dimanche 27 avril 2025

CRITIQUE, concert. PORTO, Casa da Musica, le 10 mai 2024. WEBER / BEETHOVEN. Orchestre Symphonique de Porto – Casa da Musica, Rui Lopes (basson), Kerem Hasan (direction).

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Emmanuel Andrieu
Emmanuel Andrieu
Après des études d’histoire de l’art et d’archéologie à l’université de Montpellier, Emmanuel Andrieu a notamment dirigé la boutique Harmonia Mundi dans cette même ville. Aujourd’hui, il collabore avec différents sites internet consacrés à la musique classique, la danse et l’opéra - mais essentiellement avec ClassiqueNews.com dont il est le rédacteur en chef.

 

Le Portugal n’est pas une terre d’opéra, et seule sa capitale Lisbonne dispose d’une salle qui lui est dédié (le mythique Teatro Sao Carlos où se produisit jadis Maria Callas…), tandis que Porto, la seconde ville du pays avec ses 1,5 millions d’habitants, est quant à elle dotée de la plus belle salle de concert du pays, sorte de vaisseau spatial conçu par l’architecte star Rem Koolhaas : la fameuse Casa da Musica ! Au sein d’une riche programmation, l’Orchestre Symphonique de la ville portuaire – la “Cidade Invicta” (“Ville jamais Vaincue” – car Porto n’a jamais été conquise de toute son histoire par aucune des nombreuses nations qui ont tenté de s’en emparer !… – est bien sûr roi, au point de porter son nom : Orquestra Sinfonica do Porto – Casa da Musica. Et en ce 10 mai, la phalange portugaise accueillait le jeune (et si talentueux !) chef britannique Kerem Hasan (né en 1993), Lauréat du prestigieux “Saltzburg Festival Young Conductors Award” en 2017. 

Une soirée entièrement dédiée à la musique allemande du début du XIXème siècle, avec au programme l’Ouverture du “Freischütz” et le Concerto pour basson en Fa majeur op. 75 (1811) de Carl Maria von Weber en première partie de soirée, puis la célébrissime “Symphonie Pastorale” de Ludwig van Beethoven en seconde. D’emblée, le sémillant ancien directeur musical de l’Orchestre Symphonique d’Innsbruck (de 2019 à 2023) empoigne la superbe Ouverture de Weber avec toute la flamme qu’elle appelle, alors que le très beau Concerto qui suit offre l’occasion de découvrir l’excellent bassoniste qu’est Rui Lopes (salué par le New-York Times après un concert qu’il a donné au fameux Carnegie Hall en 2015) ! Le Concerto pour basson de Weber est l’un des rares, avec celui cependant plus souvent mis à l’affiche de Mozart, à s’être imposé au répertoire, et offre un visage plus léger et souriant que ce dernier, même s’il n’est pas exempt de pages d’une certaine tristesse. Premier basson solo de l’orchestre “maison”, Rui Lopes joue sur son fagott des gammes, traits et grands intervalles qui lui permettent de rayonner, sans négliger pour autant le chant et l’expression dans le superbe Adagio central. Le public lui fait une fête – sans pour autant proposer un bis, certes moins nombreux que dans le répertoire pianistique ou violonistique…

Après l’entracte, place donc à la Sixième Symphonie (dite “Pastorale”) de Beethoven. Et avouons que cela sera là l’une des plus enthousiasmantes versions que nous aurons entendues en concert de toute notre vie de mélomane et journaliste musical ! Le premier mouvement est bondissant et étincelant, d’une clarté de ligne remarquable, qui permet d’entendre une palette d’effets et de nuances très large, ainsi que la suprématie d’un lumineux pupitre de premiers violons qui sont les inspirateurs de tout l’orchestre. L’Andante est phrasé avec une douceur extrême, offrant un admirable moment de contemplation calme et poétique. On revient ensuite à des impressions plus terrestres avec un troisième mouvement enjoué et allègre, dont le léger déhanchement évoque l’enivrement des danseurs après avoir bu quelques rasades… de Porto ! L’orage est le moment le plus mémorable de la Symphonie : l’atmosphère est chargé d’électricité, le timbalier est dans une forme toute olympique, énergique à souhait, et la tension ne se relâche que lorsque les nuages s’éloignent, pour un dernier mouvement tonique, acmé d’une joie simple et naturelle…

Bravo l’OSP – et bravo surtout à ce jeune chef dont on entendra reparler assurément… tant ses dons sont éclatants !

 

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CRITIQUE, concert. PORTO, Casa da Musica, le 10 mai 2024. WEBER / BEETHOVEN. Orchestre Symphonique de Porto – Casa da Musica, Rui Lopes (basson), Kerem Hasan (direction). Photos (c) Emmanuel Andrieu.

 

VIDEO : Kerem Hasan dirige le finale de la Troisième Symphonie (dite “Héroïque”) de Ludwig van Beethoven à la tête de l’Orchestre Symphonique d’Innsbruck

 

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