samedi 18 janvier 2025

CRITIQUE, concert. MONTPELLIER, le 26 octobre 2024. RATNIECE / BRUCH / TCHAÏKOVSKI. Dorota Anderszewska (violon), Orchestre national Montpellier Occitanie, Ainārs Rubiķis (direction)

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Sabine Teulon-Lardic
Sabine Teulon-Lardic
Critique et Musicologue : l'un nourrit l'autre et vice versa ! Sabine a écrit une Thèse sur l'opéra-comique au XIXe siècle.

L’Orchestre national de Montpellier Occitanie célèbre Dorota Anderszewska, violon solo supersoliste depuis 20 ans. En sus de sa fonction de leader, l‘interprète se mesure chaque année à un concerto du répertoire. Elle choisit le Premier Concerto pour violon de Max Bruch, romantique à souhait, pour fêter cet anniversaire avec ses partenaires de la phalange, dirigée par Ainārs Rubiķis.

 

 

Les 20 ans de la violoniste super-soliste de l’Orchestre National de Montpellier Occitanie. Instrumentiste d’origine polonaise-hongroise, Dorota Anderszewska occupe ce poste à la proue de la phalange montpelliéraine depuis 2004, période où une présence féminine était encore rare pour une telle responsabilité. Selon la violoniste, sa juste responsabilité consiste à « être le pont entre le chef et l’orchestre (…) au service de la musique, c’est dans ce service que chacun trouve sa place ». « Le violon est le prolongement de l’âme qui chante » confie-t-elle. Le public de l’ONMO en fait l’expérience depuis deux décennies lorsque ses soli des œuvres symphoniques de R. Strauss ou de G. Mahler résonnent avec expressivité et aplomb sous son archet. Ce soir, le public perçoit ce chant de l’âme dès le premier mouvement du 1er Concerto op.26 de Max Bruch. Quelques années plus tôt, le même ressenti survolait son interprétation du Concerto de Sibelius ou sa dévorante énergie dans le 1er Concerto de Prokofiev. Dès les phrases ondulantes de la Cadenza d’introduction de Bruch, l’auditeur est frappé par la plénitude du son, une sonorité qui s’étire sous son archet avant de s’entrelacer à celle des cors solistes. Dans l’Adagio central, son legato chaleureux contamine tous les pupitres avec abandon. Lorsque l’orchestre danse vigoureusement dans l’Allegro energico – quelle luxuriance symphonique ! – la soliste sur ses gardes se libère ensuite pour exalter la joie et la virtuosité. Sous les acclamations de l’auditoire, l’âme de la violoniste chante autrement dans le bis – l’Ave maria de Gounod, transcrit pour violon et harpe. Sa pure voix s’élève sobrement, enrobée par de solides arpèges de harpe (Isabelle Toutain).

Encadrant cette émouvante prestation, une œuvre de notre temps et une fantaisie de Piotr Ilitch Tchaïkovski confèrent de l’épaisseur à la célébration. “Glittering Promenad” (Promenade scintillante) est l’œuvre captivante d’une compositrice lettone, Santa Ratniece (née en 1977). Le lyrisme introverti de la pièce fait cheminer de lentes nappes sonores, striées par de scintillantes ponctuations de percussions en métal et de célesta. Le chef letton fait respirer cette subtile matière qui semble sous l’influence de l’école spectrale (T. Murail). Et tandis que les intempéries automnales sévissent au dehors, l’auditoire fait l’expérience du cocon musical qu’est l’Opéra-Comédie. Si Mer calme et heureux voyage op. 27 de Félix Mendelssohn déroule ses méandres alternativement consonants et dissonants, La Tempête op.18 de Piotr Ilitch Tchaïkovski déchaîne, elle, la fougue romantique. Après des débuts instrumentalement hésitants, la houle shakespearienne envahit le plateau de l’orchestre sous la baguette inspirée d’Ainārs Rubiķis. Soulignons le somptueux choral cuivré (excellent pupitre de trombones et tuba). Certes, l’œuvre peut désarçonner par sa construction fragmentée et rhapsodique, typique de la musique à programme. Cependant, l’orchestration berliozienne unifie la « fantaisie symphonique » en faisant surgir des paysages imaginaires, tels celui marin de l’île de Prospero, tel le réveil d’amour du jeune couple, …

Si les auditeurs souhaitent prolonger les réjouissances des 20 saisons de Dorota Anderszewska à Montpellier, rendez-vous le 27 avril à l’Opéra-Comédie avec des œuvres de Pergolese, Haydn et Szokolay !

 

 

 

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CRITIQUE, concert. MONTPELLIER, le 26 octobre 2024. RATNIECE / BRUCH /TCHAÏKOVSKI. Dorota Anderszewska (violon), Orchestre national Montpellier Occitanie, Ainārs Rubiķis (direction).

 

VIDÉO : Dorota Andersweska interprète l’Ave Maria de Schubert (à l’Eglise St Roch de Montpellier)

 

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