Ce qui devait être une expérience unique et passagère, initiée en 2016 par Alessio Carbone, est devenu une « troupe » régulière, comptant ainsi sa huitième année d’activité à l’été 2024) : « Les Italiens de l’Opéra de Paris » performent ainsi, chaque année, dans un cycle diversifié qui mêle genres et styles contrastés… preuve que la dizaine d’artistes ici retenue est d’une saisissante versatilité technique, aussi à l’aise dans le répertoire « classique » que « contemporain ».
Toujours s’affirme à travers la diversité des tableaux, une étonnante cohésion collective. Légèreté, précision, synchronicité, jusqu’à l’expression de chaque visage en situation… aucun doute, dans une variété équilibrée de séquences idéalement rythmées, les Italiens confirment l’excellence de l’école de danse parisienne. Le cycle est tout autant enrichi de défis contemporains tels Les Bourgeois (sur une chorégraphie de Ben Van Cauwenberg), Les Indomptés (signés Claude Brumachon), ou encore Appointed Rounds par Simone Valastro. Argument et non des moindres, se joint aussi une seconde étoile (et très récente… depuis le 24 mars dernier !) dans cette dernière pièce : Bleuenn Battistoni (que l’on avait préalablement admiré dans Don Quichotte de Leon Minkus, avec Francesco Mura comme partenaire).
Bien que varié, le programme – présenté ici sous la forme d’un gala – fait la part la plus belle à plusieurs pièces emblématiques du répertoire classique (comme La fille mal gardée de Ferdinand Hérold, Le Corsaire sur une chorégraphie de Marius Petipa, ou ce Don Quichotte chorégraphié par le légendaire Rudolf Nureev…) ; il intègre aussi cette année deux pièces du danseur et chorégraphe Simone Valastro… le déjà connu Appointed Rounds (brillamment exécuté par cinq danseurs) et la création, en première mondiale, de Unfolding sur une musique hypnotique de John Adams. Et non moins hypnotique est la « folle danse » finale qui voit tous les artistes défiler les uns après les autres pour faire montre de tout leur talent dans des soli ébouriffants de virtuosité… ce dont le public (venu en nombre) paraît friand, car il multiplie rappels et clameurs !
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CRITIQUE, danse. VAISON-LA-ROMAINE, 28ème édition de Vaison Danse, Théâtre Antique (le 20 juillet 2024). « Les Italiens de l’Opéra » : Gala de danse avec des Etoiles et Premiers Danseurs (Italiens) de l’Opéra National de Paris. Photos (c) Stéphane Renaud.
VIDEO : « Les Indomptés » de Claude Brumachon
TEASER VIDEO : « Les Italiens de l’Opéra » !