samedi 7 décembre 2024

CRITIQUE CD. VIVALDI : Serenata a tre RV 690 (« Toureil », 1719) – Marie Lys, Abchordis, Andrea Buccarella (1 cd Naïve / Vivaldi Edition, vol 70).

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Serenata : le terme désigne immanquablement un événement en plein air sous une voûte céleste plutôt étoilée… donc le soir ; les flambeaux devant ajouter à la magie musicale d’un spectacle total.

 

L’occurrence est souvent circonstancielle ; pour un anniversaire, une fête, des noces… Des 8 Serenate signées Vivaldi, 3 nous sont parvenues ; la RV 690 «  Mio cor, povero cor »… dont il est question ici, a tre, célèbre le Marquis de Toureil, aristocrate français, résident à Venise de 1715 à 1726 ; proche du compositeur qui le désigna comme le parrain de son neveu Daniel (1717), fils de la sœur de Vivaldi, Cecilia. En décembre 1718, Toureil épouse par amour une jeune roturière, Maria Berti… leurs noces, tenues secrètes sont ici célébrées par la musique vivaldienne, probablement au printemps 1719, à Spinea dans la banlieue vénitienne où se retire le couple.

Le sujet – arcadien- exprime le caractère joyeux et apaisé d’une tendre bergerie où la nymphe Eurilia aime le beau berger Alcindoro, coureur désabusé qui ne souhaite surtout pas s’engager. Condidente et amie d’Eurilia, Nice dénonce pourtant le cynisme cruel du berger malgré la passion qui semble aveugler Eurilia. Après un stratagème bien ficelé, Eurilia trompe Alcindoro qui avoue ses sentiments sincères pour la belle nymphe astucieuse… et victorieuse.

La partition est particulièrement soignée ; Vivaldi reprenant à maintes reprises l’écriture des airs d’ Eurilia, au total 6, soulignant dans l’action, l’importance de la prima donna, créatrice du personnage (inconnue à ce jour).

Le raffinement de l’orchestration atteste de l’importance de cette célébration (quasi familiale pour Vivaldi) : 2 hautbois, cors de chasse, flûtes à bec, 1 basson…) – la Serenata fournit plus tard 2 airs pour les opéras à venir : « Nel suo carcere » pour Teuzzone, « Alla cacciadi un core spietato » pour Tito Manlio, deux ouvrages créés à Mantoue en 1719. Elégante, imagée, particulièrement expressive, l’écriture vivaldienne y atteint un raffinement et une densité poétique identique entre autres aux climats de l’Estate RV 315 (Quatre Stagione / Saisons). Chasse, références aux miracles de la nature et de la faune enchanteresse (le chant du rossignol présent allusivement dans l’air d’Alcindoro : « Nel suo carcere… » déjà cité / ou « Acque placide » pour le même Alcindoro dont le caractère instrumental et les couleurs rappellent La Primavera / Le Printemps des mêmes Quatre Stagione). 

Les interprètes relèvent les défis d’une partition qui dépasse son occurrence commémorative ; la tendresse et l’agilité sont l’apanage du superbe air d’Eurilia « Vorresti Lusingarmi » (juste avant le chœur final, assez long et développé de 4mn et qui manifeste la clairvoyance de la nymphe pourtant éprise), feu d’artifice vocal que le soprano tout aussi agile et clair de Marie Lys embrase dans la fluidité et la sincérité. Le geste détaillé et nerveux d’Andrea Buccarella, chef de l’ensemble Abchordis sait éviter l’artifice d’une partition de circonstance : l’approche se révèle bondissante, articulée,  fine et dramatique. Assurément un nouveau volet convaincant à placer au sein des réussites de l’intégrale Vivaldi toujours en cours chez Naïve (dont c’est le vol. 70). 

 

 

 

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CRITIQUE CD. VIVALDI : Serenata a tre RV 690 (« Toureil », 1719) – Marie Lys (Eurilia), Sophie Rennert (Nice), Anicio Zorzi G (Alcindoro) – Abchordis, Andrea Buccarella, direction ( 1 cd Naïve / Vivaldi Edition, vol 70) enregistré en juin 2022 (Suisse). 

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