dimanche 27 avril 2025

CRITIQUE, concert. PARIS, Opéra Garnier, le 9 mars 2025.  » Voice of Nature  » : THE ANTHROPOCENE. Renée Fleming (soprano), Howard Watkins (piano)

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Tout siècle connaît ses années d’incertitude. Le premier quart du 21ème siècle semble en proie à une série d’ondes de choc qui font frémir tous les domaines de l’humanité. Guerres, famines, catastrophes dévastatrices, rien ne semble épargner le quotidien. Et pourtant, dans ce ressac constant de questionnements gît le fragile espoir. C’est ce que semble nous apporter ce récital que Renée Fleming a conçu avec Yannick Nézet-Seguin durant la pandémie de la Covid-19. Mêlant à la fois des airs d’opéra, des mélodies, des « art songs » et de la chanson, Renée Fleming nous convie à un parcours planétaire avec la projection des sublimes images de la National Geographic Society créant un portrait émouvant de ce qui risque d’être perdu par la folie humaine. Des sommets de Yosemite, le Sequoia National Park, les déserts du Kalahari ou les profondeurs abyssales du Pacifique,… on est saisi par le silence du monde entre deux partitions que la soprano étasunienne ne manque pas de laisser flotter comme une question sans réponse. 

 

Mme Fleming excelle dans l’art de la Song étasunienne, dans les Mélodies de Maria Schneider ou la très belle mélodie de Kevin Puts. Cependant nous restons réservés sur l’interprétation de trois Mélodies de Reynaldo Hahn qui semblent un peu trop basses pour la tessiture de Renée Fleming, et tombent un peu à plat. Or Mme Fleming nous a conquis avec trois Mélodies d’Olivier Messiaen dont la difficulté technique n’est pas redire et dans les extraits des trop rares La Bohème de Leoncavallo et Adriana Lecouvreur de Cilea, deux bijoux incomparables. Le récital s’est parachevé avec trois Lieder de Richard Strauss qui nous a ravi par la beauté de chaque phrasé et la justesse des couleurs. 

Le pianiste Howard Watkins a été un allié de taille de Mme Fleming en apportant à chaque morceau un équilibre et une émotion significative. Nous avons particulièrement apprécié la justesse et l’impressionnante maîtrise technique de M. Watkins dans les Messiaen et les Strauss. 

Si d’aventure le siècle devait s’achever sous une pluie de feu, peut-être que la promesse que Renée Fleming a fait fleurir avec ce récital est, en paraphrasant la chanson de Burt Bacharach, élève de Martinu, ce dont le monde a besoin, de l’amour de la beauté simple qui peut se trouver partout, même dans l’inattendu.

 

 

 

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CRITIQUE, concert. PARIS, Opéra Garnier, le 9 mars 2025. VOICE OF NATURE : THE ANTHROPOCENE. Renée Fleming (soprano), Howard Watkins (piano). Crédit photo © Alice Blangero

 

VIDEO : Trailer du spectacle

 

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